Qu'il est doux et redoutable à la fois, pour un moine, en quête perpétuelle de Dieu afin d'être sauvé, de tenter d'analyser la prière dans l'expérience des moines coptes.
Me permettez-vous un retour dans le passé, l'évocation dé mon entrée au monastère Saint Bishoï du Wadi-Natroun if y a quelques décennies ? La scène des préparatifs du voyage se passe dans la cour du Patriarcat copte orthodoxe du CAIRE, à l'ombre de la majestueuse cathédrale Saint MARC; les personnages en place sont Sa Sainteté le Pape CHENOUDA III et Patriarche d'ALEXANDRIE, son chauffeur, le moine qui deviendra le Métropolite Abba MARCOS et votre humble serviteur.
" Surtout n'oublie rien, hâte-toi, nous devons être au monastère Saint BICHOÏ à 21 heures ".
Le ton amène de Sa Sainteté le Pape à l'adresse du chauffeur plisse de joie le visage de celui-ci qui connaît son maître.
Sa Sainteté le Pape supervise lui-même le chargement des liturgies, bibles, images pieuses. . . salades et. . . boîtes de chocolats dans le coffre de sa voiture et, dans un sourire, nous invite à prendre place. Nous nous engageons à grande vitesse sur la route cahoteuse qui mène à GUIZEH.
Sa Sainteté le Pape qui a l'oeil à tout, sans doute l'avez-vous déjà remarqué, invite le chauffeur à la prudence tout en surveillant le moindre chien fou ou groupe d' enfants rieurs susceptibles de passer sous nos roues.
Les Pyramides, sentinelles éternelles de lumière qui se détachent sur l' écran de la nuit déjà tombée, libératrices, nous ouvrent la route du Désert.
Au chaos et à la pollution succèdent le silence presque palpable, l'air enivrant du Désert. La voiture ne roule pas mais semble glisser sur le long ruban d'un no man' s land absolu.
Telles des flèches qui atteignent au plus profond de l'âme, les paroles de Sa Sainteté le Pape font écho dans le silence du Désert qui nous définit l'essence même de l'attitude monastique non pas abstraitement mais d'une manière vécue expérimentale, l'attitude contemplative qui est enracinement en Dieu.
Et de même que Saint Antoine le Grand,le père de tous les moines, se livrait alternativement au travail manuel et à la prière, Sa Sainteté le Pape CHENOUDA III, tout en nous préparant et offrant Tameya et Karkadé , les nourritures terrestres, prie, nous bénit et nous convainct que " les Saintes Ecritures Suffisent à notre enseignement ", l' évangile est assimilation vivante avant d' être référence livresque, c' est en y modelant sa conduite que le moine se compromet pour le Christ.
Une lumière à l'horizon nous indique le Rest-House, kilomètre 100 équidistant entre LE CAIRE et ALEXANDRIE.
La voiture bifurque à gauche au village de WADI-NATROUN puis s'engage sur une piste bordée d'eucalyptus et de tamaris au bout de laquelle émerge le clocher de l'enceinte du monastère Saint BICHOÏ.
Nous descendons de voiture à un jet de pierre de la minuscule porte située au nord du monastère; le chauffeur frappe dans ses mains comme s' il applaudissait.
Le loquet est tiré et aussitôt refermé. Exclamation du moine gardien: c'est le Pape!
Une minute d'attente qui semble une éternité. Bruit étouffé de pas et froissement de tissu; la cloche du Paradis des moines sonne; la porte s' ouvre laissant sortir du monastère une théorie de moines qui l'un après l'autre se prosternent et baisent la main du Pape qui les bénit et leur distribue un chocolat.
Cette nuit-là, en voyant les moines abîmés, confondus dans leur métanie, humbles formes noires dans la clarté crépusculaire du Désert, j'ai perçu ce que signifie " chercher son salut ", " être sauvé ", c'est-à-dire plaire à Dieu, Dieu trouvant sa joie à l'oeuvre de notre salut.
Cette nuit-là, j'ai compris que le salut commence par la distanciation envers soi-même et s'accomplit dans la prière, l'appel au Christ, l'invocation du nom Sauveur, l'effort continu de présence à Dieu dans la cellule du moine puis, hors de la cellule, dans le monde.
Cette nuit-là, j'entrai au monastère.
Le monastère Deir Abba BICHOI :
Le monastère Deir Abba BICHOI est le plus grand des quatre monastères qui existent maintenant à WADI-NATROUN dans le désert de SCETE.
Les trois autres s'appellent Deir ES SURIANI, monastère de la Vierge ou monastère des Syriens ; Deir EL BARAMOUS ou monastère des Romains; Deir ABOU MAKAR ou monastère Saint MACAIRE.
