L’indifférence de Tibère

 

L’arrestation, la crucifixion et la résurrection du Christ créa une certaine agitation à Jérusalem et dans toute la Palestine où Il avait de nombreux disciples

Or à cette époque, dans tout l’empire romain, le gouverneur devait tenir informé le chef suprême de l’armée romaine de tout trouble dans les provinces de l’Empire. Ponce Pilate, gouverneur de Judée, responsable des garnisons en place et juge du Christ, informa donc l’empereur Tibère à Rome de l’existence de Jésus, roi des Juifs et Fils de Dieu.

Tibère ne comprit l’œuvre de Jésus que comme l’avènement d’une nouvelle divinité locale, or une loi antique ne permettait de déclarer aucun nouveau dieu sans l’approbation du Sénat. Tibère tenta bien de consulter l’assemblée mais elle ne se prononça pas favorablement et il resta sur son opinion première : une bienveillante indifférence.

Pour traiter de l’origine de telles lois, c’était un décret ancien qu’aucune divinité ne serait consacrée par l’empereur avant d’avoir été examinée par le Sénat. (…) Que chez vous la divinité soit accordée par une décision humaine, voilà qui est en faveur de notre cause. Si un dieu ne plaît pas à l’homme, il ne devient pas dieu : ainsi, du moins selon cette méthode, il convenait que l’homme fût favorable à Dieu. Tibère donc, sous lequel le nom des chrétiens entra dans le monde, ayant reçu, de Palestine où elle avait commencé, des informations sur cette doctrine, les communiqua au Sénat, en laissant entendre aux sénateurs que la doctrine lui plaisait. Mais le Sénat, parce qu’il n’avait pas lui-même vérifié ces faits, la repoussa : Tibère lui, demeura dans son opinion, menaçant de mort les accusateurs des chrétiens.14

Tibère  fut  un empereur intelligent, et si la Providence divine le fit fermer les yeux pour que le christianisme naissant ne rencontre pas de difficultés lors de son expansion, il fut cependant apprécié par ses sujets égyptiens.

Sous Tibère, l’administration romaine en Égypte fut exacte, et Philon en fait l’éloge.15

Les nombreux écrits de Philon nous ont fait parvenir les mesures prises par Tibère pour l’Égypte et qui furent si populaires. Il allégea les charges militaires, en réduisant la garnison à deux Légions et il simplifia les formalités de déclarations fiscales, instaurant un cycle administratif de quatorze ans.

Philon d’Alexandrie

Parmi les illustres contemporains de Tibère, Philon vivait à Alexandrie. Théologien juif de renom, il opta pour une lecture allégorique des Saintes Écritures et écrivit de nombreux textes dont beaucoup nous sont connus. Né entre 15 et 20 av. J.C., Philon connut la Bible des Septante dont de nombreux termes grecs sont communs aux épîtres de Saint Paul. Son œuvre théologique met en évidence le Logos dans le Torah, l’Ancien Testament actuel, qui n’est autre que le Verbe, le Messie, le Christ dans les lettres de Saint Paul.

Tous les passages possibles de l’Écriture sont ramenés à une figure principale : chez Philon, le Logos, chez Saint Paul dans sa lettre aux Hébreux, le Christ.16

Au cours du premier siècle, vers l’an 50, Philon va rencontrer une communauté d’hommes pieux vivant dans le désert. Il les nommera les ‘Thérapeutes’. Eusèbe de Césarée les identifiera comme chrétiens. Philon fera l’éloge de cette communauté dans plusieurs de ses écrits.

Le Juif Philon d’Alexandrie décrit vers 50 apr. J.C., une communauté d’ascètes, les « thérapeutes », qui vivaient à quelque distance de la métropole, dans le semi désert de Maréotide et qui font déjà penser à ce que seront les moines chrétiens. 17

Saint Stéphane le premier des martyrs

Dans le même temps à Jérusalem, les esprits s’échauffent autour de Stéphanos. Saint Stéphane ou Etienne (Stéphanos en grec et en copte) est un des sept diacres consacrés par les Saints Apôtres afin d’aider au service de l’Église. Saint Luc nous conte son arrestation et son martyr :

