Différence entre la vraie patience et la fausse. — Exhortation à pratiquer la vraie patience, par laquelle nous supportons les maux en vue de la vie éternelle et par le motif de l'amour de Dieu. — Cette vertu n'est pas l'oeuvre des forces de notre libre arbitre, mais bien de la grâce de Dieu.

 

CHAPITRE PREMIER. DE LA PATIENCE DE DIEU.

1. La force d'âme, la vertu qui porte le nom de patience, est un bien grand don de la munificence divine, puisqu'on exalte en Dieu même cette patience avec laquelle il attend les méchants jusqu'à ce qu'ils se corrigent. Dieu ne peut souffrir, ne peut pâtir; le mot de patience vient précisément de pâtir; et cependant Dieu est patient; c'est là une de ces vérités que nous croyons d'un coeur fidèle et que nous confessons de bouche. pour le salut. Mais quelle est la nature, quelle est la grandeur de cette patience d'un Dieu qui ne pâtit pas et qui n'est pas impatient, qui au contraire est la patience même ? C'est ce qu'il est impossible d'expliquer par le langage humain. Sa patience est donc ineffable, comme son zèle , comme sa colère, et ses autres sentiments du même genre. Car ils ne sont nullement en lui tels qu'ils sont en nous; et ce n'est pas ainsi qu'il faut les imaginer. De même que son zèle est jaloux sans aucun mélange d'envie, sa colère sans aucun trouble, sa pitié sans aucune douleur, son repentir sans réparation d'aucune faute qu'il ait pu commettre, ainsi il est patient sans souffrir. Mais venons à la patience humaine, cette vertu que nous devons comprendre et pratiquer; exposons en quoi elle consiste, autant que Dieu nous donnera de le faire, et que le permettra la brièveté de ce discours.

CHAPITRE II. EN QUOI CONSISTE LA VRAIE PATIENCE. SON UTILITÉ.

2. La patience de l'homme, je dis la patience vraie, louable , celle qui mérite le nom de vertu, consiste à supporter les maux avec égalité d'âme, de peur que l'inégalité de l'âme qui enfante l'iniquité, ne nous fasse abandonner les biens spirituels qui sont pour nous les moyens de parvenir aux biens supérieurs. Il suit de là que les impatients, en refusant de souffrir. les maux, ne parviennent pas à s'en exempter, mais plutôt à se procurer des maux plus grands. Les patients, au contraire, qui aiment mieux supporter le mal sans le commettre, que de le commettre en ne le supportant pas, font un double gain : ils rendent plus légers les maux qu'ils souffrent par la patience, et ils échappent aux maux plus graves dans lesquels ils tomberaient par l'impatience. De plus ils évitent la perte des grands biens de l'éternité, en ne succombant pas sous le poids des maux passagers du temps. Car « les souffrances de ce temps, comme le dit l'Apôtre, ne sont pas à comparer à là gloire à venir qui sera manifestée en nous (1) » ; et encore: « Les tribulations temporelles qui sont en même temps légères, produisent pour nous un poids immense et éternel de gloire (2) ».

CHAPITRE III. GRANDEUR DE LA PATIENCE DES MÉCHANTS.

3. Considérons, mes très-chers frères, tout ce que les hommes endurent de travaux et de douleurs pour les objets de leurs passions vicieuses, pour des choses qu'on est d'autant plus malheureux de désirer, qu'on s'imagine être plus heureux en les possédant. A quels dangers ils s'exposent pour les fausses richesses ! Quelles amertumes ils dévorent pour les vains honneurs ! Quelle incroyable patience pour des satisfactions puériles ! Avides d'argent, de gloire, de débauches, rien ne leur coûte pour se procurer ce qu'ils désirent, et conserver ce qu'ils ont acquis. Le soleil et la pluie, la glace, les vagues mugissantes, la mer en furie, le métier de la guerre, si dur et si plein d'incertitudes, des coups, des plaies affreuses, des blessures horribles, ils supportent tout sans y être contraints par la loi de la nécessité; ils affrontent tout comme à plaisir, et pour suivre leurs désirs coupables. Et l'on croit que toutes ces folies sont comme permises !

CHAPITRE IV. LES HOMMES VAINS LOUENT CETTE PATIENCE.

