L'esprit du mal nous trompe habilement

 

1. Le Seigneur nous dit dans ses enseignements : Vous êtes le sel de toute la terre"(Mt 5, 13). Il veut que nous soyons simples, vraiment très simples, mais en même temps prudents. Alors, frères très aimés, c'est un devoir pour nous de prévoir ce qui va arriver, n'est-ce pas ? Est-ce que notre coeur ne doit pas être bien éveillé et attentif pour comprendre les tromperies habiles de l'esprit du mal et les éviter ? Sinon, nous qui avons revêtu le Christ (Ga 3, 27), lui, la Sagesse de Dieu le Père (1 Co 1, 24), nous aurons l'air de manquer de sagesse quand nous défendrons notre vie de chrétien. Ceux qui servent Dieu ne doivent pas avoir peur uniquement de la persécution ou des attaques qui veulent les faire tomber et les perdre : celles-ci sont faciles à voir. Et quand on voit clairement l'ennemi, il est plus facile de se défendre et de préparer son coeur au combat. Mais, bien davantage, on doit avoir peur et se méfier d'un ennemi qui arrive sans faire de bruit, qui montre une fausse paix et se glisse en secret. C'est pourquoi on lui donne le nom de "serpent". Voici sa façon à lui de nous prendre au piège : il agit dans la nuit, il ment et, ainsi, il trompe habilement les êtres humains. En effet, au commencement du monde, le serpent a séduit et trompé par des mensonges des êtres humains naïfs et tout neufs qui ne se méfiaient de rien (Gn 3). De la même façon, il a essayé de tromper le Seigneur lui-même. Il est venu tout près de lui en se cachant pour essayer de le tromper, mais le Seigneur3 a vu sa manière de faire. L'esprit du mal a été vaincu parce que le Seigneur l'a vu et reconnu.

Suivez le Christ et vous serez sauvés

2. Pour nous, c'est un exemple qui veut nous faire comprendre que nous devons quitter le chemin de notre vie passée (Éph 4, 22) et marcher sur les traces du Christ vainqueur. Oui, si nous ne sommes pas prudents, nous nous laisserons prendre dans 3 Quand Cyprien dit : le Seigneur, il parle du Seigneur Jésus, sauf au chapitre 11. les pièges de la mort. Mais si nous faisons attention au danger, nous recevrons la joie de vivre avec Dieu pour toujours. Est-ce qu'on peut obtenir la vie pour toujours, sans obéir aux commandements du Christ ? Non. En effet, c'est par les commandements que nous attaquons la mort et que nous remportons la victoire sur elle. Voici exactement ce que le Christ dit : Si tu veux vivre avec Dieu, obéis aux commandements" (Mt 19, 17). Et encore : Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je commande. Je ne vous appelle plus serviteurs (Jn 15, 14-15). Ceux qui agissent ainsi, le Christ les appelle : gens forts, solides comme des maisons construites sur de la pierre. Dans la tempête et le grand vent des soucis de ce monde, ils restent debout, absolument rien ne peut les faire bouger. Ils ne reculent pas, et on ne peut pas les faire tomber. Le Christ dit : Celui qui écoute toutes ces paroles et fait ce que je dis, celui-là ressemble à un sage. Le sage construit sa maison sur la pierre. La pluie tombe, les rivières débordent, les vents soufflent très fort contre la maison. Mais la maison ne tombe pas, parce qu'on a posé ses fondations sur de la pierre (Mt 7, 24- 25). Nous devons donc obéir aux paroles du Seigneur, apprendre et faire tout ce que lui-même a fait et enseigné. Est-ce qu'on peut dire : « Je crois au Christ », quand on n'obéit pas aux ordres du Christ ? Est-ce qu'on peut recevoir la récompense promise au croyant, quand on refuse d'observer fidèlement les commandements du Christ ? Forcément, on marche alors toujours de travers et on perd sa route. On se laisse emporter par des enseignements faux, comme la poussière soulevée par le vent. Si on ne garde pas solidement la vérité qui sauve, on peut marcher, mais on n'arrive pas jusqu'au Christ Sauveur.

L'esprit du mal sème la division parmi les chrétiens

3. Faisons attention aux dangers bien visibles, mais aussi aux tromperies très habiles et au mensonge. Il n'y a pas de tromperie plus grande que celle de l'esprit du mal, notre ennemi. Cette tromperie, le Christ l'a découverte et l'a vaincue quand il est venu chez nous. Sa lumière a éclairé le monde entier, sa clarté très douce a brillé pour sauver tous les êtres humains. Alors les sourds ont ouvert leurs oreilles au don de l'Esprit, les aveugles ont tourné leurs yeux vers Dieu, les malades ont retrouvé leurs forces grâce à celui qui est la Santé éternelle. Les boiteux ont couru vers l'Église, les muets ont prié à voix haute et claire (Mt 11, 5). Quand l'esprit du mal a vu ses faux dieux abandonnés, ses maisons et ses lieux de prière devenir vides comme le désert, parce que la foule des croyants était très nombreuse, alors, il a inventé un nouveau mensonge. Il s'est caché sous le nom de "chrétien" pour mieux tromper ceux qui ne sont pas prudents. Il a imaginé des enseignements faux et des divisions pour faire tomber les croyants, pour abîmer la vérité et déchirer l'unité. Il voit qu'il ne peut plus retenir les gens sur l'ancien chemin où ils marchaient comme des aveugles. Alors il cherche une façon de les tromper : il les entraîne sur un nouveau chemin d'erreur, il les arrache à l'Église elle même. Ces chrétiens croient donc qu'ils sont près de la lumière et qu'ils échappent à la nuit de ce monde. Mais l'esprit du mal les entraîne de nouveau dans une nuit encore plus noire que la première, et ils ne s'en aperçoivent même pas. Ils ne sont plus fidèles à la Bonne Nouvelle du Christ, à ses commandements et à sa loi. Pourtant ils se disent chrétiens. Ils marchent dans l'obscurité de la nuit, et pourtant ils croient posséder la lumière. L'Ennemi4 leur fait des compliments et leur dit des mensonges : selon la parole de l'Apôtre Paul, il se montre comme un ange de lumière (2 Co 11, 14). Il leur envoie ses serviteurs à lui, comme s'ils étaient des serviteurs fidèles à Dieu. Mais ceux-ci appellent jour ce qui est nuit, ils appellent vie ce qui fait mourir, ils appellent espérance ce qui conduit au désespoir, ils appellent foi ce qui est absence de foi. Enfin, ils appellent Christ ce qui s'oppose au Christ (voir 1 Jn 4,3 ; 2 Jn 7). Tout cela, ce sont des mensonges qui ont l'air d'être la vérité. Frères très aimés, ces choses là arrivent quand on ne voit pas d'où vient la vérité, quand on ne cherche pas sa source, et quand on n'observe pas l'enseignement du Maître du ciel.