Plein de grâce et de puissance, Etienne opérait des prodiges et des signes remarquables parmi le peuple. Mais, sur ces entrefaites, des gens de la synagogue dite des Affranchis, avec des Cyrénéens et des Alexandrins, des gens de Cilicie et d’Asie, entrèrent en discussion avec Etienne et, comme ils étaient incapables de s’opposer à la sagesse et à l’Esprit qui marquait ses paroles, ils subornèrent des gens pour dire : « Nous l’avons entendu prononcer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. » Ils ameutèrent le peuple, les anciens et les scribes, se saisirent d’Etienne à l’improviste et le conduisirent au Sanhédrin. Là, ils produisirent de faux témoins : « L’homme que voici, disaient-t-ils, tient sans arrêt des paroles hostiles au Lieu saint et à la Loi ; de fait, nous lui avons entendu dire que ce Jésus le Nazôréen détruirait ce lieu et changerait les règles que Moïse nous a transmises. » Tous ceux qui siégeaient au Sanhédrin avaient les yeux fixés sur lui, et ils virent son visage comme le visage d’un ange.18

Ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles. Puis tous ensemble, ils se jetèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. Les témoins avaient posé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Tandis qu’ils le lapidaient, Etienne prononça cette invocation : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis il fléchit les genoux et lança un grand cri : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et sur ces mots il mourut.19

Si le christianisme était assez répandu à Jérusalem pour donner lieu aux premières persécutions, on remarquera que les alexandrins font partie des premiers juges de Saint Stéphane. Il parait donc très probable que des membres de la diaspora alexandrine faisant leur pèlerinage à Jérusalem aient rapporté dans leur patrie les premiers fragments de foi chrétienne. Certains se sont certainement même convertis. Or tout chrétien se donne pour mission de répandre, au moins dans son entourage, la parole du Christ. De cette manière se sont formées les premières familles chrétiennes d’Alexandrie.

Conversion signifie mission ; chaque chrétien se fait prédicateur et saisit la moindre occasion pour propager la Bonne Nouvelle. Certains se consacrent à l’évangélisation et vont de ville en ville, d’autres, tout en continuant à mener une vie plus ordinaire, n’hésitent pas à révéler sur la place publique le message de la nouvelle foi ou prêchent dans les synagogues qui leur réservent un accueil plutôt favorable.
Le développement du christianisme se fait principalement sur le mode de la contagion, par contact direct. L’attitude humble, vertueuse et charitable de nombre de chrétiens suffit mieux que de long discours à séduire les nouveaux adeptes.20

Apollos d’Alexandrie

Ces prémices du christianisme égyptien n’en sont pas moins marginaux, ce sont pourtant les premières apparitions de chrétiens dans le delta du Nil. La première figure emblématique du christianisme alexandrin se nomme Apollos. Abreuvé de la théologie et de la philosophie de Philon à Alexandrie, Apollos embrassera le christianisme à Éphèse comme le raconte Saint Luc dans ses Actes des Apôtres :

Un juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, était arrivé à Éphèse. C’était un homme savant, versé dans les Écritures. Il avait été informé de la Voie du Seigneur et, l’esprit plein de ferveur, il prêchait et enseignait exactement ce qui concernait Jésus, tout en ne connaissant que le baptême de Jean. Il se mit donc à parler en tout assurance dans la synagogue. Mais, lorsqu’ils l’eurent entendu, Priscille et Aquila le prirent avec eux et lui présentèrent plus exactement encore la Voie de Dieu. Comme il avait l’intention de se rendre en Achaïe, les frères l’approuvèrent et écrivirent aux disciples de lui faire bon accueil. Une fois arrivé, il fut, par la grâce de Dieu, d’un grand secours aux fidèles, car la force de ses arguments avait raison des Juifs en public, quand il parvenait par les Écritures que le Messie, c’était Jésus.21

Le christianisme précoce de l’Égypte

Sous Tibère, jusqu’en l’an 37 donc, le christianisme put se développer grâce à la Pax Romana et à la bienveillance de l’empereur. Suivant les voies sûres de l’Empire, il est très probable que l’un des premiers pays touché par le Parole du Christ après la Palestine fut l’Égypte. Pour nous en convaincre, sachons que Saint Paul se refusait toujours de bâtir sur les fondations d’autrui et bien qu’il fasse plusieurs voyages sur des bateaux alexandrins, il n’entreprit jamais de voyage en Égypte.

Sous Caligula (37-41), connu aussi sous le nom de Caius ou Gaius, de nombreux troubles impliquant les juifs eurent lieu à Alexandrie et à Jérusalem. Philon, dont la renommée n’est déjà plus à faire, défendit les juifs d’Alexandrie devant l’empereur et nous fait part des débats dont il fut témoin dans ses livres. Gaius, l’empereur qui se voulait Dieu, mourut assassiné en 41.

Son oncle Claude (41-54) lui succède. Il ramènera le calme et Alexandrie s’apaisa. Sous cet empereur, Hérode d’Agrippa, après avoir persécuté les apôtres, mourut dans de terribles souffrances en 43-44. C’est à cette même période que Saint Marc, alors compagnon de Saint Pierre, quitte Rome où il écrivit son évangile pour arriver en mission apostolique à Alexandrie où il fondera l’Église Copte.