En effet, l'avarice, l'ambition, la luxure, et tout le cortège des vains amusements sont réputés choses innocentes, dès qu'on ne se les procure pas par quelque crime ou forfait défendu par les lois humaines. Il y a plus : dès qu'on ne fait tort à personne, celui-ci peut acquérir une fortune ou augmenter la sienne, celui-là ambitionner les honneurs et se maintenir au faîte, cet autre lutter dans l'arène ou s'adonner à des choses dangereuses, cet autre encore rechercher les applaudissements sur la scène , et tous pour atteindre leur but endureront peines et fatigues de toutes sortes : le populaire, ami des vanités, se garde bien de leur infliger le moindre blâme; loin de là, il les élève jusqu'aux nues. Et ainsi, selon la parole de l'Ecriture, « le pécheur est loué à cause des désirs a de son âme ». La violence de ces désirs fait supporter les travaux et les douleurs; et en effet, personne ne subit volontiers des tourments, sinon pour arriver au plaisir. Mais, comme je le disais, ces passions que veulent satisfaire ceux qui en sont dévorés, au prix de tant de fatigues et d'amertumes endurées avec tant de patience, sont regardées comme permises et tolérées par les lois.

CHAPITRE V. EXEMPLES DE PATIENCE ÉTONNANTE CATILINA ET LES VOLEURS.

4. Que dirons-nous encore? Ne voit-on pas des hommes se soumettre aux plus rudes labeurs à l'occasion des crimes les plus évidents, non pas pour les punir, mais pour les commettre? Lisez, dans les auteurs profanes, la vie d'un parricide bourreau de sa patrie, de la première noblesse; ils vous disent qu'il savait supporter la faim, la soif, le froid, et que, par une patience invincible, il avait endurci son corps aux privations, à la souffrance, aux veilles, dans une mesure qui surpasse toute imagination (1). Que dire des voleurs de grand chemin? Pour dresser dès embûches aux voyageurs, tous passent des nuits sans sommeil, et pour saisir l'innocent au passage, ils tiennent attentif leur esprit criminel et leur corps immobile, sous les cieux les plus incléments ! Plusieurs d'entre eux, à ce que l'on raconte, vont jusqu'à se donner la torture les uns aux autres, afin de se préparer au supplice par un exercice qui n'en diffère pas. Peut-être, en effet, le juge les tourmente-t-il moins cruellement pour leur arracher la vérité par les douleurs de la question, que leurs compagnons eux-mêmes lorsqu'ils veulent s'assurer que le supplice ne les rendra pas traîtres. Et cependant la patience de tous ces hommes peut provoquer l'admiration, mais non pas la louange. Eh ! qu'ai je dit ? Non, ni l'une ni l'autre; la patience n'existe pas ici. Admirez l'obstination, niez la patience; car il n'y a là rien qui mérite d'être loué, rien d'utile à imiter. Et vous jugerez avec raison qu'une âme mérite un châtiment d'autant plus grand, qu'elle fait servir davantage aux vices les instruments des vertus. La patience est la compagne de la sagesse, et non la servante de la concupiscence. La patience est l'amie de la bonne conscience, et non l'ennemie de l'innocence.

CHAPITRE VI. LA CAUSE POUR LAQUELLE ON SOUFFRE CONSTITUE LA DIFFÉRENCE ENTRE LA VRAIE ET LA FAUSSE PATIENCE.

5. Lorsque vous voyez quelqu'un souffrir patiemment, ne vous empressez pas de louer sa patience, que peut seule vous révéler la cause pour laquelle il souffre. Si la cause est bonne, la patience est vraie; si cette cause n'est pas souillée par quelque passion, vous pouvez dire que la patience n'est pas fausse. Mais lorsque le vice caractérise la première, vous serez dans l'erreur en caractérisant la seconde par son nom. De même que tous ceux qui savent, ne sont pas pour cela des adeptes de la science ; ainsi tous ceux qui savent souffrir, ne sont pas pour cela des adeptes de la patience. Les hommes qui savent user de la souffrance pour la vertu, voilà ceux qui méritent vraiment le nom de patients, et la couronne rémunératrice de la patience.

CHAPITRE VII. LES MÉCHANTS SAVENT TOUT SOUFFRIR POUR LA VIE TEMPORELLE. L’AME NE PROFITE PAS SEULE DE LA MORT ET DES DOULEURS PATIEMMENT SUPPORTÉES; LE CORPS EN A SA PART.

