Si vous interrogez des individus ordinaires à propos des signes qui déterminent la mort d'une personne, ils auront une réponse unanime.

Mais si vous posez cette même question à un groupe comprenant des médecins, des scientifiques et des juristes, dans un pays évolué tel que les Etats Unis d'Amérique, il leur faudrait un séminaire pour débattre de cette question, sans garantie d'aboutir à un accord.

Les progrès scientifiques ont rendu obsolète la définition courante selon laquelle la mort d'une personne est déterminée par l'arrêt de la respiration et des pulsations cardiaques. L'exemple le plus clair est celui des centres de soins intensifs où la respiration du patient est maintenue artificiellement par le moyen d'appareils médicaux. Selon l'idée largement répandue, cette personne est considérée comme vivante, alors qu'elle est médicalement et scientifiquement morte, car dès l'instant où les appareils médicaux auront été débranchés, son cœur s'arrêtera immédiatement. De plus, le maintien de ces appareils n'entraîne aucun progrès de l'état du patient.

Avec les progrès scientifiques, le simple critère d'arrêt des pulsations et de la respiration pour déterminer la mort, est devenu insuffisant. Or le débranchement des appareils médicaux dans les salles de réanimation doit être précédé d'une vérification sûre et fiable de la mort de la personne, sans quoi nous serions face à un meurtre.

C'est pourquoi, le monde s'oriente maintenant vers la notion de mort cérébrale pour déterminer la mort d'une personne.

Qu'est-ce que la mort cérébrale ?

La mort cérébrale est l'arrêt complet des fonctions du cerveau, suite à la destruction totale de ses cellules. Les médecins ont mis en place des signes cliniques permettant de définir la mort cérébrale. La définition la plus répandue est celle établie par l'université américaine de Harvard. Ces critères, dits de Harvard pour déterminer la mort cérébrale sont:

  • L'absence de réceptivité
  • L'absence de réponse
  • L'absence de mouvements spontanés (dont la respiration)
  • L'absence de réflexes
  • Pupilles fixes et dilatées

Ces signes doivent être observés pendant au moins 24 heures continues

L'examen clinique doit être complété par un électro-encéphalogramme (tracé de l'activité du cerveau) qui doit montrer un arrêt total des fonctions du cerveau pendant 24 heures continues.

Ces critères ont été acceptés dans les milieux médicaux. Leur observation est considérée comme une preuve formelle de l'arrêt total et définitif du fonctionnement du cerveau, suite à la destruction de ses cellules. Les médecins les ont donc considérés comme un indice décisif de la mort d'une personne.

Il est à noter qu'il existe une différence entre la mort cérébrale, qui signifie l'arrêt de toutes les fonctions du cerveau, et la perte de connaissance. La personne qui perd connaissance est toujours vivante, mais son cerveau a perdu certaines de ses fonctions. Ainsi, cette personne continue à percevoir, se déplacer, respirer, …

Le point de vue juridique

Selon la législation en vigueur en Egypte et dans de nombreux autres pays, la mort est définie par l'arrêt définitif des pulsations cardiaques. Récemment, plusieurs états d'Amérique ont modifié leur législation pour définir la mort par l'arrêt total des fonctions cérébrales.

Limiter la définition de la mort à l'arrêt des pulsations cardiaques ne tient pas compte des progrès scientifiques, et assimile l'acte de débrancher les appareils médicaux entraînant l'arrêt de l'activité cardiaque, à un crime du point de vue juridique. C'est pourquoi les médecins demandent de modifier la législation en fonction des avancées scientifiques. D'autre part, la définition de la mort par la mort cérébrale facilitera la transplantation d'organes. En effet, il s'écoule un certain temps entre l'arrêt définitif des fonctions du cerveau (la mort) et la décomposition des membres et cellules.