En revanche, l’éclat de la piété brilla tellement dans les esprits des auditeurs de Pierre qu’ils ne tinrent pas pour suffisant de l’avoir entendu une fois pour toutes, ni d’avoir reçu l’enseignement oral du message divin, mais que, par toutes sortes d’insistances, ils supplièrent Marc, dont l’Évangile nous est parvenu et qui était le compagnon de Pierre, de leur laisser un monument écrit de l’enseignement qui leur avait été transmis oralement : ils ne cessèrent pas leurs demandes avant d’avoir contraint Marc, et ainsi ils furent la cause de mise par écrit de l’Évangile appelé « selon Marc ». L’apôtre, dit-on, connut le fait par une révélation de l’Esprit ; il se réjouit du désir de ces hommes et il confirma le livre pour la lecture dans les assemblées.22

L’importance de Saint Marc

Au-delà de l’évangile portant son nom, l’aura de Saint Marc dans le monde chrétien est, tout comme le christianisme en Égypte, précoce. Voici ce que la Tradition rapporte de lui :

Saint Marc l’Évangéliste, un des soixante dix disciples et rédacteur d’un des quatre Évangiles, naquit en Libye, trois ans après la naissance du Christ, de parents juifs qui s’établirent plus tard en Palestine. La maison de Saint Marc était celle où Jésus se réunissait avec les Apôtres et où Il célébra avec eux la Pâque. C’est aussi dans sa maison que les Apôtres étaient réunis lorsque le Saint Esprit descendit le jour de la Pentecôte. Ainsi la maison de Saint Marc est bien connue dans toutes les Églises Apostoliques comme la première église du monde.23

Évangéliste et Martyr

Les documents et textes strictement historiques concernant l’expansion du christianisme en Égypte sont bien rares mais de nombreux indices portent crédit à la tradition de l’Église en faisant un des nombreux fruits de l’apostolat de Saint Marc à Alexandrie. De ce fait, nous nous attacherons principalement à la version des historiens coptes pour comprendre comment l’Égypte, déjà précocement touchée, bascula toute entière dans le christianisme.

On dit que Marc fut le premier à être envoyé en Égypte, et qu’il prêcha l’Évangile et qu’il y établit des Églises, d’abord à Alexandrie même. Dès le début, dans ce pays, le nombre des croyants, hommes et femmes, fut si grand et leur manière de vivre si conforme à la sagesse et si ardente, que Philon jugea digne de mettre par écrit leurs exercices, leurs assemblées, leurs repas communs et tout le reste de la conduite de leur vie.24

La date exacte de l’arrivée de Saint Marc à Alexandrie n’est pas connue mais a été l’objet de longs débats entre historiens. Eusèbe de Césarée lui date l’arrivé de Saint Marc dans la ville phare de l’antiquité à 45, elle serait vraisemblablement situé entre 43 et 44. La tradition rapporte de son côté, qu’après avoir évangélisé le Pentapole et la Libye, Saint Marc arrive à Alexandrie en 61, ce qui pourrait tout autant être juste.

Une chose est sûre, Saint Marc vint à Alexandrie après de longs voyages et à son arrivée dans la métropole égyptienne, sa sandale se déchira. Il entreprit donc de la faire recoudre chez un cordonnier local.

Marc entra donc dans la boutique d’Annianus le cordonnier, et lui remit son soulier endommagé. Annianus entreprit aussitôt le nécessaire et tandis qu’il s’affairait, il se blessa gravement et s’évanouit en criant : « Dieu Unique, aide-moi. »

Saint Marc comprit l’appel divin et remercia le Seigneur. Il pria sur Annianus en disant : « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, un seul Dieu Vivant à jamais, guéris la main de cet homme pour que Ton Nom soit glorifié. »25 Annianus guéri immédiatement et stupéfait, il invita Marc chez lui aspirant à connaître le Dieu Unique.

Ainsi Marc, bâtit à Alexandrie la première église copte dans la maison du cordonnier. Il ordonna alors Annianus évêque. Il leur apprit la Sainte Messe en langue grecque, puis parcourant et évangélisant l’Égypte entière, la traduisit en copte. La Messe de Saint Marc fut alors transmise oralement de génération en génération jusqu’à Saint Cyrille Le Grand qui la mit par écrit. Elle est priée encore de nos jours dans l’Église Copte pendant la messe dite de Saint Cyrille.

Saint Marc partit alors rendre visite à ses fils dans la foi du Pentapole, comme il le leur avait permis, puis revint à Alexandrie en 64, affermir les fondations de la foi.