L'évêque est la source de l'unité

4. Si on examine, si on étudie ce que nous venons de dire, nous n'avons besoin ni d'un long discours, ni de preuves. La foi s'explique facilement, parce que le chemin de la vérité est court. Le Seigneur dit à Pierre : Moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je construirai mon Église. Et la puissance de la mort ne pourra rien contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux. Ce que tu interdiras sur la terre sera interdit dans les cieux, ce que tu permettras sur la terre sera permis dans les cieux (Mt 16, 18-19). Quand 4 L'Ennemi, c'est l'esprit du mal. le Christ s'est réveillé de la mort5, il dit à Pierre : Prends soin de mes moutons (Jn 21, 17). Et il construit son Église sur lui, il lui confie le soin d'être berger des moutons. Pourtant, il a donné à tous les apôtres un pouvoir égal ; mais il a établi un seul responsable. Par l'autorité de sa parole, le Seigneur a organisé l'unité, il a montré d'où elle vient et la façon de la vivre. Bien sûr, les autres apôtres étaient ce que Pierre était, mais Pierre est choisi pour être le premier parmi les autres. Ainsi, on voit qu'il y a une seule Église, un seul responsable. Oui, tous les apôtres sont bergers, mais il n'y a qu'un seul troupeau, et tous en prennent soin en étant totalement d'accord entre eux. Celui qui ne reste pas attaché à cette unité de Pierre, est-ce qu'il peut croire qu'il reste attaché à la foi ? Celui qui abandonne le siège de Pierre6, lui sur qui l'Église est construite, est-ce qu'il peut affirmer : « Moi, je suis dans l'Église » ?

Les évêques doivent rester unis

5. La charge des évêques est une. Chaque évêque en reçoit une part, pourtant, tous l'ont tout entière. Il y a une seule Église, elle donne naissance à des baptisés dans le monde entier, et le nombre des chrétiens grandit sans cesse. Prenons des comparaisons. Le soleil envoie de nombreux rayons, mais la source de la lumière est unique. L'arbre se divise en beaucoup de branches, mais il a un tronc unique et fort, planté sur des racines solides. Il y a de nombreux ruisseaux, mais ils coulent d'une seule source... Essayez de séparer du soleil un de ses rayons, c'est impossible ! Arrachez à un arbre une de ses branches, la branche cassée ne donne plus de feuilles. Coupez un ruisseau de sa source, il n'y a plus d'eau dans ce ruisseau. C'est la même chose pour l'Église : éclairée par la lumière du Seigneur, elle envoie ses rayons dans le monde entier, mais c'est une seule lumière qui éclaire tout. Le corps de l'Église est un, il ne se divise pas. L'Église étend sur toute la terre ses branches pleines de vie. Son eau très abondante coule partout, pourtant, il y a une seule source et une seule origine. Il y a une seule mère qui met au monde de nombreux enfants, chaque fois qu'il y a de nouveaux baptisés. L'Église qui nous donne la nouvelle naissance, nous nourrit de son lait7 1, nous fait vivre par son esprit. 5 À partir d'ici, Cyprien a changé plus tard la fin de ce chapitre. Voir le Supplément. 6 Le Siège de Pierre désigne l'Église de Rome. 7 Ce lait, c'est l'enseignement de l'Église et les sacrements.

L'Église est épouse du Christ et mère des chrétiens

6. L'Église, épouse du Christ, ne peut pas être adultère8. On ne peut pas la corrompre, elle reste fidèle. Elle connaît une seule maison, elle s'unit uniquement au Christ. Elle nous garde pour Dieu, elle met au monde des enfants pour son Royaume. Le chrétien qui se sépare de l'Église s'unit à une femme adultère, il ne pourra pas obtenir ce que l'Église promet. Celui qui abandonne l'Église du Christ ne recevra pas les récompenses du Christ. C'est un étranger, un adversaire et un ennemi. On ne peut pas avoir Dieu pour Père quand on n'a pas l'Église pour mère. Personne n'a pu se sauver en dehors du bateau de Noé9. De la même façon, personne ne peut se sauver en dehors de l'Église. Voici ce que le Seigneur dit : Celui qui n'est pas avec moi est contre moi. Celui qui ne m'aide pas à rassembler le troupeau, celui-là le fait partir de tous les côtés. (Mt 12, 30). Celui qui ne garde pas un seul coeur avec le Christ et ne reste pas dans sa paix, celuilà agit contre le Christ. Celui qui rassemble son troupeau à lui en dehors de l'Église, celui-là sème la division dans l'Église du Christ. Le Seigneur dit encore : Mon Père et moi nous sommes un (Jn 10, 30). D'ailleurs, à propos du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, on lit : Et les Trois sont un (1 Jn 5, 7). L'unité de l'Église vient de cette unité en Dieu, et elle est liée au mystère du ciel10. Si on croit cela, est-ce qu'on peut la diviser, la déchirer par des disputes ? Celui qui ne respecte pas l'unité de l'Église, ne respecte pas non plus la loi de Dieu, ni la foi au Père et au Fils. Il ne garde pas la vie de Dieu en lui, il ne peut pas être sauvé.

L'unité ressemble au vêtement sans couture du Christ

7. Dans la Bonne Nouvelle, il y a une image du mystère de cette unité, du lien de cette entente qui doit être parfait : c'est le vêtement sans couture de notre Seigneur Jésus Christ. Il n'est pas divisé ni déchiré, mais on le tire au sort pour savoir qui portera ce vêtement du Christ. Ce vêtement, on le reçoit tout entier, on le possède sans qu'il soit abîmé ou coupé. En effet, on lit dans les Livres Saints : Les 8 Voir 2 Co 11, 2 ; Éph 5, 23 et 26 ; Apo 19, 7 ; 21, 2-9. À partir de ces textes, on a comparé le Christ à l'époux et l'Église à l'épouse. 9 Voir Gn 7, 1 et suivants. Le bateau de Noé est une image de l'Église. 10 Le mystère du ciel, c'est le mystère de Dieu : Père, Fils et Esprit Saint. Les soldats prennent aussi le grand vêtement de Jésus. C'est un vêtement sans couture, il est tissé d'un seul morceau de haut en bas. Ils se disent entre eux : Ne le déchirons pas, mais jetons les dés pour savoir qui aura ce vêtement (Jn 19, 23). Ce vêtement, c'est l'image de l'unité qui vient d'en haut, c'est-à-dire du ciel et du Père. Celui qui reçoit cette unité et la possède ne peut pas la déchirer, mais il l'obtient tout entière, une fois pour toutes, solidement. Celui qui déchire et divise l'Église ne peut pas posséder le vêtement du Christ. Au contraire, à la mort de Salomon, son royaume et son peuple ont été déchirés. Le prophète Achias rencontre dans la campagne le roi Jéroboam, il déchire son vêtement en douze morceaux et dit à Jéroboam : Prends pour toi dix morceaux. En effet, le Seigneur dit : Voici que je vais arracher le royaume des mains de Salomon et je te donnerai dix parts du royaume. Deux parts resteront à Salomon, à cause de David, mon serviteur, et à cause de Jérusalem, la ville que j'ai choisie pour montrer ma présence parmi vous (1 R 11, 31-32). C'est parce qu'Israël a été divisé en douze tribus, que le prophète Achias déchire son manteau en douze morceaux. Mais le peuple du Christ ne peut pas être déchiré. Le vêtement du Christ, tissé d'un seul morceau et sans couture, ne peut pas être divisé par ceux qui le possèdent. Il est un, d'un seul morceau, d'un seul tissu. Il représente l'unité et l'entente de notre peuple, à nous qui avons le Christ pour vêtement (voir Ga 3, 27).