6. Toutefois cette étonnante persévérance des hommes à souffrir tant de maux horribles pour leurs passions, et même pour des crimes, nous avertit assez de tout ce que nous devons supporter nous-mêmes pour mener une vie vertueuse, afin qu'elle puisse devenir une vie éternelle, assurée du vrai bonheur contre les limites du temps et contre tout amoindrissement des éléments de sa félicité. Le Seigneur l'a dit : « C'est par votre patience que vous posséderez vos âmes (1) ». Il n'a pas dit : vos fermes, vos honneurs, vos plaisirs coupables; mais, vos âmes. Si donc l'âme sait tant souffrir pour posséder ce qui la fait périr, combien ne doit-elle pas endurer pour éviter de périr? Et pour citer en exemple un fait qui ne renferme. rien de criminel, si l'âme sait tant souffrir pour sauver sa chair entre les mains des médecins armés du fer et du feu, combien ne doit-elle pas souffrir pour son propre salut, au milieu des attaques furieuses de tous ses ennemis ? Car les médecins sauvent le corps de la mort en le faisant souffrir, et les ennemis du salut menacent le corps de la souffrance de la mort, pour précipiter dans la mort éternelle et l'âme et le corps (2).

7. Il y a mieux : on veille plus efficacement aux intérêts du corps lui-même, lorsqu'on méprise, pour la justice, sa santé temporelle, lorsque pour la justice, on le livre aux tourments et même à la mort. Car c'est de la rédemption finale du corps même que l'Apôtre parle, quand il dit : « Nous poussons des gémissements intérieurs, en attendant l'adoption qui fera de nous des enfants de Dieu, et qui sera la rédemption de notre corps ». Et il ajoute : « C'est par l'espérance que nous sommes sauvés. Mais l'espérance des choses que l'on voit n'est pas une espérance. Car dès que l'on voit une chose, l'espère-t-on encore ? Si donc nous espérons les choses que nous ne voyons pas, c'est par la patience que nous les attendons ».

CHAPITRE VIII. UTILITÉ DE LA PATIENCE POUR L'AME ET POUR LE CORPS.

Ainsi, lorsque des maux nous tourmentent sans que ces tourments parviennent à nous faire commettre des oeuvres mauvaises, ce n'est pas seulement notre âme que nous possédons par la patience. Mais lorsque notre corps même est affligé pour un temps, et même lorsque nous le perdons dans l'exercice de la patience, nous le regagnons pour l'éternité, nous lui procurons la stabilité et le salut éternel, et par la douleur et la mort, nous lui acquérons la santé indéfectible et l'heureuse immortalité. Aussi le Seigneur Jésus, exhortant ses martyrs à la patience, leur promet l'intégrité future du corps même, et les rassure contre la perte, je ne dis pas d'un membre, mais même d'un cheveu. « Je vous le dis en vérité, un cheveu de votre tête ne périra pas (1) ». Et parce que personne, selon l'expression de l'Apôtre, n'a jamais haï sa propre chair, il arrive ainsi que l'homme fidèle pourvoit plus sûrement aux intérêts de sa chair par la patience que par l'impatience, et trouve dans le gain inappréciable de l'incorruptibilité future une compensation aux dommages du présent, quels qu'ils soient.

8. La patience est une vertu de l'âme; néanmoins l'âme l'exerce tantôt en elle-même tantôt en son corps. Elle l'exerce en elle-même, quand l'épreuve ne blesse ni n'offense le corps; quand ce sont des actes hostiles ou des paroles déshonorantes qui la froissent et l'excitent elle-même à des actions ou à des paroles inopportunes ou contraires au bien, et qu'alors elle supporte toutes sortes de maux sans commettre elle-même aucun mal, soit en paroles, soit en œuvres.

CHAPITRE IX. LA PATIENCE DE L'ÂME.

