Cette lamentation est un appel à la cour de justice du Seigneur.

Son occasion est un évènement qui est arrivé pendant la persécution de David par certains ennemis malicieux, peut-être Saül et ses hommes. Calomnié par ses ennemis brutaux, David s'évade vers le Seigneur, dans Son temple, à la fois pour sa sécurité personnelle et pour le jugement de la cause et pour une déclaration d'innocence. Hans Schmidt voit que la situation du psalmiste est comme il est envisagé dans 1 Rois 8:31 ff., où un homme qui a été accusé, quoiqu'innocent, demande, au Temple, le verdict de Dieu - qui le justifiera en établissant sa piété, et qui condamnera son adversaire qui l'a calomnié, en le punissant comme il le mérite.

David, comme homme pieux, transforme tout évènement de sa vie en une occasion de dévotion. Les paroles et les actions méchantes de Cusch envers lui l'incitent à prier et à chanter un hymne pour se consoler lui-même, et, par conséquent, animer l'église pour les siècles qui suivent.

Grandes Lignes:

1. Confiance et prière [1-2]

2. David l'innocent [3-5]

3. Lève-Toi, ô Eternel! [6-7]

4. Jugement Eschatologique [8-9]

5. La fin de la méchanceté [10-17]

Le Titre:  "Complainte (Shiggaion) de David, chantée à l'Eternel, au sujet de Cusch, Benjamite."

1. Le sens du mot "Shiggaion" est incertain:

a. Certains érudits présument un lien au terme Assyrien légu [=lamentation].

b. Certains voient qu'il signifie "pleurer à haute voix", étant en danger, en perplexité ou en peine sévère. C'est utilisé dans les psaumes seulement, et encore une fois au pluriel, "Shiginoth", dans Habakuk 3:1. Il y a une similarité frappante entre les deux fois. Les hauts pleurs dans la grande ode d'Habakuk ont lieu dans des circonstances similères à celles des pleurs dans le Psaume devant nous.

c. D'autres voient que "Shiggaion" veut dire "errer". Quatre explications sont offertes ci-dessous pour une telle interprétation:

+ Une [explication] est que cette composition est à être chantée sur un air errant, c'est-à-dire sur un air plein de variation dans le ton, temps et style d'exécution.

+ La seconde [explication] est que ce psaume est d'une mesure variée.

+ La troisième est que David a chanté à propos de ses propres vagabondages, mais si ça fait référence à son état instable dans le désert ou à une erreur quelconque ou vagabondage moral, est une question qui n'est pas établie.

+ La quatrième est que David parle des vagabondages ou des erreurs d'autres ayant affaire à lui.

d. D'autres voient que "Shaggion" veut dire un chant "charmant", très merveilleux et doux.

 

2. "Cusch": le fils aîné de Cham avait ce nom; mais la difficulté vient du fait que nulle telle personne n'est mentionnée dans l'histoire comme étant contemporaine de David. (3)

+ Selon St. Athanase et St. Basile le Grand, "Cusch" désigne "Huschaï" qui a dissuadé Absalom de suivre le conseil d'Achitophel. Huschaï était appelé le fils de la main droite (Benjamite) parce qu'il avait donné son amitié à Absalom pour le convaincre de ne pas se battre avec son père. Huschaï était une source de soutien pour David, se tenant à son côté et travaillant pour lui.

+ D'autres voient que "Cusch" fait référence à Schimeï, qui était en effet un Benjamite, qui a injurié David. Peut-être Cusch le Benjamite était un parent de Saül qui était un ennemi invétéré de David.

+ Comme "Cusch" veut dire "noir", certains érudits déclarent que "Cusch le Benjamite" veut dire Saül le Benjamite, dont l'âme à l'intérieur était dans les ténèbres à cause de sa malice. Historiquement, le Psaume peut être placé en connection avec 1 Samuel 24 et 28. Saül est un type prophétique de l'Antéchrist.

+ St. Jérôme voit que ce psaume fait référence aussi à la fois où Absalom s'était levé en révolte contre son père David. Cusch a vaincu le conseil d'Achitophel, le conseiller d'Absalom, et il a envoyé le dire à David (2 Rois 15-17), alors, David a chanté ce chant.