Par le mystère de ce vêtement et par ce signe, le Christ montre l'unité de l'Église.

8. Comment penser qu'on peut déchirer l'unité de Dieu, le vêtement du Seigneur, l'Église du Christ ? Comment peut-on même oser le faire ? Est-ce que quelqu'un peut être assez méchant et menteur, assez violent dans sa colère et sa dispute pour agir ainsi ? Il n'y a qu'une seule maison de Dieu, l'Église du Christ Dans la Bonne Nouvelle, le Seigneur nous avertit et nous enseigne par ces paroles : Il y aura un seul troupeau et un seul berger (Jn 10, 16). Est-ce qu'il peut y avoir dans un seul endroit plusieurs troupeaux ou plusieurs bergers ? Peut-on le penser ? L'apôtre Paul dit la même chose avec beaucoup de force : Frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, je vous le demande : soyez d'accord, ne vous divisez pas ! Soyez très unis, ayez un même esprit et une même pensée" (1 Co 1, 10). Et encore : Supportez-vous les uns les autres avec amour. Cherchez toujours à rester d'accord. C'est l'Esprit qui unit en donnant la paix" (Éph 4, 2-3). Quand tu abandonnes l'Église en t'éloignant d'elle, pour faire ailleurs ta petite église, est-ce que tu crois que tu vas pouvoir rester debout et vivre encore ?... Dans le livre de l'Exode, l'agneau de la Pâque mangé dans la même maison est l'image du Christ, notre Agneau pascal, mort sur la croix. Dieu dit : Il faut manger l'agneau de la pâque dans une seule maison, il ne faut rien en jeter dehors (Ex 12, 42). Le corps du Christ, ce don très saint du Seigneur, ne peut pas être jeté dehors. Pour les chrétiens, il n'y a pas d'autre maison que l'Église une. L'Esprit Saint nous montre cette maison, ce lieu où tous ont un seul coeur, quand il dit dans le livre des Psaumes : Dieu fait habiter dans la maison des coeurs étroitement unis (Ps 67/68, 7)11. Dans la maison de Dieu, dans l'Église du Christ, les chrétiens habitent avec un seul coeur : là ils vivent tous ensemble, bien d'accord et dans la simplicité.

Imitez la simplicité de la colombe

9. L'Esprit Saint est descendu sur Jésus comme une colombe (Mt 3, 16). La colombe est un oiseau simple et gai, il n'y a rien de triste en elle, elle ne mord pas, elle n'a pas de griffes. La colombe aime habiter près des gens, elle reste toujours près de la même maison. Quand le père et la mère ont des petits, ils les élèvent ensemble. Ils volent aile contre aile. Ils mènent une vie très unie, ils frottent leur bec l'un contre l'autre pour montrer qu'ils sont unis et en paix. Oui, pour toutes choses, ils vivent la loi de l'accord parfait. Dans l'Église nous devons montrer la même simplicité, avoir le même amour. Il faut nous aimer comme des frères, à l'exemple de la colombe. Il faut être doux comme des agneaux et des moutons. Certains chrétiens sont comme des loups méchants, des chiens enragés, des serpents au poison dangereux. Ils sont cruels comme des bêtes sauvages. Est-ce que tout cela doit exister dans le coeur d'un chrétien ? Quand ces gens-là quittent l'Église, c'est une chance pour le peuple de Dieu. En effet, ils ne pourront pas attaquer par leurs mauvais sentiments et leurs poisons les colombes et les moutons du Christ. Ce qui est amer ne peut aller avec la douceur ou s'unir à elle. L'ombre ne peut pas exister en même temps que la lumière, la pluie avec le beau temps, la guerre avec la paix,... la sécheresse avec les sources d'eau, la tempête avec le calme. Ne croyez pas que les personnes vraiment bonnes peuvent se séparer de l'Église. Le vent n'arrache pas le bon grain et la tempête n'arrache pas un 11 Cyprien cite les Psaumes d'après la traduction grecque et latine, un peu différente de l'hébreu. arbre aux racines solides. Mais elle emporte la paille légère, et la tornade fait tomber les arbres faibles. L'apôtre Jean maudit ces personnes-là, il les critique en disant : Ces gens-là ont quitté notre communauté, mais ils n'étaient pas nos frères. S'ils avaient été nos frères, ils seraient restés avec nous (1 Jn 2, 19).

Les divisions permettent de voir ceux qui sont vraiment fidèles

10. Voici comment les divisions naissent souvent, et même encore aujourd'hui : celui qui a l'esprit tordu ne respecte pas la paix, le menteur, ami de la dispute, ne reste pas attaché à l'unité. Tout cela, le Seigneur le supporte et le permet. En effet, il laisse à chacun le pouvoir de juger en toute liberté. De cette façon, on peut voir la valeur de nos coeurs et de nos pensées et, ainsi, on peut reconnaître clairement ceux qui ont une foi pure. Écoutons ce que l'Esprit Saint dit par la bouche de l'apôtre Paul : Il faut qu'il y ait des divisions parmi vous. Alors, on voit clairement ceux qui sont vraiment fidèles" (1 Co 11, 19). De cette façon, on reconnaît ceux qui croient vraiment et on découvre ceux qui ne croient pas. Ainsi, même avant le jour du jugement, dès maintenant, on peut connaître ceux qui sont fidèles à Dieu et ceux qui ne le sont pas, on peut séparer la paille du bon grain (voir Mt 3, 12). Voilà ce qui se passe avec ceux qui, d'eux-mêmes, sans aucun ordre de Dieu, se mettent à la tête de groupes remplis d'orgueil. Ces gens disent : « Nous sommes les chefs », mais personne ne les a ordonnés selon les lois de l'Église. Ils disent : « Nous sommes évêques », mais personne ne les a consacrés évêques. L'Esprit Saint nous les montre dans les Psaumes, assis sur un siège pourri (Ps 1, 1) : ils font beaucoup de mal et ils trompent ceux qui croient, leur bouche est comme celle d'un serpent, ils mentent sans arrêt et ils détruisent ce qui est vrai. Leur langue est pleine de poison, et leur souffle est comme un venin qui tue. Leur parole ronge comme un cancer (2 Tim 2, 17), leurs discours mettent dans les esprits et les coeurs un mal qui fait mourir.