C'est en vertu de cette patience que, fussions-nous pleins de santé, nous nous résignons à voir différer notre béatitude et à vivre au milieu des scandales de ce siècle. Et tel est le sens du texte cité tout à l'heure : « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l'attendons en patience ». C'est cette patience qui fit supporter au saint roi David les opprobres et les insultes, lui interdit la vengeance alors qu'elle lui était facile ; le porta à contenir lui-même la colère d'un des siens qui partageait sa peine (1), et à user du pouvoir royal pour empêcher la vengeance plutôt que de l'exercer. Or à ce moment , son corps n'était tourmenté d'aucune maladie ni atteint d'aucune blessure; mais c'était le temps d'être humilié, et il le reconnut ; et il porta le poids de la volonté de Dieu d'un cœur soumis et d'une âme patiente; et il but le calice amer de l'ignominie. Cette patience, le Seigneur l'enseigna, lorsqu'il vit les serviteurs irrités du mélange de l'ivraie au bon grain, disposés à l'arracher, et qu'il leur fit connaître la réponse du père de famille : « Laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson (2) ». Car il faut souffrir en patience ce qu'on ne doit pas se hâter d'empêcher. Enfin il donna lui-même un exemple et une démonstration de cette patience, lorsqu'avant de souffrir sa passion dans son corps, il supporta Judas voleur avant de le convaincre de trahison (3). Avant de passer par les liens, la croix et la mort, il ne refusa pas le baiser de paix aux lèvres du fourbe. Tous ces traits, et les autres semblables, qu'il serait trop long d'énumérer, appartiennent à cette espèce de patience , par laquelle l'âme supporte courageusement non le poids de ses péchés, mais les maux extérieurs de toute sorte, au-dedans d'elle-même, sans que le corps soit atteint.

CHAPITRE X. LA PATIENCE DANS LES MAUX EXTÉRIEURS. — LES MARTYRS ONT EU L'UNE ET L'AUTRE PATIENCE.

Il est une autre espèce de patience. Elle a lieu lorsque l'âme supporte toutes sortes de tourments et de peines dans son corps, non pas toutefois comme font les insensés ou les méchants, c'est-à-dire pour se procurer des choses vaines ou commettre des crimes, mais comme Dieu lui-même l'a déterminé, c'est-à-dire pour la justice (4). Les martyrs ont soutenu l'un et l'autre combat. Car ils ont été rassasiés d'opprobres de la part des impies, et c'est ainsi que l'âme, saine dans un corps sain , endure en quelque sorte des maux qui lui sont propres; puis ils ont été tourmentés dans leurs corps, enchaînés, emprisonnés, en proie aux horreurs de la faim et de la soif, torturés, sciés, hachés, brûlés, égorgés. Et tandis qu'ils souffraient ainsi dans leur chair tout ce que peut inventer la cruauté la plus raffinée, ils tenaient leur âme soumise à Dieu dans un amour inébranlable.

9. Mais il est pour la patience un combat plus grand encore. C'est quand on cesse d'avoir affaire à un ennemi visible qui, par ses persécutions ouvertes et ses violences, vous pousse au mal et vous fournit l'occasion de lui résister au grand jour et de remporter sur lui la victoire: c'est quand le diable lui-même, tolet en persécutant les fils de la lumière par les fils de l'infidélité qui sont comme ses organes, vous attaque secrètement lui-même, et vous presse par ses violences à faire quelque action ou dire quelques paroles contre Dieu.

CHAPITRE XI. PATIENCE DU SAINT HOMME JOB.

Telle fut l'expérience que fit Job le saint ; tourmenté par l'une et l'autre de ces deux tentations, il triompha de toutes les deux par les armes de la piété et la force inébranlable de sa patience. En effet il perdit d'abord tout ce qu'il possédait, avant que son corps fût touché ; et cette tentation avait pour but de briser son âme , par la ruine de ces choses dont les hommes ont coutume de faire grand cas, et de l'amener à blasphémer contre Dieu, en voyant lui échapper ces biens qu'on croyait être le mobile du culte qu'il lui rendait. Le second coup qui le frappa ensuite fut la privation subite de tous ses enfants; il les avait eus l'un après l'autre, et il les perdit tous ensemble, en sorte que leur nombre, loin d'embellir sa vie heureuse, fut au contraire pour lui un surcroît de malheur. Quand, après ces épreuves, il demeura immobile dans la fidélité à son Dieu, il s'attacha aussitôt à la volonté de Celui qu'il ne pouvait perdre que par sa propre volonté ; et en échange des biens qu'il avait perdus, il saisit Celui qui les lui avait ôtés, pour trouver en lui un bien qui ne pût jamais périr. Car en réalité ces biens ne lui furent pas ôtés par celui qui avait la volonté de nuire, mais par Celui qui avait donné le pouvoir au mauvais.

CHAPITRE XII. LA PATIENCE DE JOB SUPÉRIEURE A CELLE D'ADAM.

