Quand le Tibre monte jusqu’aux murs, quand le Nil n’irrigue pas les champs, que le ciel ne bouge pas ou que la terre tremble, qu’il y ait une famine ou qu’il y ait une plaie, aussitôt un cri s’élève : « Les chrétiens au lion ! »58

 

Les persécutions sous Dèce

En 202, l’empereur Septime Sévère, après une visite en Égypte, où il fut impressionné par le développement du christianisme en Égypte. Cette première persécution, encore locale car limitée à la province égyptienne, est la première indication du dévouement des chrétiens pour l’Église, de leurs implémentations dans le pays et le premier aperçu de leurs désirs du martyre. Les successeurs de Sévère oublieront quelque peu les chrétiens d’Égypte, ce qui permit à Démétrios et Héraclas de passer les premières plaies de la communauté.

A commencer de l’an 202 et durant sept ans, l’Église Copte souffrit aussi des persécutions sous le règne de Septime Sévère, qui, lorsqu’il visita l’Égypte et trouva que le christianisme s’était propagé, ordonna au gouverneur d’augmenter la persécution et d’empêcher la propagation de la Foi à tout prix.59

L’arrivée de Dèce sera l’annonce de la première grande persécution du monde chrétien qui commença fin 249. Saint Denys d’Alexandrie, alors patriarche d’Alexandrie, nous rappelle dans ses lettres que les persécutions en Égypte débutèrent bien avant la publication de l’édit de l’empereur. On suppose effectivement que l’Église Copte commença à être persécutée en 248,  près d’un an avant la généralisation de l’offensive impérial contre le christianisme.

Chez nous ce ne fut pas à la suite de l’édit impérial que commença la persécution ; elle le précéda au contraire de toute une année.60

Cependant, si les persécutions débutèrent avant l’édit de l’empereur, dès que celui-ci fut annoncé, la violence et la haine contre les chrétiens augmentèrent. Sabinus, alors gouverneur d’Égypte, cherchera à faire mourir presque aussitôt le patriarche et les responsables du clergé, mais Dieu sauvera Saint Denys, presque contre sa volonté, tel qui le raconte à ses frères dans l’épiscopat.

Moi aussi, je parle en présence de Dieu et il sait si je mens. Ce n’est pas d’après mon propre jugement ni sans le secours de Dieu que j’ai pris la fuite, mais auparavant, quand fut publiée la persécution de Dèce, Sabinus, à l’heure même, a envoyé à ma recherche un frumentaire, et moi, pendant quatre jours, je suis resté à la maison, attendant l’arrivée du frumentaire ; mais lui parcourait tous les lieux et les explorait, les routes, les fleuves, les champs où il soupçonnait que j’étais caché ou que je circulais ; il était frappé d’aveuglement et ne trouvait pas la maison. Car il ne croyait pas qu’étant poursuivi je sois resté chez moi.
Après le quatrième jour, ce ne fut pas sans peine que, Dieu m’ayant ordonné de partir et m’ayant miraculeusement frayé un chemin, mes enfants et moi et beaucoup de frères, nous partîmes ensemble. Que cela ait été l’œuvre de la Providence de Dieu, c’est ce qu’a montré la suite, où peut être nous avons été utiles à certains.

Quelle fut la manière de l’admirable disposition de Dieu ? La  vérité sera dite. Un des paysans rencontrera Timothée qui fuyait, tout troublé, et lui demanda la cause de son empressement. Celui-ci dit la vérité, et l’autre, l’ayant entendu il allait festoyer à une noce, car, en de telles réunions, c’est l’usage des gens de passer la nuit entière—, l’annonça aux convives dès son entrée. Ceux-ci, d’un seul élan, comme à un signal, se levèrent tous, et, emportés par leur course, arrivèrent très vite ; ils tombèrent sur nous en poussant des cris ; les soldats qui nous gardaient ayant pris aussitôt la fuite, ils s’approchèrent de nous, alors que nous étions étendus sur des lits, sans couvertures. Et moi, Dieu le sait, pensant tout d'abord que c'étaient des brigands arrivés pour le vol et le pillage, je restai sur ma couche ; j'étais nu, avec un vêtement de lin, et je leur offris le reste de mes vêtements qui étaient près de moi. Eux m'ordonnèrent de me lever et de sortir au plus vite. Et alors, comprenant pourquoi ils étaient là, je me mis à crier, et à les prier et à les supplier de s'en aller, et de nous laisser ; et s'ils voulaient faire quelque chose de bien, ils devaient, à mon avis, devancer ceux qui m'avaient emmené et me couper eux-mêmes la tête. Pendant que je criais ainsi, comme le savent mes compagnons qui ont pris part à ces événements, ils me firent lever de force. Pour moi, je me jetai à terre sur le dos, mais, m'ayant pris par les mains et tiré par les pieds, ils m'emmenèrent dehors. Les témoins de tout cela, Caïus, Faustus, Pierre, Paul me suivirent; et, m'ayant pris sur leur dos, ils me conduisirent vivement hors de la petite ville et m'ayant fait monter à cru sur un âne, ils m'emmenèrent.61

Une fois libéré, le saint évêque devra se réfugier en Libye où il annoncera l’évangile, comme l’avait fait Saint Marc auparavant, et démontre ainsi à quel point l’enseignement du saint apôtre est gardé, enseigné et pratiqué par ses successeurs.

A travers l’exemple de son patriarche, nous voyons toute la ferveur et l’attachement de l’Église à Dieu et la réciproque. Le patriarche montre l’exemple car il ne fait pas qu’accepter le martyre en préférant courageusement assumer sa foi plutôt que de vivre en la reniant, il désire la martyre. Et à tous ceux qui douterait que ce comportement marquant l’amour des enfants de l’Église pour le Père est autant celui du peuple que du clergé, Denys nous conte dans ses lettres les martyres d’un grand nombre des siens.

L’édit de Dèce visait à anéantir le christianisme, mais comment anéantir un peuple que rien ne distingue ? En effet, il faut comprendre le christianisme de l’époque, car le chrétien d’aujourd’hui est souvent bien loin de l’exemple des anciens.

Car les Chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne servent pas de quelque dialecte extraordinaire à l’imagination ou aux rêveries d’esprits agités que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine humaine. Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveaux nés. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l’emporte en perfection sur les lois.62

Le chrétien n’est pas différenciable des autres citoyens, du moins de l’extérieur, car sa charité et ses actes de bontés le distingue fortement de sa société. Mais le chrétien hait par-dessus tout le mal et donc les idoles qui justifient les injustes dans leurs injustices. Les idoles de l’empire, les faux dieux, voici ce qui allait aider Dèce dans sa persécution. Par son édit, il invita tout les citoyens à sacrifier aux dieux devant les magistrats. Une commission chargée de vérifier l’effectivité des faits, délivrait des certificats grâce auxquels on était laissé tranquille. Certains de ces certificats sur papyrus ont été retrouvés en Égypte. La non obtention de ce certificat équivaut à une condamnation à mort, une mort ingrate, accompagnée des pires tortures. Quel fut donc le comportement des chrétiens devant ce choix : renier le Sauveur ou être honorer de la perfection du martyr ? Ceux qui n’avait le courage d’affronter la mort tentèrent de se cacher, d’autres chercheront délibérément à affirmer leur allégeance au Roi des rois. Si on ne peut nier qu’ils aient eu des défections, nombreux sont ceux qui sont morts pour leurs foi. Le nombre de ces derniers est estimé à plus de 16 000.