Dieu nous dit : méfiez-vous de ceux qui déchirent l'unité

11 . Le Seigneur parle contre ces gens-là, il essaie de garder près de lui son peuple qui part de tous les côtés. Il dit : N'écoutez pas les paroles des faux prophètes, ils s'imaginent voir des choses qui trompent leur coeur. Ils parlent, mais ils ne disent pas ce que je leur dis. Ils disent à ceux qui rejettent la parole du Seigneur : « Vous connaîtrez la paix, vous et tous ceux qui suivent la volonté de leur coeur. » Et à celui qui se conduit mal, ils disent : « Le malheur ne tombera pas sur toi ! » (Jr 23, 16-17). Je ne leur ai pas parlé, c'est d'eux-mêmes qu'ils parlent en mon nom. S'ils étaient restés attachés à moi, ils auraient entendu mes paroles. S'ils avaient enseigné mon peuple, je les aurais fait revenir de leurs pensées mauvaises (Jr 23, 21-22). Encore une fois, le Seigneur parle d'eux en disant : Ils m'ont abandonné, moi, la source d'eau qui donne la vie, ils ont creusé des citernes qui ne sont ni solides ni capables de retenir l'eau (Jr 2, 13). Il n'y a qu'un seul baptême, il n'y en a pas d'autre. Et pourtant, ces gens-là s'imaginent qu'ils baptisent ! Ils ont abandonné la source qui donne la vie et ils promettent l'eau qui fait vivre et qui sauve. Non, les gens ne peuvent pas se laver dans cette eau, elle les salit. Ils ne se débarrassent pas de leurs péchés, au contraire, ils en ajoutent d'autres ! Cette naissance-là ne donne pas d'enfants à Dieu, mais elle en donne à l'esprit du mal. C'est le mensonge qui les met au monde, ils ne peuvent donc pas recevoir la promesse de la vérité. C'est le manque de foi qui les fait naître, ils perdent donc le don de la foi. Ceux qui détruisent la paix du Seigneur par la violence de leurs divisions ne peuvent pas recevoir la paix comme récompense.

Ces gens-là comprennent de travers une phrase de la Bonne Nouvelle

12 . Ces gens-là ne doivent pas se tromper eux-mêmes en comprenant de travers cette parole du Seigneur : Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Mt 18, 20). Ils donnent un sens faux à la Bonne Nouvelle, ils l'expliquent par des mensonges, car ils retiennent seulement la fin du texte et ils suppriment le début. Ils se souviennent d'une partie de cette phrase et, dans leur habileté trompeuse, ils ne parlent pas de l'autre partie. Ces gens se sont coupés de l'Église et, de la même façon, ils coupent en deux cette parole du Seigneur. En effet, quand le Seigneur veut recommander à ses disciples de n'avoir qu'un seul coeur, il dit : Je vous le dis, c'est la vérité : si deux d'entre vous sur la terre, se mettent d'accord pour prier au sujet d'une affaire, mon Père qui est dans les cieux fera pour eux ce qu'ils demandent. Oui, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux (Mt 18, 19-20). Voici ce que le Seigneur veut montrer : il écoute nos prières, non pas parce que nous sommes nombreux, mais parce que nous avons entre nous un seul coeur. Il dit : Si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord. En disant cela, c'est l'unité des coeurs qu'il place en premier. C'est l'accord dans la paix qu'il fait passer avant toutes choses. Soyons donc d'accord entre nous : voilà ce qu'il enseigne fidèlement et avec force. Mais peut on être d'accord avec un autre, quand on n'est d'accord ni avec l'Église entière ni avec toute la communauté des frères ? Comment deux ou trois personnes peuvent-elles se réunir au nom du Christ, quand - c'est évident - elles se sont séparées du Christ et de la Bonne Nouvelle ? Ce n'est pas nous qui avons quitté ces gens-là, ce sont eux qui sont partis loin de nous. Des enseignements faux et des divisions sont nés ensuite. Ils ont formé de petits groupes et ils ont ainsi abandonné la source et l'origine de la vérité. Mais, dans ce passage de la Bonne Nouvelle, le Seigneur parle de son Église et il parle à ceux qui sont dans l'Église. Les chrétiens doivent être d'accord entre eux, agir d'après les commandements et les conseils du Seigneur. Alors, s'ils prient à deux ou trois seulement, d'un seul coeur, ils peuvent obtenir du Dieu très grand ce qu'ils demandent, même s'ils sont deux ou trois seulement. Partout où deux ou trois se réunissent en mon nom, je suis là au milieu d'eux. Cela veut dire : Dieu est avec ceux qui ont un coeur simple et qui cherchent la paix, avec ceux qui le respectent avec amour et obéissent à ses commandements. Alors, s'ils sont deux ou trois, Dieu dit qu'il est avec eux. C'est ainsi qu'il a été avec les trois jeunes garçons au milieu des flammes (Dn 3). Ils ont continué à être simples envers Dieu, à n'avoir entre eux qu'un seul coeur. C'est pourquoi, au milieu des flammes qui les entouraient, Dieu les a réconfortés en faisant souffler sur eux un vent frais comme la rosée. De la même façon, Dieu est venu au secours des deux apôtres en prison (Ac 5, 19, 21). En effet, ils étaient simples et ils n'avaient entre eux qu'un seul coeur. Alors le Seigneur lui-même a cassé les portes de leur prison. Il les a envoyés de nouveau sur les places publiques pour annoncer aux foules la Parole de Dieu, comme ils l'avaient toujours fait fidèlement. Quand le Seigneur, parmi ses commandements, met cette parole : Là où deux ou trois sont réunis en mon nom je suis là au milieu d'eux, il ne veut pas séparer les gens de l'Église. En effet, c'est lui qui a fait et formé cette Église ! Mais il reproche leurs divisions aux gens faux, et il recommande lui-même la paix à ceux qui restent fidèles. Il affirme qu'il est avec deux ou trois, s'ils prient d'un seul coeur. Oui, il est avec eux, plutôt qu'avec un grand nombre de gens divisés. La prière de quelques-uns, qui sont en parfait accord, obtient davantage que celle d'une foule de gens qui se disputent.