L'ennemi s'attaqua alors au corps du saint, et il frappa cet homme non plus dans les choses (298) extérieures qui lui appartenaient, mais en lui-même et dans la partie de son être qu'il pouvait atteindre. Depuis les pieds jusqu'à la tête voilà le feu de la douleur qui le brûle, les vers qui fourmillent, le pus qui suinte; mais dans ce corps en pourriture l'âme demeure intègre, les souffrances horribles d'une chair qui tombe en lambeaux n'entament pas sa piété, ne lassent pas son incorruptible patience. Une épouse est là, non pour porter aucun secours à son époux, mais au contraire pour lui suggérer le blasphème contre Dieu. Car le diable, expert dans le métier de nuire, qui lui avait enlevé tous ses enfants, avait eu soin de lui laisser sa femme; le tentateur avait appris par Eve, combien elle lui était utile (1). Mais ici il n'avait pas affaire à un autre Adam, pour pouvoir le prendre par une femme. Job fut plus prudent au milieu des ardeurs de la douleur , qu'Adam ne l'avait été sous les frais ombrages du Paradis; celui-ci fut vaincu dans les délices, et celui-là victorieux dans les angoisses; le premier céda aux caresses, le second ne céda point aux tourments. Des amis aussi étaient là, non pour le consoler dans ses maux, mais pour soupçonner le mal. Car ils ne voulaient pas croire innocent celui qui souffrait tant, et leur langue indiscrète l'accusait de ce que sa conscience ne lui reprochait pas. Ainsi en proie aux souffrances atroces du corps, son âme était encore en butte aux opprobres dont on le chargeait à tort. Et lui, supportant dans sa chair ses propres douleurs, et dans son cœur les erreurs d'autrui, reprenait la sottise de son épouse, enseignait la sagesse à ses amis , et gardait en tout la patience.

CHAPITRE XIII. DÉFAUT DE PATIENCE DES DONATISTES. ILS PORTENT SUR EUX-MÊMES DES MAINS CRIMINELLES, QUAND LES CHRÉTIENS LES RECHERCHENT.

10. Qu'ils le considèrent, ceux-là qui se donnent la mort quand on les recherche pour leur donner la vie, et renoncent à la vie future en se privant de la vie présente ! Si on voulait les contraindre à renier le Christ, ou à quelque action contraire à la justice, comme les vrais martyrs, ils devraient tout souffrir patiemment plutôt que de se donner la mort par défaut de patience. Que si cela était permis pour éviter les tourments, Job le saint se serait tué lui-même, pour échapper à la cruauté du démon et se dérober à tant de maux dans ses biens, dans ses enfants, dans ses propres membres. Or, il ne le fit pas. Il était bien loin de commettre contre sa propre personne un crime que sa femme elle-même ne lui suggéra pas. Et si elle le lui avait suggéré, elle aurait bien vite entendu cette réponse qu'il lui fit quand elle lui suggérait de blasphémer : « Vous avez parlé comme une de ces femmes qui sont privées de sagesse. Si nous avons reçu les biens des mains de Dieu, pourquoi n'en recevrions-nous pas aussi les maux (1) ? »

Aussi aurait-il été mis au rang de ceux dont il est écrit: « Malheur à ceux qui perdent la patience (2) », s'il l'avait perdue soit en blasphémant selon le conseil de sa femme, soit en se tuant, ce qu'elle n'osa lui conseiller; et par là il aurait augmenté ses maux, bien loin de les finir, et aurait été jeté dans les supplices destinés aux blasphémateurs, aux parricides et à ceux qui sont plus que parricides. Car si le meurtre des parricides est d'autant plus criminel, que ce n'est pas seulement un homme, mais un homme de leur sang qu'ils mettent à mort, et si entre les parricides mêmes le crime se mesure par le degré de proximité de celui qu'on fait mourir, celui qui se fait mourir lui-même est le plus coupable de tous, puisque personne ne nous est si proche que nous.