Le WADI- NATROUN ou Vallée du Sel forme une dépression assez vaste dans le désert lybique qui borde immédiatement la branche occidentale du Delta, à mi-chemin, comme nous l'avons vu, entre LE CAIRE et ALEXANDRIE.
Ce monastère fut fondé au début du IVè siècle " six ans avant la mort de Macaire le Grand " par Abba BICHOI qui s'était retiré avec d'autres solitaires au désert pour y mener une vie de pénitence et d'oraison.
A cette époque le Wadi-Natroun n'était qu'une région aride parmi les lacs salins producteurs de nitre.
Le monastère Deir Abba BICHOI a subi maintes destructions et des restaurations qui prouvent l'ardente volonté de maintenir dans ce coin du désert la vie monastique telle qu'elle a été conçue par les premiers ermites coptes.
Sous l'impulsion de Sa Sainteté le Pape CHENOUDA III, de très importants travaux de restauration, de rénovation et d'agrandissement du monastère ont été entrepris: constructions de cellules traditionnelles, c'est-à-dire à voûtes et composées de deux petites pièces, d'une hostellerie, d'une maison de retraite spirituelle pour pèlerins et étudiants, d'une bibliothèque, d'ateliers de menuiserie, d'une cathédrale, d'un mur d'enceinte qui relie le monastère au Deir ES SURIANI, et grâce à la découverte d'une nappe d'eau importante, d'un système d'irrigation permettant en plein désert la culture d' arbres fruitiers et de légumes.
Aujourd'hui le monastère Deir ABBA BICHOI compte une centaine de moines, jeunes pour la plupart, tous ou à peu près gens cultivés, souvent pourvus de titres universitaires, issus des familles bourgeoises ou des classes libérales de la société copte qui consacrent une place importante à l'étude à côté des austérités traditionnelles.
De nos jours comme autrefois, la règle des moines du monastère Deir ABBA BICHOI est un mode de vie entre l'anachorétisme de Saint ANTOINE (251-356) et la vie communautaire établie par Saint PACÔME et mise en pratique par Saint MACAlRE dans le désert de SCETE.
Les moines mènent donc une vie semi-érémitique, c'est-à-dire qu'ils vivent isolés en cellules, se réunissant à la fin de la semaine pour les offices du dimanche.
La journée du moine se partage entre le jeûne, la prière, le travail manuel et l'étude des livres saints. Il se lève avant quatre heures du matin pour l'office de l' encens et la divine liturgie.
Le moine porte une soutane de laine noire et une ceinture de cuir et la cuculle, sorte de capuchon noir orné de croix brodées.
La nourriture est simple et frugale, le moins possible de viande et de laitage.
Dans sa cellule, le moine est maître de son temps, de son occupation, de sa nourriture.
Il jouit d'une grande liberté qui lui permet d'exercer son esprit d'initiative.
Les uns travaillent manuellement, surveillent les travaux d'irrigation et les cultures, d'autres lisent, recopient des manuscrits, écrivent, enseignent, peignent des icônes.
Le père spirituel est la règle vivante du monastère, il doit être capable de découvrir la voie personnelle des moines et de discerner les desseins de Dieu pour chacun.
La prière, don du Saint Esprit :
Pour entrer dans la vie monastique, il suffit seulement d'aimer Dieu, d'obéir à son supérieur et de vouloir faire son salut.
Au cours d'un colloque au monastère Saint BICHOI, qui regroupait 14 Eglises orthodoxes byzantines et orientales, membres du Conseil OEcuménique des Eglises ainsi que plusieurs observateurs d'autres Eglises, il fut demandé à un moine à quels critères d'admission obéissait l'entrée de quelqu'un dans la vie monastique.
Voici sa réponse: " Dans la vie profane, j'étais ingénieur, un jour j'ai senti l'appel de Dieu, j'ai tout laissé, travail, famille, maison, et suis entré au monastère ".
Puis il s'est levé, prêt à retourner dans sa cellule.
Le président du Conseil OEcuménique, qui voulait en savoir plus, l'ayant retenu, le moine, alors, la tête baissée, en souriant a ajouté: " C'est très simple, il suffit de savoir prier. Et sait vraiment prier celui dont la prière est exaucée parce qu'elle est agréable à Dieu ".
La chose essentielle que le chrétien doit demander dans la prière avec la certitude d'être exaucé est le Saint Esprit (cf. Luc II.13).
Esprit qui permet de discerner quelle est la volonté de Dieu sur soi et sur les autres et de la distinguer des appétits individualistes et de la propre volonté.
Pour être admis parmi les moines, le postulant doit avoir vécu au moins une rencontre avec Dieu.
Le rôle du père spirituel se réduit à aider le novice à découvrir sa place devant la face de Dieu, de trouver sa voie spirituelle, d'attacher le moine au Seigneur.
Soucieux de l'attachement exclusif du frère à Dieu, le père spirituel n'admet pas d'attachement à sa propre personne.