Briser la paix avec la communauté des frères, c'est briser la paix avec Dieu

12. Pour bien expliquer comment il faut prier, le Seigneur dit encore : Quand vous êtes debout pour prier, pardonnez à ceux qui vous ont fait du mal. Alors votre Père qui est dans les cieux vous pardonnera aussi vos péchés (Mc 11, 25). Celui qui vient présenter son offrande à Dieu à l'autel et qui dans son coeur a quelque chose contre son frère, le Seigneur le renvoie de l'autel. Il lui ordonne de commencer par se mettre d'accord avec son frère et, ensuite seulement, de revenir avec la paix pour présenter son offrande à Dieu (Mt 5, 23-24). En effet, Dieu n'a pas accepté l'offrande de Caïn. Pourquoi ? Dieu ne pouvait pas accorder la paix à Caïn, parce que Caïn était jaloux de son frère : il n'était pas en paix avec lui. Quelle paix, ceux qui sont les ennemis de leurs frères peuvent-ils donc se promettre ? Est-ce que des prêtres peuvent vraiment croire qu'ils célèbrent l'Eucharistie, quand ils s'opposent aux évêques ? Est-ce qu'ils peuvent penser que le Christ est avec eux dans leurs réunions, quand ils se réunissent en dehors de l'Église du Christ ?

Celui qui n'est pas dans l'Église ne peut pas être martyr.

14. Même si, parmi ces gens, certains acceptent de mourir pour le nom du Christ, leurs divisions à l'égard de l'Église ne sont pas lavées par leur sang... Celui qui n'est pas dans l'Église ne peut pas être martyr. On ne peut pas entrer dans le Royaume de Dieu quand on abandonne l'Église qui doit y régner. Le Christ nous a donné la paix. Il nous a commandé d'être d'accord entre nous et de n'avoir qu'un seul coeur. Il a recommandé que l'amour entre les frères soit parfait, impossible à briser. On ne peut pas se faire appeler martyr, si on ne garde pas l'amour fraternel. L'apôtre Paul nous l'enseigne et il l'affirme en disant : Je peux avoir toute la foi, une foi qui déplacera les montagnes, si je n'aime pas, je ne suis rien. Je peux distribuer toutes mes richesses à ceux qui ont faim, je peux donner mon corps au feu, si je n'aime pas, je ne gagne rien ! L'amour est patient, l'amour rend service, l'amour n'est pas jaloux. Il ne se gonfle pas d'orgueil, il ne se met pas en colère. L'amour ne fait rien de honteux, il ne pense pas au mal. L'amour aime tout, croit tout, supporte tout. L'amour ne passera jamais (1 Co 13, 2-5 ; 7- 8). Jamais l'amour ne passera. Voilà ce qu'il nous dit. Oui, l'amour sera toujours dans le Royaume de Dieu. Il n'aura pas de fin, et nous serons tous frères, unis et parfaitement d'accord entre nous. Les disputes ne peuvent pas entrer dans le Royaume des cieux. Le Christ a dit : Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15, 12). Celui qui, en manquant de foi, a insulté l'amour du Christ, n'obtiendra pas la récompense promise par le Christ. Celui qui n'a pas l'amour n'a pas Dieu. L'apôtre Jean l'a dit : Dieu est amour. Celui qui vit en Dieu vit dans l'amour, et Dieu vit en lui (1 Jn 4, 16). Ceux qui n'ont pas voulu avoir entre eux un seul coeur dans l'Église de Dieu ne peuvent pas vivre avec Dieu [...] Si l'un d'entre eux dit : « Je suis chrétien », cela ressemble au mensonge de l'esprit du mal qui se fait passer pour le Christ. En effet, le Seigneur nous a prévenus en disant : Beaucoup de gens vont venir en prenant mon nom, ils vont dire : « C'est moi le Christ ! » Et ils vont tromper beaucoup de monde (Mc 13, 6). Non, l'esprit du mal n'est pas le Christ. Pourtant, il prend son nom, mais c'est un mensonge. De la même façon, on ne peut pas appeler "chrétien" celui qui n'est pas fidèle à la Bonne Nouvelle et à la vérité de la foi.

L'amour est le plus important de tous les dons

15. Certains parlent au nom du Seigneur, ils chassent les esprits mauvais, ils font des signes étonnants. C'est vrai, ce sont de très belles actions. Pourtant, on ne va pas dans le Royaume de Dieu parce qu'on a fait ces choses-là. Pour y aller, il faut marcher sur le bon et droit chemin. Le Seigneur nous avertit en disant : Quand je viendrai, le jour du jugement, beaucoup me diront : « Seigneur, Seigneur, c'est en ton nom que nous avons parlé ! C'est en ton nom que nous avons chassé les esprits mauvais, c'est en ton nom que nous avons fait de nombreux miracles. » Alors je leur dirai : Je ne vous ai jamais connus. Allez-vous en loin de moi, vous qui faites le mal (Mt 7, 22-23). Il faut agir avec justice pour avoir part à la vie avec Dieu, lui, notre juge. Il faut obéir à ses commandements et à ce qu'il nous dit pour que nos actions bonnes reçoivent leur récompense. Dans la Bonne Nouvelle, pour nous indiquer un chemin plus court sur la route de notre espérance et de notre foi, le Seigneur dit : Le Seigneur ton Dieu est le seul Seigneur, et tu dois aimer le Seigneur ton Dieu avec tout ton coeur, toute ta vie et toute ta force. C'est le premier commandement. Et voici le deuxième commandement qui est aussi important que le premier : Tu dois aimer ton prochain comme toi-même. Toute la Loi de Moïse et tout l'enseignement des prophètes dépendent de ces deux commandements12. Comme un maître, le Seigneur nous apprend ainsi l'unité et l'amour. Et dans ces deux commandements, il résume toute la Loi de Moïse et tout l'enseignement des prophètes. Au contraire, si quelqu'un déchire l'Église par ses disputes et sa colère violente s'il renverse la foi, s'il trouble la paix, s'il détruit l'amour et s'il manque de respect envers l'eucharistie, est-ce qu'il peut garder l'unité et l'amour dans son coeur ? 12 Voir Mc 12, 29-31 ; Mt 22, 37-40 : Cyprien unit les deux textes.