À son retour, après les martyrs de Saint Pierre et Saint Paul à Rome, il continua à diriger l’Église avec tant d’abnégation et de vigueur que les résultats furent impressionnants, rendant jaloux les adeptes de Sérapis, statue que divinisaient les alexandrins.

Si nous ne connaissons pas exactement en quelle année Saint Marc arriva sur les bords du Nil, nous connaissons au contraire assez parfaitement la date et les circonstances de sa mort.

Il arriva, qu’au jour de Pâques en l’année 68, les païens fêtèrent Sérapis en même temps que les chrétiens fêtèrent la résurrection de notre bon Sauveur. Les premiers, bouillonnant de jalousie, profitèrent de l’occasion pour subtiliser Saint Marc et le faire souffrir. Il mourut de leurs mains en martyr le 29 Barmoudah. 26

Saint Marc et les chrétiens célébraient la Pâque et cela tombait le jour même où les idolâtres fêtaient leurs dieux dans leurs temples.
Ces derniers furieux, rentrèrent à l’église et s’emparèrent de Saint Marc et lui mirent une corde autour du cou, et le traînèrent dans toute la ville. Saint Marc remerciait Dieu entre temps, car Il lui permit de souffrir en son nom. Quand la nuit tomba, ils jetèrent le saint en prison, car ils voulaient réfléchir à la façon dont ils pouvaient le faire mourir. Un tremblement de terre se produisit vers minuit. L’ange Michel descendit dans la cellule de Saint Marc et lui dit : « Toi Marc, serviteur de Dieu, ton nom est écrit dans le livre de la vie. Ton âme loue Dieu et ton corps ne mourra pas et restera sur terre. »
Le lendemain Saint Marc remercia Dieu et lui demanda de le rappeler à lui. A la levée du jour, ils reprirent le saint et lui remirent la corde autour du cou et le traînèrent à nouveau. Saint Marc remercia à nouveau Dieu, et dit : « Je remets mon âme entre tes mains ô mon Dieu, ô mon sauveur » puis il mourut.
Les gendarmes constatèrent la mort de Saint Marc et les idolâtres du temple vinrent brûler son corps. Ils jetèrent son corps dans un brasier, mais le Seigneur le sauva, car une grande tempête s’abattit sur la foule et une pluie diluvienne éteignit immédiatement le feu ! Le nom de Dieu fut ainsi glorifié devant la face du monde. Des chrétiens emportèrent le corps intact d’entre les cendres et l’ensevelirent à Alexandrie dans la grotte où Saint Marc avait l’habitude de prier.
L’Église fête la mémoire de Saint Marc, chaque année, le 30 Barmoudah du calendrier copte.27

Près du tombeau de Saint Marc furent ensevelis tous les patriarches qui lui ont succédé jusqu’à Saint Pierre, le dernier des martyrs en 311.

La mort de Saint Marc eut lieu à la fin du règne de l’empereur Néron, qui le premier, fit gravement souffrir les chrétiens jusqu’au martyr. Sous son règne moururent en martyrs, Pierre et Paul à Rome et Jacques, le frère du Seigneur, à Jérusalem. Annianus succéda à Saint Marc sur le siège épiscopal.

Dans la huitième année du règne de Néron, Annianus, le premier après Marc l’Évangéliste, reçoit la charge de l’Église d’Alexandrie. 28

On raconte qu’au IVe siècle, lorsqu’avec Constantin l’empire devint chrétien, les chrétiens d’Alexandrie abattirent la statue de Sérapis. Les rats et les cafards qui en sortirent eurent raison des derniers païens égyptiens.

Entre 815 et 828 selon les estimations, des pécheurs vénitiens volèrent les reliques de Saint Marc et les transportèrent à Venise. Elles furent entreposées dans la célèbre et magnifique cathédrale Saint Marc. Le pape de Rome Paul VI rétrocédera des éléments du corps à Sa Sainteté le Pape Cyril VI d’Alexandrie en 1975 à la demande de ce dernier.


Notations :
14 Tertullien, Apologétique V

15 Martiniano Pellegrino, Histoire de l’Église Copte

16 Martiniano Pellegrino, Histoire de l’Église Copte

17 A Christian Cannuyer, l’Égypte Copte

18 Actes 6:8-15

19 Actes 7:57-60

20 Laurence Albert, Les Coptes

21 Actes 18:24-28

22 Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique II.14

23 L’autel au milieu de l’Égypte, Bibliothèques Copte Orthodoxe

24 Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique II.15

25 Saint Marc l’Évangéliste,  Bibliothèques Copte Orthodoxe

26 Calendrier Copte, correspond au 16 Avril 68

27 Saint Marc l’Évangéliste, Bibliothèques Copte Orthodoxe

28 Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique II.24