Le soir étant venu, un homme riche, d'Arimathée, nommé Joseph, qui lui-même était disciple de Jésus, alla trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus; alors Pilate ordonna de le lui remettre.

Joseph prit le corps, l'enveloppa dans un linceul blanc et le déposa dans un tombeau neuf qu'il avait fait tailler pour lui-même dans le roc; puis il roula une grande pierre devant l'entrée du sépulcre et s'en alla. "
Matth. 27;57-60

 


Selon les lois juives, les corps des suppliciés ne pouvaient pas être enterrés au cimetière.

Toujours selon les mêmes lois, les instruments du supplice étaient enterrés auprès d'eux, car déshonorés par l'usage qu'on en faisait.

Après la Résurrection du Christ, le mont Golgotha, lieu de Son martyre, devint rapidement un lieu saint pour les chrétiens.

Afin d'effacer tout souvenir du Christ, l'empereur Hadrien (117-138) fit combler l'espace compris entre le monticule où était érigée la Croix et le Sépulcre.

Il y fit construire deux temples: l'un dédié à Jupiter, à l'emplacement même du Saint Sépulcre, l'autre dédié à Vénus, à l'endroit même où se dressait la Croix.

Il n'est donc pas étonnant que les premiers chrétiens n'aient pas recherché la Croix.

Pour les disciples du Christ et les chrétiens des premiers siècles, la mort de Jésus sur la Croix restait un souvenir douloureux, la crucifixion étant considérée comme une mort déshonorante réservée aux esclaves.

Dans l'art chrétien des débuts ne figure jamais le Christ en Croix.

C'est bien plus tard seulement qu'on commence à représenter le Christ vainqueur de la Croix, couronné et vêtu du pagne royal.

En 306, l'empereur Constantin succède à son père Constant Chlore.

En 313, le nouvel empereur proclame un édit de tolérance à l'égard des chrétiens (Édit de Milan) et se convertit lui-même au christianisme.

Désormais, de nouvelles lois sont promulguées en faveur des chrétiens.

De nombreuses basiliques sont construites par Constantin, dont la plus célèbre est bâtie sur le Saint Sépulcre et le mont Golgotha.

L'historien Eusèbe évoque la lettre de Constantin à Macaire, évêque de Jérusalem, dans laquelle l'empereur expose son projet de faire construire la basilique de la Résurrection et demande à l'évêque de surveiller les travaux.

Ceux-ci durèrent une douzaine d'années et comprirent deux églises: l'une, le Martyrion, édifiée à l'emplacement de la crucifixion, l'autre, l'Anastasis, à l'emplacement du Saint Sépulcre.

La basilique de la Résurrection (Anastasis) conçue par Eustache, un prêtre de Constantinople, fut consacrée le 28 septembre 335.

Durant les travaux de démolition des temples de Jupiter et de Vénus et le déblayage des Lieux Saints, arriva à Jérusalem la mère de Constantin, l'impératrice Hélène connue pour sa grande bonté et sa profonde piété.

Elle avait à l'époque près de 80 ans, sa conversion au christianisme ayant eu lieu vers sa soixantième année.

Les écrivains et historiens Eusèbe, Socrate, Sozomène et Théodore ont laissé un témoignage saisissant de sa vie.

C'est à Hélène que le monde chrétien doit de posséder la relique la plus insigne: la Sainte Croix du Christ, signe de victoire finale et d'espérance.

Il est fort compréhensible et logique qu'Hélène, femme très pieuse, ait voulu récupérer la Croix.

Cette Croix, d'ailleurs, n'était-elle pas déjà apparue dans le ciel, sous la forme de rayons lumineux avec les paroles suivantes: par ce signe, tu vaincras, à son fils Constantin ?

Fait relaté par l'historien Eusèbe.

C'est Hélène, sans cesse présente sur le chantier parmi les ouvriers fouillant le sol, qui découvrit dans une cavité l'écriteau de la Croix avec l'inscription en hébreu, en grec et en latin Jésus de Nazareth, Roi des Juifs (Jean, 19;19) et les trois croix qui avaient servi au supplice du Seigneur et des deux larrons.

Il est certain que la conservation de la Croix est due, en grande partie, au fait que l'empereur Hadrien fit couvrir de remblais tout le Golgotha, remblais provenant des travaux d'agrandissement de Jérusalem.

L'enfouissement de la Croix et du Saint Sépulcre constitua une protection contre l'infiltration des eaux, les pluies étant d'ailleurs fort rares en Terre Sainte.

La qualité du bois, également, aida à la conservation de la Croix.

Selon les recherches de Rohault de Fleury (1870), le bois de la Croix appartient à la famille des conifères, c'est donc un bois résineux.

Après examens microscopiques, toutes les reliques de la Croix dont la provenance est certaine, c'est-à-dire qui proviennent avec certitude de Jérusalem, de Rome ou de Constantinople, appartiennent à la même sorte de bois.

L'évêque Macaire eut l'inspiration de faire toucher une femme gravement malade aux trois croix trouvées.

Ce fut la troisième qui opéra le miracle: la guérison de la femme fut instantanée.

Le monde chrétien venait de retrouver la Croix du Sauveur.

L'invention de la Croix par Hélène est un fait historique indéniable.

St Cyrille de Jérusalem (mort en 386) relate dans une lettre à Constant, fils de Constantin-le-Grand: durant le règne de Constantin ton père, le bois salutaire de la Croix fut trouvé à Jérusalem.