Appelés par leur nom, ils allaient aux sacrifices impurs et impies ; certains, pâles et tremblants, non pas comme des hommes qui vont sacrifier mais s’ils allaient être eux-mêmes les victimes immolées aux idoles. Ils étaient accueillis par les rires moqueurs du peuple nombreux qui les entourait ; il était évident qu’ils étaient lâches pour tout, et pour mourir et pour sacrifier. Certains autres accouraient plus résolument aux autels, soutenant avec audace qu’ils n’avaient jamais été chrétiens ; c’est à propos de ces hommes que la prédilection du Seigneur se vérifie : « ils seront difficilement sauvés ». De ceux qui restaient, les uns suivaient ceux dont on vient de parler, les autres s’enfuyaient. Certains étaient pris, et, parmi eux, les uns, après être allés jusqu’aux chaînes et à la prison, quelques uns même ayant été enfermés pendant plusieurs jours, abjuraient avant même d’aller au tribunal ; les autres, après avoir enduré quelque temps les tortures, refusaient d’aller plus loin. Mais les solides et bienheureuses colonnes du Seigneur, fortifiées par lui et tirant de la foi ferme qui était en eux une puissance et une assurance dignes de cette foi et en rapport avec elle, furent d’admirables témoins de son royaume.63

Dèce mourut en 251 mais son successeur Gallus persévéra dans l’erreur de son prédécesseur et continua les persécutions. Cependant sous le nouvel empereur, les persécutions baissèrent en intensité et épargnèrent plus ou moins facilement la haute hiérarchie ecclésiastique.

La persécution de Valérien

En 253 Valérien arriva au pouvoir et s’adjoignit immédiatement son fils Gallien qui lui succédera. Dans un premier temps le règne de Valérien permit à l’accalmie d’encore s’intensifier. Mais parmi les conseillers de l’empereur, un certain Macrien, à la fois haut fonctionnaire et magicien païen fanatique, se déclara ennemi de Dieu et parti faire campagne pour les démons. Il infléchira le cœur de Valérien qui en 297 émis son premier édit de persécution ; une persécution qui durera plus de trois ans et qui sera particulièrement violente.

Mais le maître et archisynagogos des magiciens d’Égypte, le persuada de se débarrasser d’eux. Il l’invita à faire mourir et à persécuter les hommes purs et saints comme étant, pour ses incantations tout à fait infâmes et abominables, des adversaires et des obstacles, par leur présence, leur regard, voire simplement leur souffle et le son de leur voix, ils peuvent et ils pouvaient briser les machinations des démons malfaisants. Il lui conseilla d’autre part de s’adonner à des initiations impures, à des pratiques de sorcellerie criminelles, à des cérémonies religieuses réprouvées par les dieux, d’égorger de pauvres petits êtres, de sacrifier des enfants nés de pères misérables, de déchirer les entrailles des nouveau nés, d’inciser et d’éventrer des créatures de Dieu, comme s’ils devaient par ces souffrances obtenir le bonheur. 64

Valérien se mit donc à vouloir exterminer les chrétiens. Le Saint Patriarche Denys accompagné de quelques autres, notamment de père Maxime son successeur sur le trône de Saint Marc, fut donc convoqué devant le vice préfet d’Égypte Émilien en 258 qui l’exilera, encore une fois, en Libye.

Non, je n’étais pas venu seul devant Émilien ; j’étais accompagné de Maxime, mon collègue en presbytérat, et des diacres Faustus, Eusèbe, Chérémon ; et l’un des frères de Rome qui étaient alors présents entra avec nous. Non, Émilien ne m’a pas dis de prime abord : « Ne réunis pas les frères ! » C’était pour lui du superflu ; il courait d’emblée vers le but final ; il ne parla donc pas de ne plus assembler les autres, mais de ne plus être chrétiens nous-mêmes ; il nous ordonna de cesser de l’être, croyant que, si je changeais d’avis, les autres en feraient autant. Je répondis naturellement à peu près par la formule : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » ; et devant Émilien je rendis le témoignage que j’adorais le seul Dieu qui existe et aucun autre, que je ne changerais pas d’opinion et que je ne cesserai jamais d’être chrétien. Sur ce, il nous ordonna de nous en aller dans un village voisin du désert, appelé Képhrô. (…)Au début, nous fûmes persécutés et lapidés ; mais ensuite, nombre de païens délaissèrent les idoles et se tournèrent vers Dieu. Ils n’avaient pas reçu la Parole auparavant, et c’est par nous qu’elle fut semée chez eux pour la première fois. Et comme si Dieu ne nous avait conduits chez eux que pour cela, lorsque nous eûmes rempli ce ministère, il nous éloigna de nouveau. Emilien voulut, en effet, semble-t-il, nous transférer en des endroits plus rudes et plus « libyques » : il nous fit rassembler de partout dans la Maréote, fixant, parmi les villages du pays, un village à chacun ; nous, il nous plaça de préférence sur la route, comme pour être arrêtés les premiers.65

Mais Valérien mourut et son conseiller Macrien, grand adorateur des démons, voulut s’emparer par ses fils du pouvoir impérial. Au retour du Saint Patriarche à Alexandrie c’est la guerre civile. Mais le grand prêtre de Satan sera vaincu par le fils de Valérien, Gallus, qui dictera alors un édit de tolérance en 259. L’Église vivra alors relativement tranquille jusqu’à l’arrivée du sanguinaire Dioclétien.

L’ère des martyrs

La Tradition copte veut que Dioclétien naisse en Égypte, mais il semblerait qu’il naquit vraisemblablement en Dalmatie. Il accède au trône impérial en 284, porté au pouvoir par ses soldats et son premier souci sera de réorganiser l’empire. Ainsi il le divisa en 101 provinces regroupées en 12 diocèses et en 4 grandes régions, chacune d’entre elles étant dirigée par un César ou un Auguste : Dioclétien se réserva l’Égypte et l’Orient. Mais ce fut en 303, à l’instigation de Galère, que furent prises par Dioclétien des mesures contre les chrétiens. En effet le 24 février de cette année il publie un premier édit qui sera suivi dès l’été de trois autres, plus virulents les uns que les autres et qui aboutiront au plus grand massacre de tout les temps.