Confiance et Prière [1-2]

 

"Eternel, mon Dieu! Je cherche en toi mon refuge; Sauve-moi de tous mes persécuteurs, et délivre-moi." [1]

C'est la première fois dans le psautier que David adresse le Tout Puissant par le nom uni de "Jéhovah" et "mon Dieu". David, dans sa difficulté, voit son sévère ennemi comme un lion qui désire le déchirer [2], alors il offre la prière et la louange à Jéhovah, comme Dieu qui entre en alliance avec Son peuple pour le protéger. Jéhovah est le Dieu de tous comme Il l'est de David, qui s'occupe de chacun personnellement. Il est comme si David, le fidèle, disait à Dieu: "Tu es le Seigneur de toute l'Eglise, et surtout le mien. Tu es mon Dieu; alors, à qui irai-je sinon à Toi? Tu es mon Dieu et je suis Ton serviteur qui a le droit d'être protégé par Toi, mon bouclier et mon refuge."

La foi et la prière sont les clés par lesquelles les portes de la miséricorde de Dieu sont ouvertes et elles sont les bras par lequelsle croyant vainc une formidable tentation et triomphe de son ennemi spirituel. Aux temps de difficulté, le croyant s'enfuit toujours vers le Seigneur de toute l'Eglise et se réfugie en Lui, Lui qui donne un abri personnel et qui a le pouvoir de [le] délivrer de l'adversaire qui menace de le tuer. Il trouve toute suffisance et toute sécurité en Lui. Rien n'est plus sûr que l'énergie soutenante de Dieu à tous ceux qui comptent sur Lui.

Bien que plusieurs ennemis se tiennent contre David, un [d'eux] est distingué comme étant le plus important, et il est comparé à un lion déchirant sa proie en pièces [1,2]. Comme jeune berger, l'image d'un lion terrible déchirant un agneau ou un mouton en pièces est familière à David, depuis son enfance (1 Sam. 17: 34-35). Ici, le lion est Satan, l'adversaire de tous les êtres humains. Il est un lion rugissant, un accusateur, un menteur et le père du mensonge, l'ancien serpent, le prince du pouvoir de l'air, le dieu de ce monde, le prince des ténèbres, l'esprit qui travaille maintenant dans les enfants de la désobéissance et nul ne peut le résister effectivement. La protection du Seigneur est le seul et le dernier espoir de délivrance qui reste à David. Les mots que le psalmiste prononce sont ceux d'un homme secoué par une terreur mortelle, qui tremble et a le souffle court, mais ils sont en même temps les mots d'un homme défendu par le sentiment qu'en Dieu il trouvera un endroit de sécurité en qui il peut avoir confiance (4). Car il est pour la gloire de Dieu que ceux qui sont sans défense sont aidés.

La persécution a commencé avec Caïn et elle a été poursuivie par des hommes méchants dans les ages qui ont suivi. L'église, comme Daniel, vit dans une fosse aux lions. Ils sont rugissants toujours et partout, attendant de tuer le juste. Mais, appeler Dieu la mène (l'église) à un refuge sûr.

Au milieu du stress et de la multiple opposition, David voit seulement cet adversaire dangereux, voulant "déchirer" son âme. Il n'est pas alarmé de perdre son trône, ni de souffrir de la peine physique, mais il craint que son âme perde la foi et la vie éternelle!

L'adversaire avait saisi l'âme du premier Adam et il l'avait soumis [à lui]. Maintenant, il semble croire à son pouvoir et à sa capacité de saisir l'âme du Second Adam, qui agit pour toute l'humanité et qui est le Sauveur de tous, mais il échouera. Au jardin de Gethsémané, Jésus appelle le Père pour nous soulever au temps de stress, et, en entrant dans les Enfers, Christ en secoue les coins et libère toutes les âmes captives.

L'ennemi du bien est un lion rugissant qui cherche uniquement la destruction des âmes, alors que Christ est le lion venant de Juda pour sauver et libérer les âmes par Son sang précieux.

+ L'apôtre dit, "Votre adversaire, le diable, rode comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. " (1 Pierre 5:8). Alors, après que le Psalmiste dit, au pluriel, "Sauve-moi de tous mes persécuteurs", il continue au singulier, disant, "afin qu'ils ne me déchirent pas (qu'il ne me déchire pas), comme un lion." Remarquez qu'il ne dit pas, "afin qu'ils ne me déchirent pas." Il sait qui est cet ennemi et cet adversaire de l'âme parfaite… Si Dieu ne rachète pas ni ne sauve, le diable saisira sa proie.

St. Augustin

David l'Innocent [3-5]


David, qui est poursuivi par un ennemi, se réfugie en Dieu et, dans la Maison de Dieu, se soumet à "un serment de disculpation". Il jure qu'il est innocent [4,6; 1 Rois 8:31,32], pas de tous les péchés, mais seulement des crimes dont il est faussement accusé. Il est accusé d'un dessein perfide contre la couronne et la vie de Saül. Comme Job (Job 31:1 ff.), David fait le grand serment de purgation, dans un dernier effort gigantesque de laisser parler sa bonne conscience, et il invoque audacieusement le jugement de Dieu, car il ne connaît aucune autre solution que celle de chercher le verdict de Dieu. Il prie pour [obtenir] le soulagement, pour que Dieu soit glorifié en sa propre justification.