Que pensez-vous donc faire, misérables, lorsqu'en vous ôtant la vie vous vous jetez dans les supplices éternels, dont Dieu punira et l'impiété que vous commettez contre lui, et la cruauté que vous exercez contre vous-mêmes? Cependant vous prétendez aller de pair avec les martyrs, vous dont on pourrait toujours dire : « Malheur à ceux qui perdent la patience (3) », quand ce serait pour vous soustraire à la fureur des tyrans qui vous persécuteraient pour le nom de Jésus-Christ que vous vous donneriez la mort. Car comment se pourrait-il faire que l'impatience fût couronnée aussi bien que la patience? et comment celui à qui il est commandé d'aimer son prochain comme soi-même passera-t-il pour innocent, lorsqu'il aura commis contre lui-même, ce qu'il lui est défendu de commettre contre son prochain (4).

CHAPITRE XIV. LA PATIENCE DES JUSTES.

11. Que les saints écoutent donc les préceptes de patience que nous donne l'Ecriture « Mon fils, si tu veux entrer au service de Dieu, conserve-toi dans la justice, et dans la crainte, et prépare ton âme à la tentation. Humilie ton cœur et tiens ferme, afin que ta vie se trouve pleine et abondante au dernier jour; reçois tout ce qu'il plaira à Dieu de t'envoyer ; ne te laisse pas abattre à la douleur, et conserve la patience lorsque tu seras dans l'humiliation, car l'or et l'argent s'éprouvent par le feu, et les hommes recevables, dans la fournaise de l'humiliation (1) ». Et ailleurs : « Mon fils, ne t'irrite pas contre le châtiment dont Dieu se sert pour te corriger, et ne te laisse pas abattre, lorsqu'il te reprend; car le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de verges tous ceux qu'il reçoit au nombre de ses enfants (2) ».

Ceux qu'il reçoit ainsi au nombre de ses enfants sont ces hommes recevables dont il est parlé dans l'autre passage; car il est juste qu'étant déchus de la félicité du Paradis par l'orgueil et par une ardeur désordonnée pour les plaisirs, ce soit par l'humilité et par la patience dans les maux que nous y soyons rétablis : exilés par le mal que nous avons fait, rappelés par ceux que nous souffrons; ayant alors péché contre la justice et souffrant maintenant pour la justice

CHAPITRE XV. SOURCE VRAIE DE LA PATIENCE.

12. Mais il faut savoir d'où nous vient la patience véritable et qui mérite d'être appelée de ce nom; car il y en a qui l'attribuent aux forces que la volonté humaine tire du fonds de sa liberté, au lieu de l'attribuer à celles que lui donne la grâce de Dieu. Cette erreur vient de l'orgueil de l'homme, et ce sont là les pensées de ceux dont parle le psalmiste quand il dit: « Nous avons été la risée de ceux qui sont riches à leurs propres yeux, et le mépris des orgueilleux (3) ».

Cette sorte de patience n'est donc pas « la patience des pauvres », qui « ne périt point (4) » et qu'ils reçoivent de Celui qui est souverainement riche, et à qui le psalmiste a dit : « Vous êtes mon Dieu, vous n'avez que faire de mes biens (1) », de ce Dieu « de qui vient tout don parfait et toute grâce excellente (2) », et à qui s'adressent « les cris du pauvre et de l'indigent qui loue son nom (3) » et qui « demande, cherche et frappe à la porte (4) » , en disant:

« Mon Dieu, tirez-moi des mains du méchant, des mains de l'injuste qui viole votre loi; car vous êtes ma patience, Seigneur, vous êtes mon espérance dès mes plus tendres années (5)».

Mais ceux qui sont « riches à leurs propres yeux (6) », et qui ne veulent pas reconnaître leur indigence devant le Seigneur, aimant mieux se glorifier d'une fausse patience que de lui demander la véritable, « se moquent des pensées du pauvre, qui met son espérance en Dieu (7) », et ils ne prennent pas garde qu'attribuer autant qu'ils font à leur volonté, c'est-à-dire à la volonté de l'homme, puisqu'ils sont hommes, c'est encourir « la malédiction prononcée » par le Prophète « contre ceux qui mettent en l'homme leur espérance (8) ».

Ainsi, lorsqu'il arrivera que pour éviter de plus grands maux, ou de peur de déplaire aux hommes, ou par la complaisance que leur donnent pour eux-mêmes ces forces prétendues de leur volonté superbe, ils souffriront avec fermeté des choses dures et fâcheuses, il faudra leur dire de cette fausse patience, ce que l'Apôtre saint Jacques dit de la fausse sagesse, que « ce n'est pas là celle qui vient d'en haut », mais une patience « terrestre, animale, diabolique (9) ». Car la patience des orgueilleux n'est pas plus véritable que leur sagesse; et c'est celui qui donne la vraie sagesse, qui donne aussi la véritable patience, selon que lui chantait un véritable pauvre d'esprit, lorsqu'il disait: « Sois soumise à Dieu, ô mon âme, car c'est de lui que vient ma patience (10)».