Le 24 février 303, il publie, pour des raisons au départ militaires, un édit qui vise la suppression du christianisme : ‘Les églises seront rasées et les livres saints brûlés ; les chrétiens seront privés de tous les honneurs, et de toutes les dignités ; les gens du peuple seront privés de leur liberté, et les affranchis retourneront à l’esclavage.’ La tradition rapporte qu’un chrétien déchira publiquement l’édit, donnant le feu vert au massacre. Dioclétien publie trois nouveaux édits ; l’un ordonne de jeter en prison les chefs de l’Église, le deuxième de les torturer s’ils refusent de sacrifier aux dieux, le troisième étend cette prescription à l’ensemble des chrétiens.66

L’empire était alors une tétrarchie où les décisions de Dioclétien étaient prépondérantes, ce dernier s’étant réservé l’Égypte, il s’imagina y éliminer les chrétiens coptes afin de pouvoir éliminer plus facilement le reste des chrétiens de l’empire. En effet, les coptes étaient selon lui les plus fervents des fidèles du Seigneur et s’il parvenait à les faire disparaître il n’aurait aucun mal à en terminer avec cette nouvelle religion. Mais le Seigneur fortifia les coptes et il ne put arriver à ses fins. La tradition rapporte qu’excéder Dioclétien déclara ne vouloir arrêter les persécutions avant que le sang des chrétiens d’Alexandrie ne se déverse dans toutes les rues de la ville et atteigne les genoux de son cheval…

Tel fut donc le combat des Égyptiens qui à Tyr, soutinrent publiquement la lutte pour la religion. On pourrait encore admirer ceux d'entre eux qui rendirent témoignage dans leur propre pays : là, des milliers de personnes, hommes, femmes et enfants, méprisèrent pour l'enseignement de notre Sauveur la vie du temps et supportèrent différentes sortes de mort. Les uns, après les ongles de fer, les chevalets, les fouets les plus cruels, et mille autres tourments variés et effrayants à entendre, furent livrés au feu ; d'autres noyés dans la mer ; d'autres encore, courageusement, tendirent leurs têtes à ceux qui devaient les couper ; d'autres moururent dans les tortures ; d'autres succombèrent à la faim ; d'autres enfin furent crucifiés, les uns de la façon ordinaire pour les malfaiteurs, les autres d'une manière pire, car on les cloua la tête en bas et on les laissa vivre jusqu'à ce qu'ils périssent de faim sur les gibets mêmes.

Les outrages et les tourments qu'endurèrent les martyrs de Thébaïde dépassent toute description. Ils étaient déchirés sur tout le corps avec des coquillages au lieu d'ongles de fer, et cela jusqu'à ce qu'ils perdissent la vie. Des femmes étaient attachées par un pied, soulevées en l'air, suspendues la tête en bas par des mangonneaux, les corps entièrement nus et sans aucun vêtement ; elles présentaient un spectacle ignominieux, de tous le plus cruel et le plus inhumain à tous ceux qui les voyaient. D'autres encore mouraient attachés à des arbres et à des branches : on rapprochait l'une de l'autre, avec des machines, les branches les plus fortes et sur chacune d'elles, on fixait les jambes des martyrs, puis on lâchait tout de manière que les branches revinssent à leur position naturelle ; on avait ainsi imaginé d'écarteler d'un seul coup les membres de ceux sur lesquels on essayait ce supplice. Et tous ces tourments ne durèrent pas seulement quelques jours ni un temps bref, mais le long espace d'années entières. Tantôt plus de dix, tantôt plus de vingt personnes étaient mises à mort ; parfois, il n'y en avait pas moins de trente, et même quelquefois leur nombre approchait de soixante ; une autre fois encore, en un seul jour, cent hommes furent tués à la fois, avec de petits enfants et des femmes, condamnés à des châtiments variés, qui se succédaient les uns aux autres. Nous avons vu nous-mêmes, étant sur les lieux, un grand nombre de martyrs subir ensemble, en un seul jour, les uns la décapitation, les autres le supplice du feu, si bien que le fer qui tuait était émoussé et qu'usé, il était mis en pièces, et que les bourreaux eux-mêmes, fatigués, se succédaient alternativement les uns aux autres. Alors, nous avons contemplé la très admirable ardeur, la puissance véritablement divine, le courage de ceux qui ont cru dans le Christ de Dieu. En même temps, en effet, qu'on prononçait la sentence contre les premiers, d'autres accouraient d'un autre côté vers le tribunal, devant le juge. Ils se déclaraient eux-mêmes chrétiens, sans s'inquiéter des tourments ni des diverses sortes de supplices auxquels ils s'exposaient ; mais ils parlaient avec la plus entière liberté, courageusement, de la religion du Dieu de l'univers et recevaient avec joie, en riant, de bonne humeur la sentence finale de mort, de telle sorte qu'ils chantaient des hymnes et des actions de grâces au Dieu de l'univers jusqu'à ce qu'ils rendissent le dernier soupir.

Admirables donc étaient aussi ceux-là, mais d'autres étaient plus admirables encore, tout spécialement, ceux qui brillaient par la fortune, la naissance, la gloire, l'éloquence, la philosophie, et qui cependant plaçaient tout cela au second rang, après la véritable religion et la foi en notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ. Tel était Philoromos, à qui avait été remise une charge importante dans l'administration impériale à Alexandrie et qui, conformément à sa dignité et à son rang chez les Romains, était entouré de soldats, lorsque chaque jour, il rendait la justice. Tel était encore Phileas, évêque de l'Église de Thmuis, homme qui s'était illustré par ses fonctions publiques et ses charges dans sa patrie et aussi par sa science de la philosophie. Alors qu'un grand nombre de leurs parents et de leurs amis les suppliaient, de même que les magistrats en charge, et que, de plus, le juge lui-même les exhortait à avoir pitié d'eux-mêmes et à épargner leurs enfants et leurs femmes, ils ne furent pas du tout conduits par de telles raisons à choisir l'amour de la vie et à mépriser les règles fixées par notre Sauveur au sujet de la confession et du reniement. Avec une réflexion courageuse et digne de philosophes, ou plutôt avec une âme religieuse et amie de Dieu, ils résistèrent à toutes les menaces et insultes du juge, et, tous les deux, eurent la tête coupée.67

Dioclétien est entré en Egypte afin d’écraser une rébellion alexandrine en 292. Il a alors enrôlé de jeunes thébains (Louxor) ainsi que des cavaliers chargés de garder les frontières du Sud à Syrène (Assouan), à Eléphantine et à Philae. Ce régiment forma la célèbre légion thébaine composée de plus de six milles soldats, tous chrétiens coptes.

En 299, ce corps d'élite participa à la Campagne menée par Dioclétien et son coempereur Maximien (285-305) contre les Perses. En 302, cette armée franchit les Alpes, campa dans la plaine du Rhône à Octodunum (Martigny). Maximien fit ordonner à la légion de sacrifier aux idoles, de participer aux fêtes païennes, de prêter serment de défendre la République contre les rebelles soulevés dans la Gaule, en particulier des chrétiens. La légion répondit par un "non possumus" : plutôt mourir que tuer. Après cette objection de conscience, la légion se retira à Aguanum, geste interprété comme un acte de désertion, passible des pires châtiments militaires. Il fut décidé de procéder à la décimation des Egyptiens. On tirait au sort et le dixième soldat était décapité. Une nouvelle mise en demeure restant sans effet, d'autres soldats furent décimés une deuxième fois. Ce double carnage n'entama pas la fermeté des appelés. Nul n'a cédé. On se disputait même l'honneur de mourir. Devant pareil entêtement, Maximien ordonna la liquidation physique de la légion, à commencer par son illustre chef Saint Maurice, après avoir décapité son fils sous ses propres yeux, et ses deux porte-étendards Candide et Innocent. La plaine était ensanglantée par les corps des martyrs, lesquels furent rejoints par Saint Victor, mis à mort pour avoir refusé de partager l'orgie des romains après le massacre.