Celui qui souffre innocemment n'a besoin d'avoir peur de rien, car il sait que Dieu écoute sa prière, éloigne ceux qui s'opposent à lui et qu'Il s'occupera des persécuteurs méchants (2 Thess. 1:4-8). Puisque David a une conscience tranquille, surtout dans son traitement de ses ennemis, il n'a pas peur de demander le jugement du ciel. Dans ce contexte, St. Paul dit: "Car ce qui fait notre gloire, c'est ce témoignage de notre conscience, que nous nous sommes conduits dans le monde, et surtout à votre égard, avec sainteté et pureté devant Dieu, non point avec une sagesse charnelle, mais avec la grâce de Dieu." (2 Cor. 1:12). St. Jean dit aussi: "Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance devant Dieu." (1 Jean 3:21). Une personne qui jouit d'une juste conscience en Dieu n'a pas peur de l'opposition des hommes, mais, plutôt, elle se confie à Dieu, le chercheur de nos profondeurs. Cette personne peut souffrir souvent de la pression, mais elle croit en Celui qui justifie et glorifie Ses enfants.

Parce que David n'a pas méprisé les commandements de Dieu, et, par conséquent, a aimé ses ennemis sans malice ni pensée méchante, il est confiant qu'il ne souffrira aucune condamnation ni malédiction, et que ses prières seront écoutées.

Selon St. Jean Chrysostome, il y a six conditions nécessaires pour qu'une prière soit écoutée (5):

  • Le suppliant mérite d'atteindre ce qu'il a demandé.
  • Sa pétition est en accord avec la loi de Dieu.
  • Sa persévérance.
  • Il ne demande rien de terrestre.
  • Il lutte pour atteindre une vie vertueuse.
  • Sa pétition est en accord avec la volonté de Dieu.


Le psalmiste déclare son innocence devant le Seigneur, en disant:

"Eternel, mon Dieu! Si j'ai fait cela, s'il y a de l'iniquité dans mes mains, si j'ai rendu le mal à celui qui était paisible envers moi, si j'ai dépouillé celui qui m'opprimait sans cause, que l'ennemi me poursuive et m'atteigne, qu'il foule à terre ma vie, et qu'il couche ma gloire dans la poussière!" [3,4]

David avait Saül deux fois complètement sous son pouvoir. Premièrement, à En-Guédi, ensuite à la fosse de Ziph, mais il n'a fait mal à même pas un cheveu de sa tête, ni n'a permis à quelqu'un d'autre de lui faire du tort. Sans doute, il traiterait de même tout autre ennemi, avec de la vraie bienveillance biblique (1 Sam. 24,26). Le sens est donc: Si je suis l'homme coupable qu'ils disent que je suis, oui, si je ne suis pas bienveillant même à mes plus grands ennemis, "que l'ennemi persécute mon âme" [5]. Si Cusch peut justifier son accusation, que le plus mauvais m'arrive, ce que mon ennemi désire - qu'il prenne ma vie - coupe mon existance - et qu'il couche ma gloire dans la poussière [5] (6).

+ Car, où est la gloire si nous ne faisons pas du tort à celui qui ne nous a pas fait de tort? Mais c'est de la vraie vertue de pardonner quand on est offensé. (7)

St. Ambroise

+ Moïse était fort patient, plus qu'aucun homme sur la face de la terre (Nombres 12:3) et David était extrêmement patient (Ps. 131:2). Par conséquent, Paul nous exhorte comme suit: "Or, il ne faut pas qu'un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire, être affable pour tous, propre à enseigner, doué de patience; il doit redresser avec douceur les adversaires (2 Tim. 2:24,25). Ne cherchez pas à vous venger de ceux qui vous ont fait du tort, car (la Bible) dit: "Si j'ai dépouillé celui qui m'opprimait." [4] Faisons donc d'eux des frères par notre bienveillance. (8)

St. Ignatius d'Antioche

+ "Si j'ai rendu le mal pour le mal, que je tombe sans défense devant mes ennemis." [4] Que veut dire "que je tombe"? Tant qu'un homme se tient [debout] sur ses pieds, il a le pouvoir de résister à ses ennemis, il frappe et est frappé, il gagne la victoire ou il est vaincu, mais il se tient toujours [debout] sur ses pieds. Si, au contraire, il perd sa prise de pied et s'il tombe, s'Il est étendu par terre, comment peut-il continuer à lutter contre ses ennemis? Il faut donc que nous prions avec ferveur pas seulement de peur que nous tombions devant nos ennemis, mais aussi de peur que nous tombions sans défense… Nous prions que l'adversaire nous jette ainsi par terre si nous rendons le mal pour le mal.