Il doit sans cesse vivre dans l'Esprit et se renouveler dans l'Esprit, ce n'est pas le père spirituel qui introduit ses fils dans l'intimité de Dieu, mais seul l'Esprit.
Saint ANTOINE le Grand, le père de tous les moines :
Saint ANTOINE est le premier à appliquer strictement les préceptes de l'Evangile.
Il part pour le Désert et sa vie ne sera qu'un long pèlerinage dans un désert de plus en plus intérieur.
Vivre au désert, à l'image de MOISE, ELIE, Saint JEAN-BAPTISTE, c'était revivre les grand moments de la Bible, dans ce lieu privilégié de la recherche de Dieu, de la rencontre avec Dieu.
Pour se préparer à sa mission, le Christ ne s' est-il pas laissé conduire au Désert par l'Esprit Saint pour une longue période de 40 jours et de 40 nuits ?
Le moine ira donc chercher, ici-bas, sur ce terrain d' élection particulière qu'est le désert qui porte naturellement au dénuement et à la contemplation - à vivre l'Evangile, passer de ce monde vain et mauvais au royaume d'éternité.
Aujourd'hui comme hier le propre du moine est de fuir le monde, par sa prière il veut avant tout se sauver et sauver des milliers de personnes. Etre moine c'est renoncer à tout attachement (Gal. VI, 14) à toute souillure du monde (Cor. VII, 1), c'est vivre dans l'humilité (Phil. II, 6-8), prier sans cesse (Thes. V, 17), combattre les forces du mal, vivre dans l'esprit des Apophtegmes, ces sentences dont la densité et la limpidité non exemptes d'humour ont valeur d'oracles: " Le signe distinctif du moine apparaît dans les tentations " (Abba POËMEN), " Ce qui chasse les démons, ce ne sont ni les jeûnes, ni les veilles, ni l'ascèse, mais la véritable humilité " (Amma THEODORA), " Pourquoi es-tu venu te faire moine ? N'est-ce pas pour supporter l'épreuve ? " (Abba THEODORE de PHEME). " Si le moine se retire au désert, ce n'est pas pour vivre une vie intérieure exempte de toute tribulation, mais c'est bien, poussé qu'il est par l'Esprit Saint, pour être mis à l'épreuve par le diable et pour le vaincre à jamais en lui, afin de recevoir pleinement son Dieu " (cf. CASSIEN, Institutions cénobitiques IV, 38).
C'est dans la retraite du désert intérieur que Saint ANTOINE connaît l'amour. Tel est le fruit du désert: l'amour.
" Désormais, je ne crains plus Dieu, mais je l'aime, car l'amour chasse la crainte ".
" Il était là chaque jour, martyr par la conscience et athlète des luttes de la foi " , " Il séjournait donc seul à la montagne intérieure vaquant à la prière et à l'ascèse ".
Atteindre la pureté du Ca!ur et de l'esprit tel est l'enseignement de Saint ANTOINE à ceux qui veulent " disposer l'âme " à entendre la voix de Dieu et à se laisser mouvoir par l'Esprit.
" Qu'est d'autre le moine, sinon quelqu'un qui cherche à vivre seul avec Dieu, et à lui parler nuit et jour " , " La prière est l'épouse du moine " " avec laquelle il doit faire un seul être... se permettre aucune infidélité ".
La prière doit être authentique.
" Beaucoup d'hommes, en priant, ne prient pas " disait l'abbé IRENEE, " soit parce que leur coeur et leur vie ne sont pas harmonisés à la prière, soit parce qu'ils manquent d'ardeur dans la prière ".
La prière doit être persévérante.
" Si tu n'as pas encore reçu le charisme de l'oraison et de la psalmodie ", disait EVAGRE, " obstine-toi et tu le recevras ".
" La prière des Pères du Désert empreinte d'humilité et de charité, exprimée avec ardeur, obtenait des grâces étonnantes pour les vivants et les morts ". " En outre, le commerce fréquent ou même incessant avec Dieu, donnait à quelques-uns des Pères - tels PAMBO, SYLVAIN et SlSCES - un visage aussi éclatant de gloire que celui de MOÏSE après ses entretiens avec Dieu sur le Sinaï " (18) (cf. Ex. 34,35).
L'attitude de prière :
Abba MACAIRE interrogé sur la manière de prier répondit: "Il n'est pas nécessaire de beaucoup parler dans la prière, mais étendons les mains et disons : Seigneur aie pitié de moi, comme tu veux et comme tu le sais. Quand ton âme est en difficulté, dis: Hâte-toi de me secourir. Et Dieu fait miséricorde, car il sait ce qui nous convient ".
Dans la position de prière dans l'Eglise primitive: les bras sont ouverts, les paumes et le regard levés, cette attitude rappelle la position du Christ en croix et l' importance du geste dans la liturgie.