Les reliques des martyrs coptes furent l’objet d’une immense piété en Europe. Saint Maurice est fêté (le 22 Septembre) dans la vallée du Rhône, puis en Provence et en Anjou (sous l’impulsion du roi René). Il existe en France 650 fondations portant le nom de Saint Maurice dont la statue trône dans tous les squares dénommés Saint Moritz, en Suisse. Sainte Véréna, cousine de Saint Maurice, avec son effigie où elle tient le double peigne pharaonique ainsi qu’une cruche qui lui permettait « de soigner et de désaltérer les blessés de la vie », est la patronne de la ville de Zurzäch (Suisse).68

Si en ce temps, Dioclétien Auguste, Galère et Maximien Césars dirigeaient l’Empire, le vénérable et bienheureux Patriarche Saint Denys s’était endormie dans le Seigneur. Sa Sainteté Maxime (265-282) puis Théonas (282-300) puis surtout le grand Saint Pierre, saint, archevêque et martyr, lui succèderont. Le Saint Pape Pierre, sceau des martyres, marquera son œuvre de la force, de la miséricorde et de l’amour du Seigneur. Les trois premières années de son pontificat, années précédant les terribles persécutions dioclétiennes, furent marquées par la volonté du Saint Patriarche de pardonner aux apostats. Si la question fut délicate en son temps, sa vie et son œuvre pleine de vertus et d’amour finiront par convaincre même les plus réticents. Il éduquera ses ouailles avec tout l’amour d’un père, les éloignant des hérésies et les tenant ferme dans la foi, par des mots et des anecdotes fortes et simples tel que dans ce discours.

Anba Théonas, celui qui m’a nourri et a reçu la succession de Marc—dont à mon tour j’ai été investi—, ne se lavait jamais plus dans l’eau après être devenu évêque, car il était sans tâche. Et pourtant, il se lava un jour trois fois de suite ! Pourquoi se lava-t-il ? Je vais vous raconter la raison pourquoi il fit cela. C’est parce qu’il respectait le verset qui est écrit : « Tu laveras ton corps dans l’eau et sera purifié, si l’ombre de l’impie te touche. » Il advint un jour par hasard que mon père Théonas dût aller au marché et qu’y passât aussi un maudit hérétique, évêque de ces simoniens qui sont par nature ancré dans l’erreur. Son ombre toucha mon père Théonas, mais pas son pouvoir. Immédiatement, Théonas retourna sur ses pas et n’alla point faire ce pour quoi il était venu. Il se fit apporter une cuvette remplie d’eau et se lava à l’extérieur d’un des murs de la maison épiscopale… Peu après, il demanda de l’eau une seconde fois, puis il se lava de nouveau en récitant ce psaume : « Tu m’aspergeras avec l’hysope du sang du bois et je serai pur. Tu m’en laveras et je serais plus blanc que neige. »  Mais lorsque nous apprîmes qu’il avait dérogé à son habitude non pas une fois mais trois fois, nous en fûmes grandement amusés et nous désirâmes le questionner à ce propos. Il nous dit : « Pourquoi ruminez-vous à propos de ce que j’ai fait aujourd’hui à l’encontre de mes habitudes ? Dieu m’est témoin que je n’aurais pas été souillé par un chien puant comme cet hérétique, alors que je m’en allais ce jour pour intercéder auprès du magistrat en faveur de quelques pauvres... »69

Mais le mal appel le mal et ne reste jamais impunis, car si Dieu est amour, Il est aussi perfection de justice et jamais un Père ne laissera ses enfants dans la douleur sans réagir. Maximien Daïa fut nommé César d’Egypte à l’instigation de son oncle Galère, gendre, cogérant et mauvais génie de Dioclétien. Il aida ce dernier dans les terribles persécutions contre les enfants coptes serviteurs du Très Haut en inventant régulièrement de nouvelles tortures. Sa cruauté dépassa en tout celles de ses prédécesseurs. Le 1er Mai 305, Dioclétien dut démissionner à l’instigation de Galère, obligeant Maximien à en faire autant, après avoir lancés et supervisés cet immense massacre. Avant de partir, Maximien réussit à placer son neveu Maximin en tant que César d’Orient comprenant l’Egypte et la Syrie. Parmi les saintes victimes de leur cruauté, Anba Psote, évêque de Haute Egypte dont le discours précédant sa mort nous est rapportée.

Certes, je sais dès maintenant, par le commandement du Dieu Bon, que mon sang sera versé pour le doux nom de mon Seigneur Jésus Christ, selon ce qui m’a été révélé. Mais je redoute la voie par laquelle je m’en irai vers Dieu et la Puissance qui y campe, car je suis chair et sang comme quiconque, et personne n’est sans péché hors Dieu seul. Et c’est pour nous que sont écrites les lois établies dans les Constitutions de l’Eglise, disant : « Il convient que l’évêque soit irréprochable en tout. » Mais quel est celui auquel Dieu ne pourrait reprocher aucun péché ? Car il a dit lui-même : « De toute parole sans portée que l’homme aura prononcée, il devra en rendre compte devant le tribunal du Dieu Tout Puissant », ce lieu où aucun nom ni aucune apparence ne seront utiles mais où chacun recevra selon ses actes. Mes fils, pensez à la repentance à laquelle vous avez à vous attacher et en fonction de laquelle vous devez vous conduire, car les voies pour accéder à Dieu sont difficiles et étroites, et étroite est la porte à travers laquelle le Seigneur conduit ses élus, selon la parole de la pierre précieuse, Matthieu l’Evangéliste. Et il y a spécialement cette grande terreur et ce grand obstacle du fleuve du feu, où roulent vagues sur vagues, à l’ardeur et à la flamme duquel nul ne peut échapper. Car, qu’ils soient justes ou pécheurs, tous doivent plonger dans ce fleuve de feu avant d’atteindre le terrible tribunal. Ô ce tribunal empli de tremblement et de terreur ! Ô ce tribunal redoutable devant lequel chacun se tient avec terreur, tremblement, anxiété, trouble et entrechoquement des genoux ! Malheur à moi, ô mes fils, car avant que je n’y comparaisse tout nu, mes mauvaises actions m’y auront précédés dans l’ordre où je les aurai commises, et je les verrai ! Malheur à moi lorsque me jugera celui qui est vraiment invisible mais qui peut tout prévoir ! Malheur à moi lorsque celui qui est sans courroux se courroucera contre moi et me dira : « Ô vieillard qui as mangé tes cheveux blancs ! » Ah, mon nom et mon habit de Chrétien ou d’évêque ne me seront plus utiles !70

Ainsi, pendant que les persécutions battaient leur plein en Orient, la Gaule et les îles britanniques ne connurent pas un seul martyr grâce à la bienveillance de Constance Chlore. Ce dernier mourut à Eboracum (York) le 25 Juillet 306. Aussitôt les soldats de l’armée de Gaule et de Grande Bretagne acclamèrent son fils Constantin comme Auguste ; cette proclamation ne fut pas reconnue par Galère, qui nomma Auguste un autre officier, Sévère, mais accorda tout de même dès le mois d’Aout à Constantin le titre de César.