Résumé du chapitre 16


16. Cyprien explique que l'apôtre Paul a annoncé toutes les divisions dans sa première lettre à Timothée (1 Tim 3,1-9).

N'écoutez pas ceux qui sèment le trouble

17. Aujourd'hui, beaucoup de gens refusent de croire. Ce refus de croire est violent et sans mesure : cela ne doit pas nous effrayer, ni troubler notre coeur. Au contraire, notre foi doit devenir plus forte. Déjà certains de nos frères ont commencé à abandonner leur foi, comme le Seigneur nous l'a fait savoir par avance. Alors, que tous les autres fassent attention ! Oui, le Seigneur nous a prévenus. Il nous a avertis en disant : Vous, faites attention ! Je vous ai prévenus de tout ce qui va arriver (Mc 13, 23). Surtout évitez ces gens-là, écartez-vous d'eux, et n'écoutez pas ce qu'ils disent : il y a un danger de mort à les entendre. Les Livres Saints nous le disent : Couvrez vos oreilles d'une haie d'épines pour ne pas entendre les langues méchantes (Si 28, 24). Ils disent aussi : Des compagnons mauvais détruisent une conduite bonne (1 Co 15, 33). Le Seigneur insiste et nous recommande de nous éloigner des gens de cette sorte : Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles. Quand un aveugle conduit un aveugle, ils vont tomber tous les deux dans un trou (Mt 15, 14). Il faut tourner le dos à celui qui se sépare de l'Église et le fuir. Il a un esprit faux, c'est un pécheur, et il se condamne lui-même. Celui qui agit contre les prêtres du Christ, qui se sépare de tout le peuple du Christ, peut-il être avec le Christ ? Il prend des armes contre l'Église, il combat ce que Dieu a organisé. Il est ennemi de l'autel, adversaire du sacrifice du Christ, il est infidèle au lieu d'être fidèle, il oppose sa religion personnelle à celle de l'Église. C'est un serviteur désobéissant, un fils qui résiste à Dieu, un frère ennemi. Il méprise les évêques et il abandonne les prêtres de Dieu. Il ose construire un autel nouveau, inventer sans autorisation une autre Prière eucharistique, opposer de faux sacrifices au vrai sacrifice qui est le Seigneur lui-même. Celui qui résiste aux ordres de Dieu est toujours puni par Dieu pour son immense orgueil : cela, il ne le sait pas.

 

Résumé du chapitre 18

18. Cyprien prend des exemples dans les Livres Saints. Il nous montre des gens qui ont entraîné les autres avec eux dans le mal et qui ont été punis par Dieu. Voir Nombres 3, 3-9 ; 16, 1-36 ; 2 Chroniques 26, 15-23.

Ces gens-là sont plus coupables que ceux qui sont tombés

19. Oui, certains méprisent la tradition reçue de Dieu, ils cherchent des enseignements étrangers, ils introduisent une nouvelle organisation inventée par des hommes ! Ceux-là, le Seigneur les reprend : il se met en colère contre eux. Dans sa Bonne Nouvelle, il leur dit : Vous abandonnez le commandement de Dieu pour garder votre tradition à vous (Mc 7, 9). Cette faute-là est beaucoup plus grave que celle de ceux qui sont tombés13. Au moins, ceux qui sont tombés acceptent la punition qu'ils méritent. Ils prient Dieu et réparent leur faute à son égard. D'un côté, il y a ceux qui recherchent l'Église et la prient, de l'autre, il y a ceux qui la combattent. On a peut-être forcé les premiers à faire ce qui est mal. Les autres, eux, sont restés volontairement jusqu'au bout dans ce mal très grave. Celui qui est tombé s'est fait du mal seulement à lui-même. Au contraire, celui qui a voulu répandre des enseignements faux et se séparer de l'Église, a trompé beaucoup de gens en les entraînant à sa suite. Le premier est seul à se mettre en danger, l'autre met la foi d'un grand nombre de chrétiens en danger. Le premier reconnaît son péché, il pleure et regrette sa faute, l'autre est plein d'orgueil à cause de son péché, il trouve du plaisir dans ses fautes. Il sépare les enfants de Dieu de l'Église, leur mère, il éloigne les moutons de leur berger, il change totalement les sacrements de Dieu. Celui qui est tombé a péché une seule fois, l'autre fait des péchés tous les jours. Enfin, celui qui est tombé, s'il meurt martyr, après être revenu dans l'Église, recevra les promesses du Royaume de Dieu. Au contraire, si on fait mourir celui qui a quitté l'Église, il ne peut pas recevoir la récompense de l'Église.

Un témoin de la foi n'est pas toujours à l'abri de l'esprit du mal

20. Frères très aimés, ne vous étonnez pas de voir même des témoins de la foi14 tomber dans ces fautes-là et faire des péchés si graves et si dangereux. Être un témoin de la foi, cela ne met pas à l'abri des ruses de l'esprit du mal. Cela ne protège pas 13 Au temps de Cyprien, l'Église est persécutée. Certains ont peur devant le juge et abandonnent le Christ. On les appelle les tombés. 14 Un témoin de la foi est un chrétien qui a affirmé sa foi dans le Christ devant le juge, mais qui n'a pas été mis à mort. Certains de ces témoins de la foi avaient été très courageux et ils étaient devenus orgueilleux. C'est pourquoi Cyprien est sévère envers eux. contre les tentations, les dangers, les attaques de ce monde. Tant qu'il est sur cette terre, le témoin ne peut pas vivre en pleine sécurité. Parmi ces témoins, nous le voyons, certains ne sont pas honnêtes dans leurs affaires, ils ne savent pas dire "non" aux mauvais désirs de leur corps, ils trompent leur femme. Alors, en voyant cela, nous gémissons et nous pleurons. Un témoin de la foi n'est pas plus grand ni meilleur que le roi Salomon, Dieu ne l'aime pas davantage. Aussi longtemps que Salomon a marché sur le chemin du Seigneur, le Seigneur lui a fait confiance. Mais quand il a quitté ce chemin, il a perdu aussi la confiance du Seigneur (1 R 11, 9 et svt). C'est pourquoi nous lisons dans les Livres Saints : Tiens bien ce que tu as, et un autre ne recevra pas la récompense à ta place (Ap 3, 11). Voici la raison de cette menace : si quelqu'un cesse d'obéir à Dieu, sans aucun doute, il perdra aussi la récompense qui vient d'une vie fidèle à Dieu.