Nous prions, pas seulement pour cela, mais nous ajoutons, "qu'il foule à terre ma vie"[5]. Que voulons-nous dire par notre vie? Notre capacité d'agir justement doit nous inciter à demander que notre vie soit foulée à terre, pour que nous devenions complètement terrestres, puisque toutes nos pensées et nos actions sont terrestres.

"Qu'il couche ma gloire dans la poussière!"[5]. Quelle est cette gloire de la nôtre si ce n'est la connaissance générée dans l'âme qui obéit aux commandements?!…

Nous nous maudissons nous-mêmes si nous rendons le mal pour le mal… pas seulement par l'action, mais aussi par les paroles et l'attitude… Car il y a des fois où une personne, soit par son attitude, ses mouvements ou ses regards, trouble son frère - et le fait exprès - pour rendre le mal pour le mal. Une autre peut ne pas rendre le mal pour le mal par ses actions, ses paroles, son attitude ou ses mouvements, mais en blessant le coeur et en entretenant en elle du ressentiment contre son frère… Une autre peut entendre que quelqu'un a ennuyé son ennemi, ou s'est opposé à lui, ou, en même temps, l'a calomnié, et alors elle est contente de l'entendre; il est donc clair qu'elle aussi rend le mal pour le mal dans son coeur. (9)

Père Dorotheos de Gaza

+ Voyez à quelle sorte de malédiction un homme se condamne lui-même s'il méprise les commandements de Dieu concernant aimer ses ennemis, et s'il n'a pas peur d'entretenir de la haine dans son coeur.

+ Aussi souvent que nous répétons ces mots, que nous ne semblons pas prononcer une malédiction terrible contre nous-mêmes. Ne rendons le mal pour le mal à personne. (10)

Père Caesarius D'Arles

La mort, selon David, est un mal - qu'il foule à terre ma vie [5] - mais coucher sa gloire dans la poussière est un plus grand mal.

Lève-Toi, ô Eternel! [6-7]


"Lève-toi, ô Eternel! Dans ta colère, Lève- toi contre la fureur de mes adversaires, Réveille-toi pour me secourir, ordonne un jugement!
Que l'assemblée des peuples t'environne! Monte au-dessus d'elle vers les lieux élevés!" [6-8]

Notez que dans les liturgies récitées dans les fêtes de la Croix, les psaumes où les mots "Lève-toi" sont utilisés sont choisis. Ceci indique considérablement comment l'Eglise aspire au Christ qui est levé sur la Croix pour détruire Satan, l'ennemi, et pour accorder la victoire à Son peuple et l'honneur à Son Père. Là, le psalmiste signifie la crucifixion du Seigneur, "Lève-toi", Sa résurrection, "Réveille-toi", et Son ascension, "Monte au-dessus d'elle." Il fait cela avant de parler du jugement ou de l'éternelle condamnation.

Le psalmiste dit au Seigneur, "Lève-toi". Pourtant le Seigneur ne dort jamais (Ps. 121:4). Pendant les temps de stress, nous croyons que le mal est le plus fort, et, par conséquent, nous crions au Seigneur en utilisant les mêmes mots du psalmiste. Ils indiquent de l'impatience angoissée à cause de l'inaction du Seigneur en face d'un grand besoin [de Lui]! La prière du psalmiste montre son grand besoin aussi bien que son incapacité de se sauver lui-même. Alors, il implore Dieu de se lever et de résoudre la situation qu'il affronte (11). Ce cri est associé à l'arche de l'alliance et à son symbolisme de la présence de Dieu au milieu de Son peuple au désert, et plus tard pendant les temps de guerre (Nombres 10:35; Ps. 68:1; 1 Sam. 4:1-4), et c'est associé à l'action de Dieu pour ceux qui sont sans défense (Esaïe 51:17).

"Lève-toi, ô Eternel!" Ce n'est pas notre affaire de décharger du jugement sur un ennemi. Nous avons un évangile avec un message positif et un message qui apporte une bénédiction. Un Chrétien doit être tout le temps au dessus des jalousies et des calomnies mesquines. Il ne doit jamais devenir moins exigeant dans ses principes et se défendre en utilisant les mêmes moyens que l'ennemi avait utilisés en l'attaquant. S'il faut utiliser une épée, si un jugement doit être fait, que le Seigneur le fasse. C'est Lui qui Se lève pour juger les hommes et le monde entier avec justice. (12)

Dans son extrême chagrin, le psalmiste semble penser que le Juge avait temporairement quitté la cour. Par conséquent, il plaide qu'Il se lève pour prononcer un verdict dans sa cause. David confie tout aux mains du Seigneur et attend Son jugement. Le silence de Dieu montre Son extrême patience, mais si les méchants mal interprètent cela et piétinent Ses saints, le Seigneur se lèvera sûrement et les mènera au jugement.