La tyrannie de Maximin et de Maxence

Le 28 Octobre 306, Maxence se fait nommer « princeps » à Rome par les prétoriens. A la fin de cette même année, son père Maximien, ne supportant l’effacement, reprend du service. L’Auguste de l’Occident, Sévère, marcha alors contre Maximien et Maxence, mais se fait battre en Mars 307. Maxence fit tuer Sévère le 16 Septembre 307 et reprend à son compte le titre d’Auguste. Dès lors à la demande de Galère, Dioclétien, sortant de la retraite, tient conseil avec Maximien et Galère à Carnuntum, une ville et un camp de légion non loin de Vienne, en Novembre 307 : ils choisirent comme Auguste, le 11 Novembre, un autre officier, Licinus, pour remplacer Sévère ; Maximien fut forcé de réitérer sa démission, Dioclétien retourna dans l’ombre, Maximin et Constantin restèrent ou redevinrent Césars. La nouvelle Tétrarchie était alors : Galère, Licinus, Maximin, Constantin.

Ces changements politiques ne furent pas bénéfiques à nos frères chrétiens persécutés, bien que Licinus et Constantin aient plutôt été favorables à la vraie foi. Maxence tyran d’Occident et Maximin tyran d’Orient s’étaient liés d’amitiés et rivalisaient de méchanceté et d’ignominie : viols, meurtres, massacres, tortures, magie et invocations du démon étaient leurs passions.

Quant au tyran de l’Orient, Maximin, ayant lié secrètement amitié avec celui de Rome, comme avec un frère en méchanceté, il eut soin de cacher ce fait pendant très longtemps ; mais plus tard, l’homme fut découvert et subit un juste châtiment.
On pouvait admirer comment l’individu aussi présentait des traits de parenté, de fraternité, et, bien plus, comment il obtenait le premier rang de la méchanceté et le prix de la victoire en perversité devant le tyran de Rome. En effet les premiers des sorciers et des magiciens étaient jugés par lui dignes des plus hauts honneurs, car il était extrêmement craintif et très superstitieux, et il attachait une très grande importance aux erreurs relatives aux idoles et aux démons ; par exemple, sans divination et sans oracles, il n’était pas capable d’oser, pour ainsi dire, remuer même le bout du doigt. C’est pour cela qu’il s’appliquait à nous persécuter plus violemment et plus fréquemment que ses prédécesseurs.71

Mais si ces tyrans faisaient tremblés par leur méchanceté sans égale petit et grand de ce monde, il n’avait aucun pouvoir sur ceux qui ne craignent pas le glaive mais qui attendent en toute confiance le Saint Roi qui jugera ce monde. Les Saints qui firent honneur au Seigneur fut donc des plus nombreux à cette époque.

Une grande multitude d’autres, incapables d’entendre parler de la part des chefs des provinces d’une menace du déshonneur, subirent toute espèce de supplices et de tortures et la peine capitale. Elles aussi furent vraiment admirables.
Mais d’une manière encore supérieure, la plus admirable fut cette femme de Rome, réellement la plus noble et la plus chaste de toutes celles qu’essaya d’insulter Maxence, le tyran de ce pays et l’imitateur des actes de Maximin. Comme elle avait appris que ceux qui servaient le tyran pour de telles besognes se trouvaient chez elle—elle était chrétienne, elle aussi—et que son mari, qui était préfet des Romains, avait consenti par crainte à ce qu’ils la prennent et l’emmènent, elle demanda de l’excuser un peut de temps, comme pour se parer, entra dans son cabinet, et, une fois seule, se perça d’un glaive. Elle mourût aussitôt, laissant un cadavre à ses corrupteurs, mais elle fit savoir aux hommes de ce temps et à ceux qui devaient venir ensuite, par des actes plus éloquents que toute parole, que chez les chrétiens la vertu est la seule richesse qui ne peut être ni vaincue ni détruite.
Tel fut ainsi le débordement de méchanceté qui se répandit en un seul et même temps, de la part de ces deux tyrans auxquels étaient soumis l’Orient et l’Occident.72

Durant toutes les années de persécution, l’Empire ne cessa d’être ébranlés : trahisons, complots, meurtres rythmaient la vie politique romaine. Cette situation amena un semblant de guerres civiles où chacun se déclarait Auguste ou César et où les Césars marchaient contre les Augustes et les Augustes contre les Césars. Dans une Tétrarchie dominé par Galère, seul Constantin n’avait à subir aucune contestation à sa légitimité. Le 1er Mai 310, Maximin est reconnu Auguste par Galère, des mois après son auto proclamation comme tel. En Juillet de la même année, Maximien se suicide à Marseille et subit la « condamnation de la mémoire » sur ordre de Constantin contre qui il complotait.  Sa cruauté avait été si dure contre les enfants de Dieu que le Seigneur ne permit même pas qu’il soit reconnu comme noble par ses pères. Plus de sept ans après le début des persécutions, le juste châtiment de Dieu fondit sur celui qui dominait l’Empire. Mauvais génie de Dioclétien, dominateur des Césars, Auguste des Augustes, Galère n’était qu’un misérable être humain soumis à la Toute Puissance du Très Haut. Il contracta une des plus honteuses et misérables maladie de son temps, alors décrite en ces termes peu glorieux.

Un châtiment envoyé de Dieu l’atteignit donc, qui commença par sa chair même et qui progressa jusqu’à son âme. En effet, d’une manière soudaine, un abcès lui vint au milieu des parties secrètes du corps, puis un ulcère fistuleux au fondement, et le ravage inguérissable de ces maux passa à l’intérieur des entrailles où fourmilla une multitude innombrable de vers et d’où sortit une odeur de mort. Toute la masse de ces chairs produite par la gloutonnerie, et qui avant sa maladie pendait en un excès de graisse se mit à pourrir et à présenter à ceux qui approchaient un spectacle intolérable et très effrayant. Parmi les médecins, les un ne furent absolument pas capables de supporter l’étrangeté et l’excès de la mauvaise odeur, et furent égorgés ; les autres impuissants à secourir toute cette masse gonflée pour laquelle il n’y avait pas d’espoir de salut, furent mis à mort sans pitié. C’est en luttant contre de tels maux que cet empereur prit conscience des méfaits qu’il avait osé commettre contre ceux qui honoraient Dieu.73

Les derniers martyrs et la persécution de l’ombre

Se remémorant alors ses péchés et ses iniquités, sentant la mort s’approcher, Galère se souvint du Dieu Vivant, du Dieu des chrétiens persécutés et le 30 Avril 311 à Nicomédie, moins d’une semaine avant sa mort, il proclame son édit de tolérance espérant que les enfants du Christ intercéderont pour lui afin qu’il trouve la guérison.