Si un témoin de la foi n'est pas fidèle jusqu'au bout, il sera condamné

21. Pour un chrétien, être un témoin de la foi, c'est commencer à recevoir la gloire, ce n'est pas encore gagner la dernière récompense. Il ne mérite pas encore toutes les félicitations, il est seulement sur le chemin pour devenir quelqu'un de bien. La Bonne Nouvelle dit : Celui qui tiendra bon jusqu'à la fin, Dieu le sauvera (Mt 10, 22). Tout ce qui arrive avant la fin de la vie n'est qu'un échelon vers le salut. Il faut monter encore plus haut, le sommet n'est pas encore atteint. Oui, ce chrétien est un témoin de la foi : mais, après avoir proclamé sa foi publiquement, il risque un danger encore plus grand, parce qu'il a mis en colère l'Ennemi de Dieu. C'est un témoin de la foi : alors il doit vivre en accord avec la Bonne Nouvelle du Seigneur, mieux que les autres. En effet, grâce à la Bonne Nouvelle, le Seigneur lui a donné la gloire. Quand on donne beaucoup de choses à quelqu'un, on lui demande aussi beaucoup 12, 48). Quand on confie beaucoup d'honneurs à quelqu'un, on lui réclame encore plus de services ! Que personne ne se perde à cause du mauvais exemple d'un témoin de la foi. Que sa vie n'enseigne à personne des paroles injustes, méchantes ou trompeuses. C'est un témoin de la foi : eh bien, qu'il soit humble et calme, qu'il soit modeste et obéissant dans toute sa conduite ! Celui qu'on appelle témoin du Christ doit imiter le Christ pour lequel il a témoigné. Oui, le Christ lui-même a dit : Celui qui veut se mettre au-dessus des autres, on lui donnera la dernière place ; et celui qui prend la dernière place, on le mettra au-dessus des autres (Lc 18, 14). Dieu a placé le Christ au-dessus de tout, parce que lui, la Parole, la Puissance et la Sagesse de Dieu le Père, il a pris la dernière place sur la terre. Alors, est-ce que le Christ peut aimer les gens orgueilleux ? Dans sa loi, il nous a commandé d'être humbles. Son Père, pour le récompenser d'avoir pris la dernière place, lui a donné le nom le plus grand (voir Phi 2, 8-9). C'est un témoin du Christ : alors, il ne doit pas ensuite dire des paroles mauvaises contre l'honneur et la grandeur du Christ. La bouche qui a témoigné pour le Christ ne doit pas dire du mal des autres, ni troubler la paix. Qu'on ne l'entende pas lancer des insultes et chercher des disputes. Elle ne doit cracher un venin de serpent ni contre ses frères ni contre les prêtres de Dieu, puisqu'elle a d'abord mérité des félicitations. Oui, ce témoin ne doit pas ensuite commettre des fautes, agir mal, abîmer ses belles déclarations par sa conduite mauvaise, salir sa vie dans la honte. Enfin il ne doit pas abandonner l'Église où il a été témoin de la foi, déchirer l'unité de la paix de cette Église, échanger sa foi du début contre une absence de foi. D'ailleurs, il ne peut pas se vanter de son titre de témoin de la foi qui lui mérite la récompense de la gloire. Au contraire, son titre même augmente pour lui les raisons de recevoir une punition beaucoup plus grave.

Les vrais témoins de la foi restent des chrétiens solides

22 . Le Seigneur a choisi Judas pour être parmi ses apôtres. Pourtant Judas, ensuite, a trahi le Seigneur. Il a quitté le groupe des apôtres, mais cela n'a pas fait tomber la foi solide des autres. C'est la même chose maintenant. Le grand honneur d'être témoin de la foi n'est pas diminué, même si quelques uns n'ont pas été fidèles. L'apôtre Paul dit dans une de ses lettres : Si certains n'ont pas été fidèles, est-ce que cela va empêcher Dieu d'être fidèle ? Sûrement pas ! Dieu dit toujours la vérité, mais tous les hommes sont menteurs (Ro 3, 3-4). Le plus grand nombre des témoins de la foi tient bon, ce sont les meilleurs. Leur foi reste solide, leur fidélité aux commandements du Seigneur ne change pas, ils ne quittent pas la paix de l'Église. C'est dans l'Église que Dieu a bien voulu leur donner ses bienfaits, et cela, ils ne l'oublient pas. Ils méritent encore plus de félicitations pour leur foi : en effet, ils se sont séparés de ceux qui ont trahi et qui étaient avec eux témoins de la foi. Ils n'ont pas voulu participer à leur péché. Ils ont reçu la lumière de la Bonne Nouvelle et la clarté toute pure du Seigneur lui-même. Ils méritent des félicitations : ils ont gardé la paix du Christ et ils ont aussi remporté la victoire sur l'esprit du mal.

L'Église est un corps vivant

23 . Frères très aimés, mon désir profond, mon avis, mon conseil, le voici : si c'est possible, aucun de vous ne doit se perdre. Il faut que l'Église, notre mère, ait la joie de garder tout le peuple de ses enfants uni dans les mêmes sentiments. Pourtant, il y a des gens qui veulent entraîner les autres par des enseignements faux et qui causent des divisions. Ils restent aveugles et têtus dans leurs idées folles : je n'ai pas pu les ramener sur le chemin du salut. Et d'autres, parmi vous, ont été trop confiants et ils sont tombés dans l'erreur. Vous qui avez été trompés par la ruse et les mensonges, détachez-vous de tous ces pièges trompeurs. Ne marchez plus en dehors du bon chemin. Sachez reconnaître la route droite qui va au ciel. Écoutez l'apôtre Paul, il affirme : Frères, nous vous donnons cet ordre, au nom de notre Seigneur Jésus Christ : n'allez pas avec les frères qui marchent de travers et qui ne suivent pas l'enseignement reçu de nous (2 Thes 3, 6). Et encore : Personne ne doit vous tromper par des paroles vides. A cause de tout cela, la colère de Dieu vient sur les gens qui refusent de lui obéir. Ne faites donc pas comme eux ! (Éph 5, 6-7). Écartez-vous de ceux qui font le mal, encore mieux, fuyez-les. En effet, celui qui va avec des gens qui marchent de travers s'avance lui-même sur la route de l'erreur et du péché. Lui aussi risque de quitter le bon chemin et il est capable de commettre le même péché. Il n'y a qu'un seul Dieu, un seul Christ, une seule Église du Christ, une seule foi, un seul peuple de Dieu. Ce peuple forme un seul corps (voir Éph 4, 5-6), uni solidement par le ciment de la véritable entente. L'unité de l'Église ne peut pas être déchirée. On ne peut pas non plus déchirer un corps vivant, séparer les organes qui travaillent ensemble ni les mettre en morceaux. Toute personne qui s'éloigne de l'Église, notre mère, ne peut pas vivre ni respirer toute seule, séparée des autres : sinon, elle perd ce qui la sauve réellement.

