Retranscription d'une conférence en Italie par Cyrille mansour



Il s’agit d’une analyse autour de la parabole du bon samaritain qui a été présenté par Abouna Abrahamo. Dans la Bible, le passage est situé dans l’évangile selon St Luc chapitre 10 versets 29 à 37.

Neuf versets qui ont une portée symbolique insoupçonnée pour beaucoup de personne.

Pour cela il suffit de prendre le passage verset par verset et de réfléchir comme l’ont fait les pères de l’Eglise dans leur méditation afin de découvrir tous ces mystères.

Tout part d’une question banale, celle d’un légiste qui demande à Jésuss qui est son prochain, ce prochain dont les commandements disent qu’il faut l’aimer autant que nous-mêmes. Ce à quoi Jésus répond par une parabole :

Luc 10 :30 : Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, il tomba sur des bandits, qui, l’ayant dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort.


Ci-dessous une carte géographique permettant de situer ces 2 villes se trouvant en Israël :




Ici, nous remarquons que Jéricho est au dessous de Jerusalem.

 

Alors pourquoi le texte dit-il « descendait de Jérusalem à Jéricho » ??

Et bien tout simplement à cause de la géographie des lieux .En effet Jérusalem se situe dans les montagnes et Jéricho se trouve dans la plaine aride près du Jourdain, non loin de la Mer Morte. Les Romains avaient construit une route étroite, sinueuse et serpentant à travers les montagnes. Durant les 27 km de Jérusalem à Jéricho, la route a un dénivelé de 900m.

Les habitants de la région la surnommaient, "La route sanglante" ceci à cause des voleurs qui se cachait dans ces montagnes et attaquaient les voyageurs. Il était donc fréquent que des personnes se fassent attaquer sur cette « route sanglante ».

 

Cependant Jéricho a également un rôle important dans la Bible.

Elle est connue pour son fameux mur qui s’est écroulé, c’est l ‘épisode du « Mur de Jéricho ». A l’époque de Josué c‘était une ville fortifiée mais Dieu permis aux Israélites de faire tomber les murs au moyen de trompettes et de cris (livre de Josué chapitre 6).

 

 

Malgré tout, cette « descente » à une autre signification.

Tout d’abord Jéricho signifie en hébreu « ville des senteurs » en effet la ville se situait dans un climat tropical, où prospéraient les baumes, le henné, les sycomores (dans Luc 19, Zachée monte d’ailleurs sur un sycomore à Jéricho). Egalement les roses de Jéricho qui étaient réputées pour particulièrement belles.

Montagnes dénudées, chaleur accablante et solitude à perte de vue: telle est la route qui relie Jérusalem et Jéricho sur une distance d'environ 25 kilomètres.

Il s’agit ici de poser les premiers symboles : Jéricho représente notre monde, celui des sens, le monde matériel dans lequel nous vivons.

Par opposition pour Jérusalem, qui signifie « fondement de la paix », « possession de la paix » il est inutile de préciser que cette ville choisie par Dieu pour être le siège des rois dans l’ancien testament représente alors le Paradis. Le monde céleste, la Jérusalem céleste comme on a coutume de dire.

Ce voyageur cheminait donc des hauteurs de Jérusalem vers la plaine de Jéricho, du paradis vers l’enfer, de la présence de Dieu vers le monde. Qui est donc ce voyageur ?

Il représente l’homme pécheur, l’Adam face à sa chute de l’Eden.

Suivant donc cet homme sur sa route. Il rencontre des voleurs. Quoi de plus naturel quand on s’éloigne de Dieu que de rencontrer le péché car c’est ce que représente ces 2 voleurs, les péchés, les plaisirs des sens qui sont de plus en plus nombreux à mesure que l’on se rapproche de la « ville des senteurs ».Ces voleurs le dépouillent, le frappent et l’abandonnent à moitié mort sur cette route désertique. Mais précise Jésus il n’est qu’à « moitié mort».

Il faut y voir ici un message d’espoir. Cette lutte contre le péché ne peut ne nous laisser qu’à moitié mort, il y’a toujours l’espoir du repentir.

Mais d’où vient le salut ? Les choses s’éclairent par cette question ! Qui aidera cet homme qui lutte entre la vie et la mort ?