L’empereur César Galère Valerius Maximianus, Invincible, Auguste, très grand souverain pontife, très grand Germanique, très grand Egyptiaque, très grand Thébaïque, cinq fois grand Sarmatique, deux fois très grand Persique, six fois très grand Carpique, très grand Arménique, très grand Médique, très grand Adiabénique, vingt fois revêtu de la Puissance Tribunicienne, dix-neuf fois salué Imperator, huit fois Consul, Père de la patrie, Proconsul,
Et l’empereur César Flavius Valérius Constantin, Pieux, Heureux, Invincible, Auguste, très grand Souverain Pontife, revêtu de la Puissance Tribunicienne, cinq fois salué Imperator, Consul, Père de la Patrie, Proconsul.
Parmi les mesures que nous avons prises pour l'utilité et l'avantage des peuples, nous avons d'abord voulu que tout soit redressé selon les lois anciennes et les institutions publiques des Romains et nous avons décidé que les chrétiens qui avaient délaissé la secte de leurs ancêtres pourraient revenir au bon sens. Mais, par suite de leur réflexion, un tel orgueil s'est emparé d'eux qu'ils n'ont pas suivi ce qui avait été établi par les hommes d'autrefois et ce que même leurs ancêtres avaient tout d'abord institué, mais ils se sont t'ait à eux-mêmes leurs lois, selon leur propos et comme chacun l'entendait, et ils ont observé leurs propres lois et ont rassemblé en différents lieux des foules différentes.
A cause de cela un édit de notre part a suivi pour qu'ils reviennent aux institutions de leurs ancêtres. Un très grand nombre ont été jetés en péril de mort ; un très grand nombre ont été inquiétés et ont subi toutes sortes de morts.
Et comme la plupart demeuraient dans la même folie, nous avons constaté qu'ils n'accordaient l'adoration qui leur est due, ni aux dieux célestes, ni au Dieu des chrétiens. Considérant notre philanthropie et la coutume constante en vertu de laquelle nous avons l'habitude d'accorder le pardon à tous les hommes, nous avons pensé qu'il fallait, sans aucun retard, étendre notre clémence même au cas présent, afin que de nouveau les chrétiens existent et rebâtissent les maisons dans lesquelles ils se réunissaient, de telle manière qu'ils ne fassent rien de contraire à l'ordre public. Par une autre lettre, nous indiquerons aux juges ce qu'il leur faudra observer. En retour, conformément à notre clémence, ils devront prier leur Dieu pour notre salut, celui de l'État et le leur propre, afin que de toute manière les affaires publiques soient en bon état et qu'ils puissent vivre sans inquiétude à leur foyer.74

Cet édit de Galère et Constantin fut transmis à Maximin, tyran d’Orient sur promotion de Galère à la tête de la province d’Egypte. Maximin ne put supporter pareils décisions mais il ne pouvait aller contre un édit de ses supérieurs. Aussi, il garda caché cet édit et se contenta de transmettre des ordres oraux à ses subalternes qui les mirent par écrit en ces termes :

C’est avec un zèle plein d’éclat de sainteté que la divinité de nos maîtres, les très divins empereurs, a décidé depuis longtemps déjà d’orienter les esprits de tous les hommes vers la voie sainte et droite de la vie, afin que même ceux qui paraissaient suivre une coutume étrangère à celle des Romains rendent aux dieux immortels les adorations qui leur sont dues. Mais l’opiniâtreté de quelques-uns et leur volonté très tenace s’en sont détournées à un tel point qu’ils n’ont pu ni être éloignés de leur propre détermination par la juste considération de l’ordre donné, ni être effrayés par le châtiment dont ils étaient menacés.
Comme cependant il arrivait que, par suite de cette manière de faire, beaucoup se mettaient eux-mêmes en danger, s’inspirant de la générosité naturelle de leur piété, la divinité de nos maîtres, les tout-puissants empereurs, a estimé qu’il était étranger à leur propre et très divine détermination de jeter les hommes pour un tel motif dans un aussi grand danger, et a ordonné d’écrire à Ta Perspicacité, par l’intermédiaire de Ma Dévotion, que, si quelqu’un des chrétiens est trouvé en train d’observer la religion de son propre peuple, tu lui épargnes embarras et danger, et ne regardes aucun d’eux comme punissable d’un châtiment pour ce prétexte. En effet, il a été établi par le cours d’un temps assez long, qu’aucun moyen ne peut les persuader de renoncer à une conduite si opiniâtre.
Ta Sollicitude doit donc écrire aux logistes, aux stratèges et aux préposés des pagi de chaque cité, afin qu’ils sachent que désormais il ne leur convient pas de se préoccuper de cet édit.75

La persécution s’arrêta net mais l’accalmie sera de très courte durée. En effet, Maximin ne put supporter l’ordre nouveau et la « tolérance » pris fin en même temps que l’été 311. Il recommença donc à tuer les chrétiens mais dût y renoncer rapidement afin de ne pas s’attirer les foudres de Constantin et Licinus. Saint Pierre d’Alexandrie est considéré comme le dernier des martyrs, juste récompense pour celui qui donna sa vie à honorer et fortifier ceux qui donnaient leur vie en sacrifice à l’Agneau Véritable. Il finit donc à son tour, le 26 Novembre 311, à offrir sa vie au Seigneur.

A cette même époque aussi, Pierre—qui présidait les chrétientés d’Alexandrie avec le plus grand éclat et offrait aux évêques un modèle divin par sa vie vertueuse et sa connaissance approfondie des Ecritures divines—fut arrêté et emmené sans aucune raison, contre tout attente ; et ainsi, sur le champ, sans jugement, comme sur un ordre de Maximin, il eut la tête tranchée. Avec lui, un grand nombre d’autres évêques d’Egypte endurèrent le même supplice.76

Mais la mort du saint patriarche et les pressions des empereurs légitimes de l’empire ne suffit pas à l’odieux Maximin. Afin d’augmenter un peu plus les blessures du Christ et de l’Eglise, il s’adjoignit les plus grands parmi les fourbes et les menteurs. Avec leur aide, il fit rédiger des pétitions municipales contre les chrétiens, il fit rédiger un des premiers textes apocryphes dit « de Pilate » et le fit apprendre par cœur dans les écoles.

Il n’hésitait pas à arrêter des personnes de mauvaises vies, prostitués, criminels et les convint, parfois par la force, à se déclarer chrétien et à porter faux témoignages sur le Christ et ses brebis. Puis, lorsque sa campagne de dénigrement connu une certaine maturité, toujours conseillé par ses devins et magiciens, il osa défier l’édit impérial du posthume Galère et prononça un édit qui en même temps de relancer les persécutions, fut son propre arrêt de mort.

Copie de la traduction en grec de la réponse de Maximin aux pétitions contre nous, telle qu’on l’a trouvée à Tyr sur une stèle à Tyr :
« Voici enfin que l’audace affaiblie de la pensée humaine s’est fortifiée, après avoir secoué et dispersé tout obscurité et ténèbres d’égarement, cet égarement qui tenait assiégés auparavant les sentiments de ces hommes moins impies que malheureux, en les enveloppant de l’ombre mortelle de l’ignorance. Ils savent à présent que la bienfaisante providence des dieux immortels gouverne et stabilise toute chose.
C’est une chose incroyable de dire à quel point ce nous a été une faveur, combien nous avons eu d’agrément et de douceur à vous voir donner une très grande preuve de vos pieux sentiments. Même avant cela, tout le monde sait quelle dévotion et quelle piété vous montriez à l’égard des dieux immortels. La foi que vous avez en eux ne se manifeste pas par de simples mots vides de sens, mais par une continuité merveilleuse d’actions remarquables.
Aussi est-ce à juste titre que votre ville peut être appelée le siège et la demeure des dieux immortels : il est évident, en tout cas, par de nombreuses preuves qu’elle est florissante grâce au séjour des dieux célestes.

Voici donc que votre ville, négligeant tous ses intérêts particuliers et méprisant les demandes intérieures concernant ses propres affaires s’est aussitôt réfugiée vers Notre Piété comme vers une métropole de toutes les religions, quand de nouveau elle s’est aperçue que ces hommes, remplis d’une vanité maudite, commençaient à ramper à la manière d’un bûcher négligé et assoupi, qui, lorsque les feux se rallument, s’élève en d’immenses incendies, et elle a demandé sans aucun retard guérison et assistance.