Constant étant mort en 361, la lettre de St Cyrille est donc antérieure à cette date.

St Cyrille, second successeur de l'évêque Macaire, parle de la Sainte Croix et des reliques qui en furent extraites.

Il est même fort possible que, dans sa jeunesse, Cyrille fût témoin oculaire de la découverte de la Croix.

Cette découverte était connue de tous: St Ambroise (mort en 397), dans son oraison funèbre de Théodose prononcée en 395, Rufin (mort en 410), les continuateurs de l'histoire de l'Eglise: Eusèbe, Socrate, Sozomène et Théodore parlent de la découverte de la Croix.

La Croix était donc restée cachée environ de 33 à 324.

Si l'année exacte de la découverte ne peut être certifiée, nous pouvons par contre en préciser le jour.

En effet, dès le IVe siècle, fut célébrée à Jérusalem la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix salutaire et vénérable le 28 septembre.

De nombreux pèlerins, évêques et fidèles, se rendaient à Jérusalem, certains venant de Mésopotamie et d'Égypte - terre christianisée dès l'année 43 par l'évangéliste St Marc, premier évêque d'Alexandrie.

Ste Hélène fit parvenir des fragments de la Sainte Croix à son fils Constantin à Constantinople et elle porta un fragment important à Rome, ainsi que l'écriteau de la Croix.

Le reste de la Croix demeura à Jérusalem.

Durant les siècles suivants, d'importants fragments furent portés à Constantinople.

En 614, le général persan Salbaras qui occupait Jérusalem, emporta entre autres le fragment qui s'y trouvait encore.

Il fut restitué au Patriarche Zacharie le 16 mai 628.

Actuellement, des fragments importants de la Sainte Croix se trouvent au Mont Athos, à Rome, Pise, Venise, Paris, Lille, Lyon, Raguse, Cologne et Limbourg.

L'ÉGLISE COPTE ORTHODOXE POSSÈDE AU CAIREUNE RELIQUE DE LA SAINTE CROIX

Cette relique fut portée de Constantinople à Venise en 1477 par Melchior Trevisan, capitaine de galère de la Sérénissime République de Venise, comme en témoigne un document écrit de sa main.

La relique, à l'époque napoléonienne et lors de la dispersion des Instituts Religieux (1806-1813), fut acquise par les autorités vénitiennes et préposée à la vente des biens.

Elle fut ensuite achetée par le comte Sagredo de Venise, puis vint en possession du sénateur Augustin Sagredo, mort à Vigonovo le 8 février 1871.

Louise Socal-Varagnolo hérita de cette relique qui, ensuite, fut successivement transmise à Pascal Zampieri, à Narcisse Zampieri et à Pierre Zampieri qui en fit don aux futurs évêques de l'Église Orthodoxe Copte de France, amba Marcos et amba Athanasios, par un acte solennel en date du 28 octobre 1972.

Le 28 septembre 1975, en la fête de l'Exaltation Universelle de la Vénérable et Vivifiante Croix (18 Tout 1691 de l'ère des Martyrs - calendrier copte), Mgr Marcos, évêque de Marseille, Toulon et toute la France et Mgr Athanasios, chorévêque de Paris, portèrent solennellement au Patriarcat Copte Orthodoxe, au Caire, durant le pontificat de Sa Sainteté Shenouda III, l'insigne relique de la Sainte Croix.

Auparavant, cette insigne relique avait séjourné au Prieuré de St Marc au Plessis-l'Evêque, où elle avait été l'objet de la vénération d'une multitude de fidèles.

Le siège de notre revue avait également eu le grand honneur de la recevoir.

Selon l'habitude orientale, la relique de la Sainte Croix se présente comme une croix à double traverse.

La même disposition des reliques de la Sainte Croix se retrouve dans celles qui sont conservées au Mont Athos, à St Pierre de Rome, à St Marc de Venise, à Notre-Dame de Paris, à Pise, à Raguse, à Lyon et à Cologne.

La relique se trouvant actuellement au Caire mesure 255 mm de hauteur.

Les deux traverses mesurent respectivement 150 et 105 mm de longueur.

La largeur du bois est de 20 mm sur 8 mm d'épaisseur.

Le bois est de couleur brun-roux foncé et appartient à la famille des conifères.

La relique est actuellement disposée dans un reliquaire en argent repoussé de style oriental, de forme rectangulaire, sur lequel sont représentés la Mère de Dieu et St Marc l'évangéliste, fondateur du Saint Siège d'Alexandrie, de part et d'autre de la Croix et inclinés vers Elle, le tout enfermé dans un coffre de bois précieux.

L'authenticité de l'insigne relique fut attestée à maintes reprises

o le 29 avril 1512 par le bienheureux Antoine Contarini, patriarche de Venise,
o le 8 mars 1807 par l'évêque Joseph-Marie Péruzzi, résidant à Venise,
o le 20 juin 1838 par le cardinal Jacques Monico, patriarche de Venise,
o le 16 avril 1949 par le cardinal Adéodat-Jean Piazza, patriarche de Venise,
o le 20 juillet 1962 par l'évêque Pacifique-Marie-Antoine Perantoni, de Gerace et Locri,
o le 17 octobre 1970 par l'archevêque de Valence (Espagne), Joseph-Marie Garcia Lahiguera.