+ Puisqu'ils ne T'ont pas reconnu dans Ta bonté, qu'ils Te connaissent à travers Ta colère. "Lève-toi contre la fureur de mes adversaires" [7]; le psalmiste plaide pour ses ennemis que Dieu soit glorifié dans la terre de ses ennemis. Quand ils cesseront d'être des ennemis, Toi, ô Seigneur, Tu seras exulté parmi eux. (13)

St. Jérôme

+ Sûrement, dans ce psaume, l'âme prie, pas contre les hommes, mais contre le diable et ses anges. Les pécheurs et les impies appartiennent à cette catégorie. Alors, c'est un signe de piété, pas de colère, quand quelqu'un implore le Seigneur qui corrige et justifie les impies (Rom. 4:5), pour priver le diable de sa proie. Car, justifier l'impie veut dire le faire passer de l'impiété à la sainteté, et de l'état d'être la possession du Diable à celui d'être un temple de Dieu.

St. Augustin

Il est comme si le psalmiste criait à Dieu, le Juge et le Sauveur, Le suppliant de condamner l'état d'inimité et de mal, et par conséquent de détruire la méchanceté des méchants, ensuite de les transformer en Sa piété, par le pouvoir de Sa Croix et de Sa Résurrection. C'est cela le sens de "Lève-toi contre la fureur de mes adversaires" [6], c'est-à-dire perce Ta Croix dans leurs coeurs, que Ton sang remplisse leurs coeurs, les purifiant et transformant leur terre obscurcie en Ton Royaume céleste, où il y a la lumière et la joie. Ainsi, le Seigneur réunira Ses membres saints, "Que l'assemblée des peuples T'environne", et ils deviendront Ton église où il n'y a aucun défaut ni haine.

Lève-toi, ô Seigneur, sur la Croix et sur la terre de l'ennemi et transforme-le en un ami, ou même rend-le une épouse sainte pour Toi. Réveille-Toi, ô Seigneur, d'entre les morts, d'entre les hommes morts par le péché, pour créer d'eux l'église vivante, qui vit à cause de Ta présence en elle. Retourne en haut et monte aux cieux, pour que tous montent avec Toi, Toi qui es vraiment le premier-né.

St. Jérôme, en commentant sur les mots "Lève-toi, ô Eternelle… que l'assemblée des peuples t'environne." [7,8], dit que notre Seigneur est glorifié à travers Sa résurrection.

+ En fait, voici ce que nous disons: Tu as souffert pour nous; Tu as été crucifié pour nous; lève-Toi et sauve nous… Lève-Toi pour qu'une grande assemblée croit en Toi, car, après que Tu sois ressuscité, pour quoi d'autre prierions nous? Retourne au Père. "Monte au dessus d'elle vers les lieux élevés." [7] Pour qui? Pour l'assemblée des peuples. En souffrant, Tu as souffert pour nous; en ressuscitant, Tu es ressuscité pour nous; en montant au Père, monte pour nous. "Monte au dessus d'elle vers les lieux élevés." "Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel." (Jean 3:13) (14).

St. Jérôme

C'est la prière de David pour Ses ennemis. Il souhaite voir le Sauveur glorifié en eux. Il souhaite qu'Il détruise le mal qui est en eux par le pouvoir de Sa Croix, pour qu'ils soient levés et pris au ciel avec eux. Cette prière est en accord avec la Volonté Divine, puisque David dit, "… ordonne un jugement." [6] Donc, le psalmiste prie en accord avec les plans de Dieu pour le salut et l'amour pour l'humanité. St. Jean dit aussi, "Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute." (1 Jean 5:14) La volonté divine de Dieu est si claire dans Son désir de sauver l'humanité par Sa Croix, et dans Son souhait de partager Sa gloire céleste avec Son peuple!

Jugement Eschatologique [8-10]:


"L'Eternel juge les peuples: Rends-moi justice, ô Eternel! Selon mon droit et selon mon innocence!" [8]

Puisqu'en ce cas David était innocent, il a demandé au Seigneur de scruter les profondeurs de son coeur.