Il est évident que cette pensée salutaire vous a été inspirée par les dieux, à cause de la foi de votre religion. C’est à coup sûr ce Très Haut et Très Grand Zeus—lui qui préside à votre très illustre cité et préserve de toute corruption mortelle les dieux de vos ancêtres, vos femmes, vos enfants, votre foyer, vos maisons—qui a inspiré à vos âmes cette volonté libératrice ; ce fut lui aussi qui montra et manifesta combien il est excellent, splendide et salutaire de s’approcher, avec le respect qui leur est dû, du culte et des cérémonies sacrées des dieux immortels.

Qui trouvera-t-on, en effet, d’assez insensé, d’assez étranger à toute raison, pour ne pas comprendre que c’est par la sollicitude bienfaisante des dieux que la terre ne refuse pas les semences qui lui sont confiées et ne trompe pas par une vaine attente l’espoir des laboureurs ? ou que le spectre d’une guerre impie ne s’implante pas sans obstacle de la terre ? ou que, lorsque la température du ciel est corrompue, les corps desséchés, ne sont pas entraînés vers la mort ? ou que la mer, gonflée par les souffles de vents déchaînés, ne se soulève pas ? ou que des ouragans inattendus n’éclatent pas en excitant de funestes tempêtes ou que la terre non plus, la nourrice et la mère de toute chose, ne quitte pas ses bases les plus profondes pour s’enfoncer, dans un redoutable tremblement et que les montagnes qui s’élèvent au-dessus d’elle ne sont pas précipitées dans les abîmes qui s’ouvrent alors. Que tous ces maux se sont produits souvent avant ce temps-ci, et d’autres encore beaucoup plus redoutables, nul ne l’ignore.

Et tout cela est arrivé par la funeste erreur et la vanité creuse de ces hommes sans loi, quand cette erreur s’est multipliée dans leurs âmes et a pour ainsi dire accablé de ses hontes toutes les régions de la terre.

Qu’on jette maintenant les regards sur les vastes plaines : les moissons sont florissantes, les épis ondulent, les prairies, grâce à une pluie bienfaisante, sont émaillées d’herbes et de fleurs ; l’état de l’air qui nous ont donné est tempéré et très doux.

Que, du reste, tous se réjouissent de ce que, grâce à Notre Piété, à nos cérémonies sacrées, à l’honneur rendu aux dieux, la force très puissante et très ferme de l’air s’est adoucie ; et que, par suite, en jouissant de la paix la plus sereine d’une manière assurée et tranquille, tous soient heureux.
Et que tous ceux qui, après s’être totalement corrigés de cette erreur aveugle et de cet égarement, sont revenus à une pensée droite et très belle se réjouissent donc davantage, comme s’ils étaient délivrés d’un orage inattendu ou d’une grave maladie, et comme s’ils avaient cueilli pour l’avenir la douce jouissance de la vie.

Mais s’ils demeuraient dans leur exécrable folie, chassez-les, comme vous nous l’avez demandé, et éloignez-les bien loin de cette ville et de votre territoire. Ainsi, en conformité avec votre zèle digne d’éloge à cet égard, votre ville sera libérée de toute souillure et impiété, et, suivant son désir naturel, elle se rendra aux cérémonies sacrées des dieux immortels avec la vénération qui leur est due.

Et, pour que vous sachiez combien votre demande à ce sujet nous a été agréable, même en dehors de vos pétitions et en dehors de votre sollicitation, par l’effet de Notre Volonté et pour que vous sachiez combien notre âme est portée à la bienfaisance, nous accordons à Votre Dévotion telle grande faveur que vous voudrez nous demander, en échange de votre religieuse proposition.

Et maintenant consentez à agir de la sorte et à recevoir cette faveur, car vous l’obtiendrez sans aucune retard.
Cette faveur accordée à notre ville apportera pour toute l’éternité un témoignage de notre pieuse vénération à l’égard des dieux immortels ; et elle attestera à vos fils et vos descendants que vous avez obtenu de Notre Bienveillance de justes récompenses en raison des principes qui règlent votre conduite. »77

Alors que l’on n’avait pas encore eu le temps d’afficher l’édit de Maximin sur toutes les places publiques, celui qui tirait sa légitimité de son zèle pour ses statues, promettant jours de joie et d’abondance, dut subir de plein fouet des famines inattendues et des épidémies inguérissables sur tout son territoire. Un an n’était pas passé et les dégâts étaient d’une telle ampleur que Maximin avait déjà perdu sa légitimité devant son peuple. Pendant ce temps, les martyrs d’hier, aidaient, soignaient et réconfortaient leurs bourreaux de la veille, appliquant ainsi le commandement d’amour du Seigneur :

Mais je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. A qui te frappe sur une joue, présente encore l'autre ; à qui t'enlève ton manteau, ne refuse pas ta tunique. A quiconque te demande, donne, et à qui t'enlève ton bien ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux pareillement.78

Ainsi si Maximin était détesté, tous voyaient les œuvres des fils de la Lumière qui éclaire tout homme, et ils rendirent gloire au Dieu des chrétiens selon la parole du Seigneur :

Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux.79

Dans le même temps, Constantin et Licinus libéraient Rome et l’Italie du tyran Maxence, frère d’âme de Maximin. Mais ce dernier feignit l’amitié avec les vainqueurs et lorsque les justes empereurs proclamèrent les lois de totale tolérance envers les chrétiens, ils les transmirent à l’indigne empereur. Incapable de les admettre, il dut néanmoins autant par malice que par vice, assouplir sa persécution. Aveuglés par les serviteurs du démon, les magiciens et les devins en qui il avait toute confiance, Maximin poussa sa folie à la démence et viola les traités de partage avec Licinius lui déclarant ainsi une guerre qui lui sera fatale.

La fin de Maximin et des persécutions romaines

Eusèbe raconte la guerre de Maximin et le grand déshonneur qui s’en suivit. Perdant bataille après bataille, il fut à deux infimes doigts d’être capturer mais cet homme sans honneur et dignité abandonna les habits impériaux, revêtit ceux de tout à chacun et rejoignit lâchement ses terres près de Tarse dans l’espoir de reconstitué une armée suffisamment puissante pour venir à bout de Licinius dont il voulait les terres.

Enragé et plein de haines contre les serviteurs des démons, devins et oracles qui le conseillait depuis le début et lui avait assuré une victoire facile, il promulgua cet édit en faveur des chrétiens quelques jours avant de mourir empoisonnée dans la honte et le mépris de tous.

Copie de la traduction en grec de l’ordonnance du tyran en faveur des chrétiens :
« L’empereur César Gaius Valère Maximin Germanique, Sarmatique, Pieux, Heureux, Invincible, Auguste.
Que nous ayons eu de toute manière et d’une façon continuelle le souci de ce qui est utile à nos provinciaux et voulu leur procurer ce qui fait le bien de tous et tout ce qui est profitable et avantageux à leur communauté, ce qui s’harmonise avec l’intérêt général et se trouve concorder avec les pensées de chacun, c’est ce que personne n’ignore. Tout homme qui se rapporte aux faits, nous en sommes assurés, le reconnaît et a conscience que ce que nous affirmons est évident.
Or, avant ces temps-ci, il est devenu manifeste à notre connaissance que, sous prétexte que les très divins Dioclétien et Maximien nos pères avaient donné l’ordre d’interdire les assemblées des chrétiens, beaucoup d’extorsions et de confiscations ont été faites par des fonctionnaires et que, par la suite, ces sévices étaient de plus en plus exercés contre les habitants de nos provinces, eux pour qui surtout nous avons souci qu’ils trouvent la sollicitude qui convient, alors que leurs biens personnels sont détruits.