Luc 10 :31 : « Il se trouva qu’un sacrificateur descendait par ce chemin ; il vit l’homme et passa à bonne distance. »

Un sacrificateur est un prêtre de l’Ancien testament descendant d’Aaron. Or ici cet homme qui est sensé avoir sa foi et l’amour de Dieu ne s’arrête pas. Pire il passe à bonne distance pour éviter tout contact avec le voyageur.

Luc 10 :32 : « Un lévite de même arriva en ce lieu ; il vit l’homme et passa à bonne distance.»

Même réaction pour le Lévite. Les Lévites sont des hommes de la tribu de Lévi, ce sont des hommes de lois.

Ces 2 castes (lévites et sacrificateurs), étaient des hommes respectables. A cause de leur éducation ils connaissaient la loi de Dieu et l'enseignaient au peuple.

Mais ils ne s’arrêtèrent pas pour aider nôtre voyageur.

Conclusion, la loi seule a été incapable de sauver le voyageur.

Luc 10 :33 : « Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme ; il le vit et fut pris de pitié. »

Il faut préciser tout d’abord que les Samaritains étaient à l’époque considérés par les juifs comme des hérétiques et que les relations entre les deux peuples n’étaient pas des meilleures (cf. l’histoire de la Samaritaine dans l’évangile selon St Jean chapitre 4) .

Cet étranger, cet hérétique aux yeux des juifs docteurs de la loi, lui va le voir et le prend en compassion, plus exactement il « fut pris de pitié ».

Ce terme est celui qui est utilisé pour désigner le sentiment de Dieu qui conduit à sa miséricorde. Ainsi, qu’on le retrouve dans Luc chap.15 verset 20 : parabole du fils prodigue. => En voyant arrivé son fils le père « fut pris de pitié ».

De même dans Marc 6 :34, il est écrit que Jésus « vit une foule nombreuse et il en eut pitié parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger ».Ou encore ne dit-on pas « Kyrie eleyson » = aie pitié seigneur.

Oui seul le Seigneur nous prend en pitié quand nous sommes dans le péché et lui seul nous tend la main. Alors le bon samaritain représenterait Jésus ? Cet homme rejeté des juifs et considéré comme un blasphémateur, c’est aussi le nouveau sacrificateur venu amener une nouvelle loi : la loi d’amour, c’est-à-dire Jésus.

Il est venu pour sauver les hommes après la chute causée par le péché originel.

Luc 10:34 : « Il s’approcha, banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui »

Ainsi Jésus nous a apporté la consolation alors que nous étions « assis dans les ténèbres, à l’ombre de la mort »

Et qui est donc celui qui est prédit à panser nos plaies avec du vin utilisé à l’époque pour désinfecter les plaies et de l’huile pour calmer la douleur ?



Une fois de plus, tout n’est que symbole, le vin ici représente le sang que le christ a versé pour nous sur la croix et l’huile représente la renaissance, le «mayroun» du baptême.

Puis il a conduit l’homme à l’hôtel qui représente l’Eglise, l’aubergiste représentant alors les prêtres et le clergé en général.

Cet hôtel situé dans Jéricho sans doute, fait écho à la position de l’Eglise qui vit également au cœur du monde.

Luc 10 :35 : « Le lendemain, tirant deux pièces d’argent, il les donna à l’aubergiste et lui dit : Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c’est moi qui te le rembourserai quand je repasserai. »


Le seigneur nous a rachetés, il a non seulement pansé nos plaies mais également payé nos dettes, il nous à rachetés et à quel prix. Ici les 2 pièces ont une signification puisqu’elles symbolisent les deux testaments car l’ancienne loi n’était pas suffisante pour nous sauver de la mort mais par les deux testaments nous pouvons être sauvés.

Enfin cette dernière phrase quand il nous confie à l’Eglise à une signification toute particulière, il nous promet la gloire dans sa grande bienfaisance et nous annonce son retour : « Je repasserai » telle est la promesse qu’il nous fait.

Ainsi, cela démontre par ce passage comme dans la totalité des récits rapporté dans l’évangile qu’il y a plusieurs manières de lire la bible et qu’il en existe plusieurs degrés de compréhension. Pour clore le sujet nous terminerons par une citation de Saint Luc chap.9 verset 48 :

« Quiconque accueille ce petit enfant en mon nom, m’accueille; et quiconque m’accueille, accueille celui qui m'a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, voilà le plus grand.