Les chrétiens sont les amis de la paix

24 . L'Esprit Saint nous avertit et nous dit : Qui veut la vie? Qui désire le bonheur ? Alors, empêche ta langue de dire des paroles méchantes, interdis à ta bouche de mentir, tourne le dos au mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la toujours" (Ps 33/34, 13-15). Celui qui veut la paix doit chercher la paix et la poursuivre. Celui qui connaît et désire l'amour qui unit doit interdire à sa langue les paroles qui divisent. Juste avant de souffrir sa Passion, le Seigneur a ajouté ceci à ses commandements divins et à ses enseignements qui nous sauvent : Je vous laisse ma paix. Je vous donne ma paix (Jn 14, 27). C'est l'héritage qu'il nous a laissé. Tous les dons, toutes les récompenses qu'il nous a promises, nous les obtiendrons en gardant la paix. Si nous sommes héritiers du Christ, restons dans la paix du Christ. Si nous sommes fils de Dieu, faisons la paix autour de nous. La Bonne Nouvelle nous dit : Ils sont heureux, ceux qui font la paix autour d'eux, parce que Dieu les appelle ses fils (Mt 5, 9). Les fils de Dieu doivent faire la paix autour d'eux, avoir un coeur doux, être simples dans leur façon de parler, parfaitement d'accord dans l'affection fraternelle, unis profondément dans l'entente d'une même foi.

L'unité des premiers chrétiens

25. Autrefois, au temps des apôtres, les chrétiens n'avaient qu'un seul coeur. De la même façon, le nouveau peuple des croyants, en restant fidèle à garder les commandements du Seigneur, est resté uni dans l'amour. Les Livres Saints le prouvent quand ils disent : La foule des croyants était très unie par le coeur et par l'esprit (Ac 4, 32). Et encore : Ils priaient fidèlement tous ensemble d'un seul coeur. Avec eux, il y avait quelques femmes, Marie, la mère de Jésus et les frères de Jésus (Ac 1, 14). C'est pourquoi leur prière était efficace : ils pouvaient être sûrs d'obtenir tout ce qu'ils demandaient à la tendresse de Dieu.

Aujourd'hui cette unité est moins solide

26. Chez nous, cette unité des coeurs a diminué, c'est pourquoi nous sommes moins généreux pour donner. Les premiers chrétiens, eux, vendaient leurs maisons et leurs biens pour se préparer des richesses dans le ciel. Ils donnaient l'argent aux apôtres pour aider ceux qui n'avaient rien du tout15. Mais nous, nous ne donnons même pas une part sur dix de nos richesses. Au lieu de vendre nos biens comme le Seigneur nous le demande (Lc 12, 33), nous achetons toujours plus et nous augmentons ce que nous possédons. Oui, chez nous, la foi a perdu sa force, et les croyants sont devenus des gens mous. 15 Actes des Apôtres 4, 34-35 et chapitre 5. Voilà pourquoi le Seigneur a vu d'avance ce qui arrive en notre temps et il dit dans la Bonne Nouvelle : Quand le Fils de l'homme viendra, est-ce qu'il trouvera encore des croyants sur la terre ? (Lc 18, 8) Cela, il nous l'a annoncé, et nous le voyons réalisé. On ne croit plus qu'il faut respecter Dieu avec amour, lui obéir, aimer son prochain et faire des actions bonnes. Personne ne pense plus avec crainte au jour où le Seigneur viendra nous juger... Si nous avions la foi pour croire à ce jugement, nous serions attentifs, et cette attention nous sauverait.

Soyons prêts, le Seigneur va frapper à notre porte

27. Réveillons-nous, frères très aimés, faisons tout notre possible pour secouer notre vieille paresse. Restons éveillés, pour garder et accomplir les commandements du Seigneur. Conduisons-nous comme il nous le demande : Restez en vêtements de travail et gardez vos lampes allumées ! Soyez comme des gens qui attendent leur maître. Le maître va revenir d'un mariage. Et quand il arrivera et frappera, les serviteurs vont lui ouvrir la porte. Ils sont heureux ces serviteurs si, en arrivant, le maître les trouve en train de veiller (Lc 12, 35-37). Oui, restons en vêtements de travail. Sinon, quand l'heure de notre mort viendra, le Seigneur risque de nous trouver embarrassés et enfoncés dans toutes nos richesses. Il faut que la lumière de notre vie brille par nos actions bonnes, il faut qu'elle resplendisse ! Alors le Christ nous conduira de la nuit de cette terre à la lumière éclatante qui ne finit pas. Attendons la venue soudaine du Seigneur, faisons toujours attention à notre conduite. Alors, quand il frappera à notre porte, notre foi se réveillera, et nous recevrons du Seigneur la récompense qu'il donne à ceux qui sont restés éveillés. Si nous obéissons à ses commandements, si nous retenons ses enseignements et ses ordres, les tromperies habiles de l'esprit du mal ne peuvent pas nous vaincre pendant notre sommeil. Comme des serviteurs bien éveillés, nous aurons une place dans le Royaume avec le Christ tout puissant ! Supplément Quelques années après avoir écrit son livre sur l'unité de l'Église, Cyprien a développé la fin du chapitre 4 et ajouté quelques lignes au début du chapitre 5. Voici ce texte. Sur un seul homme, le Seigneur a construit son Église. Pourtant, quand il s'est réveillé de la mort, il a donné à tous les apôtres un pouvoir égal. Il leur a dit : Le Père m'a envoyé, de la même façon, je vous envoie. Recevez l'Esprit Saint. Quand vous pardonnerez les péchés à quelqu'un, Dieu donnera son pardon. Quand vous refuserez le pardon à quelqu'un, Dieu le refusera aussi (Jn 20, 21-23). Mais, avec l'autorité de sa parole, pour montrer l'unité de l'Église, le Seigneur a donné à un seul d'être l'origine de cette unité. Bien sûr, les autres apôtres étaient ce que Pierre était, ils avaient les mêmes honneurs et les mêmes pouvoirs. Pourtant, dès le début, tout part de l'unité : cela montre que l'Église du Christ est une. Cette Église "une" est aussi annoncée dans le Cantique des Cantiques par le Saint-Esprit, au nom du Seigneur : Ma colombe, mon épouse parfaite, est unique. Elle est unique pour sa mère, l'enfant préférée de celle qui l'a mise au monde (Cant 6, 9). Celui qui ne reste pas attaché à cette unité de l'Église peut-il croire qu'il reste attaché à la foi ? Celui qui dit "non" à l'Église et qui lui résiste peut-il affirmer : « Moi, je suis dans l'Église » ? D'ailleurs le saint apôtre Paul, nous apprend la même chose, il nous montre ce même mystère de l'unité quand il dit : Il y a un seul corps et un seul Esprit Saint, il y a une seule espérance à laquelle Dieu nous a appelés. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu (Éph 4, 4-6). Nous surtout, les évêques, nous qui avons la première place dans l'Église, nous devons garder solidement cette unité et demander qu'elle soit respectée. Nous devons montrer que la charge des évêques est "une" et qu'on ne peut pas la diviser. Personne ne doit tromper par des mensonges notre communauté de frères, personne ne doit porter atteinte à la vraie foi en la présentant d'une manière fausse.