+ Notez comment cette âme, qui est en un état d'innocence, n'a pas peur du Jour du Jugement. Elle est, en effet, capable de prier, avec un désir sans anxiété: "Que Ton règne vienne" (Matthieu 6:10)…

Juge-moi, ô Seigneur, selon mon innocence, puisque mon droit et mon innocence viennent d'en haut… "Tu fais briller ma lumière." (Ps. 18:28)… Juge-moi selon la flamme qui vient d'en haut, qui ne trouve pas son origine en moi, mais qui brille en moi parce que Tu l'as allumée.

St. Augustin

Le prophète David, qui implore Dieu dans ce psaume de le justifier, implore dans un autre psaume que Dieu ne le juge pas, parce que personne ne peut être juste devant Dieu. Ce pour qui il prie ici, pourtant, n'est pas que Dieu conçoive sa propre piété ou sa pureté, car ceci serait vain, mais Dieu pourrait le justifier contre ses faux accusateurs qui ont mal interprété ses actions. C'est pour cela qu'il a recours à Lui comme juste Juge, qui sonde le coeur et les reins. [9] Il est le Feu qui consume le mal et défend la vérité: "Mets un terme à la malice des méchants et affermis le juste." [9]

St. Jérôme commente sur ces versets où le psalmiste prie que Dieu le juge selon son droit [8], en disant: [David ne peut pas s'être désigné lui-même par ces mots: ces mots indiquent convenablement le Sauveur sans blâme, qui n'a jamais péché.] Vraiment, ils sont les mots du Christ Ressuscité et monté aux cieux!

La fin de l'iniquité [9-17]:


"Mets un terme à la malice des méchants et affermis le juste." [9]

Origen note que David prie Dieu de détruire le mal pour que le pécheur soit libéré du Malin et pour qu'il devinne un ami juste, marchant sur la droite voie.

David demande à Dieu de détruire l'iniquité des pécheurs et d'affermir le juste. Il croit que l'iniquité sera vaincue pour de bon et complètement, et que Dieu cherche à être réconcilié avec le pécheur, mais pas avec son péché ou son iniquité.

Autrement dit, David ne prie pas pour la destruction des méchants, mais pour la destruction du mal qui est en eux. Il ne prie pas Dieu d'anéantir ses ennemis, mais de mettre fin à leur inimité, pour qu'ils deviennent bons. En plus, il prie pour l'établissement des justes.

Par l'action rédemptrice de notre Seigneur, Sa crucifixion, Sa résurrection et son ascension, il prévaut sur les méchants qui alors se repentent et retournent à Dieu, ou qui sont à la fin condamnés au Dernier Jour.

"Toi qui sondes les coeurs et les reins, Dieu juste!" [9]

Dieu n'a pas besoin de temoins le jour du jugement, parce qu'Il sait les plus intimes secrets du coeur, des sentiments, des émotions et des pensées. Il sait les passions et les concupiscences du corps… tout est dévoilé et nu devant Lui, et, par conséquent, Son jugement est juste.

+ "… le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres." (1 Cor. 4:5) Ceci sera effectué par Christ; parce qu'Il est la Lumière (Esaïe 42:6), car Christ se déclare Lui-même comme une lampe, "sondant les coeurs et les reins." (15) [9]

Tertullien

Au dernier jour, tout mal aura fin. Ceci ne sera pas accompli maintenant à cause de la nature très patiente de Dieu. Ainsi, Il accorde à tous la chance de se repentir et de retourner à Lui.

Le psalmiste dit, "Dieu est un juste juge, fort et patient, qui n'inflige pas la vengeance chaque jour." [11]

Le psalmiste, qui demande à Dieu de le justifier selon son innocence, sait que lui-même, avec ses ennemis, ont besoin de l'extrême patience de Dieu. S'Il infligeait la vengeance chaque jour, personne ne serait sauvé.

+ "Dieu est un juste juge, fort et patient, qui n'inflige pas la vengeance chaque jour." [11] Mais si nous abusons de son extrême patience, viendra un temps où Il ne sera plus patient, même pas un peu, mais Il infligera la peine tout de suite. (16)

+ Ici sur terre, il y a la chance de se repentir. Il est extrêmement patient, alors, Il te mènera au repentir. Mais si tu continues à pécher, tu t'accumuleras la colère [de Dieu] après ta dureté et ton coeur impénitent. (17)

St. Jean Chrysostome

Ainsi, le Psalmiste est conscient de la nature extêmement patiente de Dieu, qu'Il montre même envers les méchants. Pourtant, il ne faut pas que nous soyons négligents, car Il a préparé un glaive et un arc pour détruire les méchants: le glaive pour être utilisé pour frapper un but qui est proche, alors que l'arc est pour la longue portée.