Le point de vue religieux

Du point de vue religieux, la mort est la séparation de l'esprit d'avec le corps. Dieu créa l'homme de la poussière et il lui donna un souffle de vie, et quand Dieu reprend ce souffle de vie, la poussière retourne à la poussière. " L'Eternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant." (Genèse 2:7).

Quand Dieu donna à Adam un souffle de vie, Il diffusa en lui les aspects de la vietels que la perception, les sentiments, le mouvement, la respiration et autres fonctions du corps. La mort est le retour à la poussière "C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière" (Genèse 3:19). Ainsi, les aspects de la vie prennent fin quand Dieu reprend le souffle de vie qu'Il nous a donné.

Bien qu'il soit difficile de déterminer l'instant précis où le souffle de vie entre ou sort, car ce souffle ou l'esprit est invisible, il est toutefois possible d'identifier cet instant d'après les signes qui en découlent. Ainsi, l'arrêt des aspects de la vie est un signe de la séparation de l'esprit d'avec le corps.

Les aspects de la vie dépendent du cerveau et de ses fonctions. En effet, le corps humain n'est pas simplement un ensemble d'appareils en fonctionnement. Il existe une coordination entre ces différents appareils, et c'est le cerveau qui assure cette coordination. Il est vrai que certains appareils tels que le cœur ou certains muscles peuvent fonctionner après l'arrêt du cerveau, mais ce fonctionnement est très limité dans le temps et s'effectue de manière non coordonnée.

Ainsi, il peut arriver qu'une personne dont la tête a été tranchée ait le cœur ou les muscles qui continuent à fonctionner. Il n'empêche que cette personne est considérée morte dès l'instant où sa tête a été tranchée et non après. C'est pourquoi certains considèrent la mort du cerveau et la cessation de son activité à une décapitation physiologique.

Considérer que l'arrêt complet des fonctions du cerveau, suite à la destruction totale de ses cellules, est le signe déterminant la mort d'une personne, est acceptable du point de vue religieux pour plusieurs raisons:

L'arrêt total des fonctions du cerveau est accompagné de la cessation de tous les aspects de la vie. Or la cessation des aspects de la vie signifie que le souffle de vie (l'esprit) que Dieu a donné à l'homme, l'a quitté. Par conséquent, il n'est plus une âme vivante,

Ce qui peut ressembler à des aspects de vie après la mort du cerveau, tel que le mouvement des muscles ou les pulsations du cœur, sont des phénomènes très limités dans le temps, qui ne changent en rien l'état de la personne,

Le maintien des pulsations cardiaques et du mouvement respiratoire après la mort du cerveau, par l'intermédiaire d'appareils médicaux, est un acte artificiel qui n'a aucun effet sur l'état de la personne. Au contraire, cet acte impose un fardeau psychologique et financier à la famille du décédé. On pourrait comparer cet acte – toutes proportions gardées – à l'acte de momification qui préserve le cadavre de la décomposition et la putréfaction. Le cadavre peut ainsi conserver une apparence vivante pendant des centaines voire des milliers d'années, sans que cela ne change en rien l'état de la personne momifiée.

Considérer l'arrêt total du cerveau comme signe déterminant la mort d'une personne est utile dans les cas suivants:

Le cas des malades plongés dans le coma, dont la respiration et les pulsations sont maintenues par des appareils médicaux. Ces malades peuvent rester dans le coma plusieurs jours ou plusieurs semaines sans progrès. Dans ce cas les médecins mettent la famille face à la difficile décision de débrancher les appareils médicaux. Nous disons, avec une conscience tranquille, que dès l'instant où il a été formellement prouvé que le cerveau s'est totalement arrêté de fonctionner, il faut débrancher ces appareils du malade dont l'esprit est parti.

Le cas de la transplantation des organes des personnes récemment décédées: En considérant que la mort est déterminée par la mort du cerveau, il devient possible d'utiliser les membres des personnes récemment décédées, avant qu'ils ne se décomposent, en vue de les transplanter.