A chaque prostration, nous dit un nouveau Père du Désert, il est bon de baiser la croix au prix de laquelle nous avons été sauvés.
La prière commence au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit car c'est lui le Dieu unique qui doit être adoré. Vient ensuite la doxologie, la glorification de la Sainte Trinité.
La prière du coeur:
C'est dans les milieux monastiques coptes qu'est attestée le plus anciennement la pratique de " la prière du coeur " ou " prière de Jésus ".
Saint MACAIRE le Grand explique bien que dans ce monde de prière le lieu par excellence de la grâce contemplative est le coeur.
" Le coeur, en effet, est le maître et le roi de tout l'organisme corporel, et lorsque la grâce s'empare des pâturages du coeur, elle règne sur' tous les membres et toutes les pensées ; car là est l'intelligence, là se trouvent toutes les pensées de l'âme et c'est là qu'elle attend le bien. Voilà pourquoi la grâce pénètre dans tous les membres du corps ".
EVAGRE le Pontique ( +399), disciple de Saint MACAIRE tenta d'intégrer cette démarche de prière dans un système métaphysique dont elle ne se départirait plus.
Au Vè siècle, DIADOQUE de PHOTICE contribua rapidement à faire connaître et apprécier la prière du coeur dans tout l'Orient byzantin, et Saint JEAN CLIMAQUE higoumène du monastère de Sainte Catherine du Mont Sinaï (vers 580-650) fut le champion de l'hésychasme.
L 'hésychia c'est la quiétude divine, la sainte impassibilité, la prière continuelle rythmée sur les battements du coeur, sur la respiration.
Le moine hésychaste peut dire: " Mon coeur est affermi " (Ps. L VII ; 8) , " Je dors, mais mon coeur veille " (Cant. V; 2), il n'a d'autre occupation, ni méditation que le cri " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu,aie pitié de moi ".
Le coeur est le siège de la pensée et l'endroit le plus favorable à la communion mystique. " L'hésychie c'est de rechercher le Seigneur dans son coeur c'est-à-dire de garder son coeur dans la prière et se retrouver constamment à l'intérieur de ce dernier ".
La prière des heures - horologion :
La règle des 7 heures canoniques de prière fixée par l'Eglise trouve son propre fondement spirituel dans le commandement du Seigneur de " prier toujours et inlassablement " (Luc 18.1).
Ainsi afin que la journée entière soit remplie par la prière, l'Eglise a divisé les douze heures du jour en six parties et a fixé pour chacune d'elles une prière adaptée qui se compose de la psalmodie, d'un passage des Ecritures et d'une oraison.
En outre une prière au coeur de la nuit a été ajoutée qui se subdivise en trois parties de façon à couvrir le cours entier de la nuit. De cette façon, grâce aux sept heures canoniques, la réalisation du précepte du Christ sur la prière continuelle a été rendue possible.
Ainsi les sept heures du jour, qui s' achèvent par la prière au coeur de la nuit, continuent à témoigner de la vigilance en l' attente du retour du Christ.
" Maintenant si tu es conscient que la vigilance du coeur et la sanctification de tous les instants de la journée constituent la base de la discipline de la prière, tu peux aussi adopter ces normes à ton rythme de travail quotidien, surtout si tes conditions de travail ne te consentent presque jamais d'observer la pratique des sept moments de prière quotidiens ".
Voir son péché :
" L'authentique homme de prière, non seulement porte dans son coeur ses frères et les présente à Dieu, mais encore il porte Dieu à ses frères et à tous les hommes, avant tout aux pécheurs. Pécheur qui a obtenu de Dieu le don de voir ses propres péchés, l 'homme de prière sait voir dans l'autre l'image de Dieu que chacun porte en soi et sait la faire émerger au-dessus du péché qui la souille.
Prier c'est invoquer l'Esprit, Esprit qui nous convainc du péché et Esprit consolateur (cf. Jean 16.8,7). Prier c'est obtenir le don du rétablissement de notre condition de fils qui crie: " Abba, Père " . Comme les anciens dans leur vie de prière, les nouveaux Pères du Désert de Scété disent aujourd'hui: " Pourquoi donc certains ont des révélations et voient les anges ?
Bienheureux plutôt celui qui voit son péché ".
Il est permis d'espérer que de nouveaux disciples des Pères du Désert se lèveront parmi les fils de l'Egypte de demain comme au temps de PAUL de THEBES, d'ANTOINE le Grand, de PACOME, de MACAIRE, de SHENOUDA, de BICHOl : ces communautés d'hommes continueront à témoigner de la transcendance de Dieu.
Demain comme aujourd'hui les prières et les pénitences de ces âmes contemplatives continueront à profiter à l'Eglise tout entière et à s'étendre à tout l'univers.