"Si le méchant ne se convertit pas, il aiguise son glaive,
Il bande son arc, et il vise;
Il dirige sur lui des traits meurtriers;
Il rend ses flèches brûlantes." [12,13]

En effet, l'arc et le glaive ont été tous les deux utilisés dans la mort de Saül. (1 Sam. 31:3,4) Les deux font référence à Dieu Lui-même, car sa justice est tranchante et mortelle comme un glaive, et elle est percante et violente comme les flèches de la guerre. Dieu a préparé Son glaive et Il l'a rendu prêt à frapper le coeur et la conscience endurcis. En faisant cela, Il menace et incite le pécheur à se repentir. Car Dieu souhaite utiliser Ses flèches enflammées pour brûler le péché, mais pour sauver le pécheur. Par le glaive de Dieu, ou par Sa Parole, le péché est détruit et le pécheur devient pieux par la grâce divine.

St. Augustin déclare que l'arc [12] est la Parole de Dieu. Il dit:

+ Cet arc évident dans la force du Nouveau Testament est semblable à des cordes… cet arc a lancé les disciples comme des flèches, c'est-à-dire a envoyé des pasteurs de la parole divine. Ces flèches ont été dirigées vers ceux qui sont enflammés. Autrement dit, vers ceux qui seraient enflammés par l'amour de Dieu quand ils seront percés par elles. De quelle flèche l'âme de celle qui a dit: "Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins, fortifiez-moi avec des pommes; car je suis malade d'amour" (Cantique 2:4) a-t-elle été percée? Quelles autres flèches peuvent enflammer un homme qui a décidé de retourner à Dieu, qui a cessé d'errer et qui supplie d'être aidé contre les langues trompeuses, en disant: "Que te donne, que te rapporte une langue trompeuse? Les traits aigus du guerrier, avec les charbons ardents du genêt." (Ps. 120:3,4) Il est comme si le Psalmiste disait: "Si tu es percé par ces traits et si tu es mis en feu par ces charbons, tu seras enflammé par un amour si grand du royaume des cieux que tu mépriseras les langues de tous ceux qui te résistent et qui te détourneraient de ton but.

St. Augustin

Ces deux verset [12,13] peuvent, au contraire, faire référence au diable, ou au danger d'être sous son pouvoir si une personne ne se repent pas et ne renonce pas à ses méchancetés. Satan a ses arcs déjà prêts pour nous capturer et nous abattre. Ceci explique la raison pour laquelle le psalmiste dit: "Voici, le méchant prépare… le néant." [12], et St. Paul dit que les traits de Satan sont enflammés (Eph. 6:16) Il est comme si la personne méchante donnait à Satan la chance de remuer son coeur avec des passions et des concupisences méchantes. Elle devient un proie au lion qui prépare une fosse profonde pour elle et qui l'accompagne même dans l'enfer.

Dans verset [14], le méchant est comparé à une femme enceinte qui conçoit à travers l'union avec le péché. Elle subit la souffrance dans l'espérance d'enfanter un enfant sain, qui serait la cause de joie, mais elle conçoit la "malice" et le "mensonge".

"Voici, le méchant prépare le mal, il conçoit l'iniquité et il enfante le néant." [14]

Une personne qui est unie à Jésus-Christ conçoit le fruit de l'Esprit: l'amour, la joie et la paix… (Gal. 5:22) et elle enfante la vérité. Mais une personne qui est unie à Satan conçoit les mensonges, la déception, la violence et l'anxiété.

+ Tout homme conçoit, personne ne peut exister sans conception, mais certains conçoivent du Christ, alors que d'autres conçoivent du diable. Il est dit de ceux qui conçoivent du diable: "[Il] conçoit l'iniquité, et il enfante le néant" [14]; mais, de ceux qui conçoivent par le Saint-Esprit, il est écrit: "Nous avons conçu, nous avons éprouvé des douleurs, enfantant l'esprit de votre salut" (cf. Esaïe 26:18) (18).

