Chacun sait une chose, c'est que toute lutte contre le péché et le mal commence par le travail du jeûne.

C'est vrai spécialement pour celui qui combat les péchés intérieurs. Le signe que quelqu'un hait réellement le péché et les désirs pervers, c'est qu'il commence à jeûner.

Quiconque aime jeûner est ami de la chasteté.

Le début de la sainte voie vers Dieu et le sentier de toute vertu sont fondés sur la stricte adhésion au service de Dieu. Le jeûne renforce toutes les vertus; c'est le début du combat spirituel, la beauté de la virginité et de la sainteté, le début de la voie chrétienne, le père de la prière, la fontaine de paix, l'enseignement de la quiétude intérieure, le germe de toutes bonnes qualités. De même que l'oeil sain recherche la lumière pure, de même pratiquer le jeûne, avec discernement, conduit au désir de prier. Aussitôt que l'on commence à jeûner, l'esprit est poussé à la communion avec Dieu. Un corps qui jeûne ne supporte pas de rester oisif. Car le jeûne mène naturellement à la vigilance pour Dieu, non seulement de jour mais de nuit. Et le corps jeûnant ne connaît pas la fatigue de lutter contre le sommeil ; quoique les sens soient affaiblis, l'esprit est éveillé à Dieu dans la prière. Il vaut mieux négliger quelque travail par une faiblesse due au jeûne que négliger ce même travail à cause de la paresse due à ce que l'on a trop mangé.

Inutile d'insister sur les beautés du jeûne. Beaucoup de docteurs et de Pères ont parlé des victoires obtenues par le jeûne et des belles choses qu'il apporte. Tous les livres nous informent de l'importance du jeûne et des victoires qu'on lui doit de génération en génération. Tous disent le secours qu'il apporte et les louanges que lui doivent ceux qui en usent, car d'expérience chacun sait qu'il est source de tout ce qui est bon.

Aussi longtemps que la bouche est sous le sceau du jeûne, l'esprit médite la repentance de son âme; le désir pervers s'éloigne. L'on n'a jamais vu quelqu'un, jeûnant avec discernement, sujet à la concupiscence.

Car le jeûne est le dépôt de toute vertu.

Qui le méprise fait fuir toute vertu. Le premier commandement donné à notre nature au commencement, a été de jeûner de nourriture; c'est là que le chef de notre race, Adam, est tombé. Ceux qui désirent arriver à la crainte de Dieu, doivent commencer à bâtir là où la bâtisse a d'abord croulé, par le jeûne. Notre Sauveur Lui-même, le Seigneur Jésus-Christ, quand Il se manifesta au baptême dans le Jourdain commença précisément par là. Car étant baptisé, le Saint-Esprit le poussa dans le désert où Il jeûna quarante jours et quarante nuits. Et quiconque suit ses traces commence par où, Il commença, avec pour base de départ cette action pour ses luttes. Qui peut la mépriser sans mériter le blâme ?

Quand le jeûne fait défaut, l'on s'assoupit, le corps s'alourdit, les épaules chancellent, l'esprit devient borné. L'on se sent poussé à abandonner son travail, avec une aversion pour ce qui fortifie l'âme. L'esprit devient froid et sombre, frustré et confus. L'obscurité envahit l'âme entière. Une déprime et un rejet suivent concernant tout labeur pour Dieu. On ne se sent pas de lire la Bible. Tout le nécessaire est négligé. Les pensées roulent ici et là. L'esprit devient obtus par l'errance.

D'impures pensées envahissent l'intellect. Tels sont les fruits venant d'un estomac gorgé. Car quiconque pourvoit son corps de trop de choses, réduit son âme à la pauvreté.Quiconque méprise le jeûne sera faible, sans vigueur à toute bonne oeuvre, car il lui manque l'arme avec laquelle tous les athlètes divins ont obtenus la victoire.