Nous avons donc adressé, l’année dernière, des lettres aux gouverneurs de chaque province et nous avons établi comme loi que, si quelqu’un voulait suivre de tels usages ou cette observance de la religion, il n’aurait aucun empêchement à réaliser son dessein, qu’il ne serait empêché ou entravé par personne et que tous auraient la facilité d’agir sans aucune crainte ou suspicion comme il plairait à chacun.
Du reste, il n’a pas pu nous échapper que quelques-uns des juges ont transgressé nos ordonnances et ont été cause que nos sujets ont hésité sur nos prescriptions et ne sont allés qu’avec beaucoup d’hésitation aux cérémonies religieuses qui leur plaisaient.
Donc, pour que désormais tout soupçon ou toute équivoque susceptible d’exciter la crainte soit enlevé, nous avons décidé de publier cette ordonnance afin qu’il soit manifeste à tous qu’il est permis à ceux qui veulent faire partie de cette secte et de cette religion, en vertu de notre présente faveur, selon que chacun le désire et l’a pour agréable, d’adopter cette religion qu’ils ont choisi de pratiquer à leur habitude. Qu’il leur soit aussi permis de bâtir leurs églises propres.
Nous avons donc décidé, pour que notre faveur soit encore plus grande, d’ordonner également ceci : Si des maisons ou des terres qui se trouvaient avoir appartenu en toute justice aux chrétiens avant le temps présent étaient, par suite de l’ordre de nos pères, tombées dans la possession du fisc ou avaient été prises par quelque ville – que ces biens aient été vendus ou donnés en présent à quelqu’un -, nous ordonnons qu’ils soient tous rendus à l’ancien domaine des chrétiens pour que tous prennent conscience en cela aussi de notre piété et de notre sollicitude. »80

On remarque la grande différence entre cet édit et le précédent. Vraiment qu’elle est grande la toute puissance du Seigneur, Lui seul est capable de rendre justice à ceux qui suivent ses voies.

De 303 à 313, en à peine une dizaine d’année, l’Eglise Copte vient de subir les plus sanglantes des vingt et une persécution dénombrée entre 303 et 641. De toute la chrétienté, l’Egypte a constamment été le laboratoire des persécuteurs et les coptes ont été les plus touchés par les massacres, tant en quantité qu’en qualité.

Les persécutions inaugurées par Dioclétien en 303 et qui ont duré jusqu’en 312/313 en Egypte, ont fait huit cent mille victimes. Mais c’est aussi sur le plan qualitatif que les douleurs des coptes furent immenses, intenses, inouïes. Comme beaucoup de martyrs chrétiens, les coptes d’Egypte ont dû traverser les mêmes épreuves que celles de la passion du Christ :
Calomnie : les chrétiens sont des misanthropes, « ennemis du genre humain » (odium generis humani).
Torture : le christianisme est en soi un délit incompatible avec les divinités de l’Etat ou plutôt avec la divinisation de l’Etat romain. Le mot « chrétien » est banni, « Vous torturez, dit Tertullien, les autres accusés pour les faire avouer et les chrétiens pour les faire nier.
Exhibition et flagellation dans les rues pendant de longues heures.
Supplice.

La spécificité du calvaire des coptes tient à la circonstance d’être exclue de la citoyenneté romaine étendue, en 212, par Caracalla, fils de Septime Sévère, à tous les habitants de l’Empire. Ils n’avaient donc pas droit à une mort rapide par décapitation, réservée aux citoyens romains. Si parmi les pérégrins, étrangers chez eux, quelques privilégiés, les honestiores, ont pu s’en tirer par la relégation, tel Denys, évêque d’Alexandrie (on le lui reprochera ensuite), la masse des classes inférieures et singulièrement les esclaves, ont dû subir, non seulement des exécutions qui étaient loin d’être sommaires mais aussi des supplices infamants : crucifixion, mise à mort avec des voleurs.
La mort des coptes devait être déshonorante et n’intervenir qu’au bout d’une longue agonie : lapidation, bêtes féroces, bûchers, empalés ou déchirés avec des ongles de fers ou rôtis. Les martyrs étaient plongés dans des chaudrons, leurs blessures arrosées de chaux vive ou enduite de miel puis exposés, jusqu’à la mort, au soleil et aux piqûres d’insectes. Et suprême raffinement « le condamné au bûcher, une fois attaché ou cloué sur une planche, parfois bâillonné pour que la mort soit plus lente, on allumait un feu autour de lui. »
Les égyptiens irréductibles qui professaient la foi chrétienne sans céder, sans fléchir ou se plier devant la contrainte, s’exposaient au martyre.81

L’année 313 marque définitivement la fin des persécutions romaines et ouvre le premier et seul siècle de paix au sein de l’Egypte chrétienne. Désormais avec la mort de Maximin et la déclaration de Milan de Licinus et du bienheureux empereur Constantin, une ère de paix et de grande effusion intellectuelle s’ouvre. Durant ce seul siècle de liberté religieuse, le clergé copte va illuminer toute la chrétienté de sa foi et va attiser toute les jalousies, mais c’est une autre histoire…

 

Notations :

58 Apologie de Tertullien

59 L’autel au milieu de l’Égypte, Bibliothèques Copte Orthodoxe

60 Correspondance de Saint Denys d’Alexandrie cité par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique VII

61 Correspondance de Saint Denys d’Alexandrie cité par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique VI

62 Épître a Diognète, V

63 Correspondance de Saint Denys d’Alexandrie cité par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique VI

64 Correspondance de Saint Denys d’Alexandrie cité par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique VII

65 Correspondance de Saint Denys d’Alexandrie cité par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique VII

66 Les Coptes, Laurence Albert, reprenant les informations d’Eusèbe de Césarée

67 Correspondance de Saint Denys d’Alexandrie cité par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique VIII

68 Histoire des Coptes d’Egypte par Magdi Sami Zaki, ed. de Paris

69 Discours de Saint Pierre d’Alexandrie, traduction Christian Cannuyer

70 Discours du Saint Evêque et Matyr Anba Psote, traduction Christian Cannuyer

71 Histoire Ecclésiastique VIII.14 Eusèbe de Césarée

72 Histoire Ecclésiastique VIII.14 Eusèbe de Césarée

73 Histoire Ecclésiastique VIII.16,17 Eusèbe de Césarée

74 Histoire Ecclésiastique VIII.17 Eusèbe de Césarée

75 Histoire Ecclésiastique IX.I Eusèbe de Césarée

76 Histoire Ecclésiastique IX.6 Eusèbe de Césarée

77 Histoire Ecclésiastique IX.7 Eusèbe de Césarée

78 Luc 6:27-31

79 Matthieu 5:16

80 Histoire Ecclésiastique IX.10 Eusèbe de Césarée

81 Histoire des Coptes d’Egypte, Magdi Sami Zaki