Père Caesarius d'Arles

Le Psalmiste compare aussi le malin à un homme qui a creusé une fosse pour son frère, mais qui y est tombé lui-même, disant:

"Il ouvre une fosse, il la creuse, et il tombe dans la fosse qu'il a faite." [15]

+ N'ouvre donc pas ta mare, ne creuse pas avec les vices et les crimes de peur que quelqu'un ne dise: "Il ouvre une fosse, il la creuse, et il tombe dans la fosse qu'il a faite." [15] (19)

St. Ambroise

Pendant que le méchant est occupé à préparer une fosse, alors qu'il y travaille encore, il tombe dedans. David montre que le péché contient en lui-même sa propre récompense, alors que la piété, aussi, contient sa propre récompense. La Sainte Ecriture montre que le péché est générablement considéré comme ayant des conséquences de châtiment propre (lex talionis):

"Celui qui creuse une fosse y tombe, et la pierre revient sur celui qui la roule." (Prov. 26:27)

"Celui qui renverse une muraille sera mordu par un serpent." (Eccl. 10:8)

"Je ferai retomber leurs oeuvres sur leur tête." (Ezéchiel 22:31)

"Pour aller après des choses de néant et n'être eux-mêmes que néant." (Jér. 2:5)

+ Creuser une fosse c'est préparer un piège, en s'ouvrant soi-même à des affaires banales, en se prenant, soit disant, soi-même en piège et en se trompant soi-mêmes et en trompant les autres.

Le pécheur creuse cette fosse quand il ouvre son âme à des suggestions méchantes et à l'avidité et la convoitise de ce monde. Il la creuse quand, l'ayant fait, il continue vers la déception actuelle.

St. Augustin

Abbé Sérénus (2) dit que les diables luttent contre les hommes, non sans effort de leur part, pour assurer la victoire sur eux. Mais, la même confusion qui nous attendait si nous étions battus par eux, est jetée sur eux. En conséquence, il est dit: "Son iniquité retombe sur sa tête." [17], et aussi: "Que la ruine les atteigne à l'improviste, qu'ils soient pris dans le filet qu'ils ont tendu, qu'ils y tombent et périssent!" (Ps. 35:8) Autrement dit, la destruction que le mal a sur préparée pour les autres est renversée et elle retombe sur lui, pour qu'il souffre de ce qu'il souhaitait que les autres souffrent.

Le psalmiste conclut en reconnaissant la justice de Dieu et en louant Son nom, parce qu'il est conscient de l'oeuvre de Dieu dans sa propre vie et de Son pouvoir de renverser le mal sur le malin. En conséquence, il dit:

"Je louerai l'Eternel à cause de sa justice, Je chanterai le nom de l'Eternel, du Très-Haut." [17]

C'est le premier endroit dans le Psautier où nous trouvons Dieu appelé le "Très-Haut". C'est utilisé pour la première fois dans Genèse 14:18; pourtant, ça se trouve plusieurs fois dans le Pentateuque et souvent dans les livres qui le suivent. Ça se trouve plus de vingt fois dans le Psautier. Dieu est le Très-Haut dans Sa glorieuse élevation de nature, de conseil et de gouvernement. Il n'y a personne qui est comme Lui. Il n'y a personne qui est avec Lui. Il n'y a personne autre que Lui. Il n'est pas seulement en tous et à travers tous, mais Il est au dessus de tous et plus haut que tous, Dieu, le plus béni, pour toujours. (21)

+ C'est une parole si magnifique: Autant que Dieu est élevé, le diable est abaissé.

St. Jérôme

De même, le psaume est conclu avec un chant de joie et de victoire, et aussi de louange. La tristesse est transformée en joie et la résistance du mal en une connaissance de l'oeuvre de Dieu en nous, qui incite notre langue à Le louer.

+ Chanter est un signe de joie, alors que le repentir du péché est exprimé par la tristesse.

St. Augustin

David nous apprend à louer Dieu et à Lui rendre grâces, même dans nos moments les plus sombres, exactement comme Job a fait, et aussi les apôtres Paul et Silas en prison à Philippes.

+ Louons le Seigneur perpétuellement: ne cessons jamais de Lui rendre grâces en tout, par nos paroles et par nos actions. Car c'est cela notre sacrifice; c'est cela notre oblation; c'est la meilleure Liturgie ou service divin, selon la manière angélique. Si nous continuons à chanter des hymnes de cette façon, nous finirons nos jours dans la pureté et nous atteignerons la promesse de la joie à venir.

St. Jean Chrysostome

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Une Prière

Apprends-moi, ô Seigneur, à ne pas rendre le mal pour le mal.
Au contraire, éteins le regard du mal par les eaux de Ton Saint-Esprit qui accordent la vie!
Accorde-moi le courage pour mépriser le lion qui rugit,
Car Tu es le bouclier, le Lion venant de la tribu de Juda!
Règne sur ma vie intérieure et dans les coeurs de toute l'humanité.
Soulève-nous de nos échecs et lève-nous avec Toi dans la gloire céleste.
Accorde-nous une part dans le confort des bras de Ton Père, et porte-nous avec Toi au dessus des nuages!
Apprends-moi à Te rendre grâces continuellement en témoignant de Ta Gloire qui est en moi!

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