CHAPITRE XVI. OBJECTION.

13. Mais, nous répondront-ils, si sans aucune grâce de Dieu, et par les seules forces du libre arbitre, les hommes sont capables de supporter des maux si horribles, et dans l'esprit, et dans le corps, pour arriver à la jouissance des biens de cette vie, et des plaisirs même criminels ; pourquoi ne pourront-ils pas en souffrir autant pour la justice et pour la vie éternelle par les mêmes forces du libre arbitre? La nature ne lui en a-t-elle pas donné tout ce qu'il faut pour cela, sans qu'il ait besoin d'un secours d'en haut? Quoi ! dira-t-on, la volonté des méchants sera capable, sans aucun secours de Dieu, de souffrir, pour l'iniquité, les tourments par lesquels ils se préparent à tenir bon contre ceux que les juges leur peuvent faire endurer; la volonté des scélérats qui cherchent à prolonger le cours de cette misérable vie, sera assez forte, sans aucune assistance du ciel, pour persister, malgré la rigueur et la longueur des plus cruels tourments, à nier leurs crimes de peur qu'on ne les envoyât à 1a mort s'ils les avouaient ; et la volonté des justes ne le sera pas assez, si elle n'est assistée d'en haut pour souffrir quelques peines que ce soit par la considération de ce qu'il y a d'aimable dans la justice, ou par l'amour de la vie éternelle?

CHAPITRE XVII. — RÉPONSE.

14. Mais ceux qui parlent ainsi ne savent pas que comme la dureté avec laquelle les méchants supportent les maux, est proportionnée à la mesure de la cupidité et de l'amour du monde qui est en eux ; de même la force des justes dans les souffrances n'est plus ou moins grande qu'à proportion de leur charité et de leur amour de Dieu. Or, au lieu que la cupidité a la volonté pour principe, se fortifie dans le plaisir et se consomme dans la coutume; la charité au contraire n'a que Dieu pour principe, étant « répandue dans nos « coeurs », non par nous-mêmes, mais « par le Saint-Esprit qui nous est donné (1) » . La patience des justes vient donc de Celui-là même qui répand la charité dans leurs coeurs.

Aussi voyons-nous que l'Apôtre faisant l'éloge de la charité, entre les autres biens qu'elle enferme, marque expressément qu' « elle souffre tout. La charité », dit-il, « est patiente, et courageuse (2) », et un peu plus bas : « Elle souffre tout (3) ». De sorte que, plus l'amour de Dieu est fort dans les justes, et l'amour du monde dans les méchants, plus ils souffrent avec fermeté, pour ce qu'ils aiment les uns et les autres, tous les maux qui leur peuvent arriver. Comme donc la véritable patience dans les justes vient de ce qui produit en eux l'amour de Dieu, la fausse patience dans les méchants vient de ce qui produit en eux l'amour du monde.

C'est ce qui a fait dire à l'apôtre saint Jean « N'aimez point le monde ni ce qui est dans le monde : si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui, car tout ce qui est dans le monde n'est que concupiscence de la chair, ou concupiscence des « yeux, ou orgueil de la vie, ce qui ne vient « pas du Père, mais du monde (1) ». Ainsi plus cette concupiscence qui ne vient pas du Père, mais du monde, sera forte et ardente dans un homme, plus il sera capable de souffrir avec fermeté, pour ce qu'il désire, toutes les peines et les douleurs qui lui pourront arriver. Cette sorte de patience, comme nous avons déjà dit, n'est donc pas celle qui vient d'en haut; c'est la patience des saints qui en vient, et qui est un « don du Père des lumières (2) » : l'une est terrestre, l'autre céleste; l'une animale, l'autre spirituelle; l'une diabolique, l'autre divine; parce que la cupidité qui fait que les méchants se raidissent dans leurs maux, « vient du monde (3) » ; et la charité , qui fait que les saints souffrent les leurs avec force, « vient de Dieu (4)».

Voilà ce qui fait que pour cette fausse patience la volonté de l'homme suffit sans aucun secours de Dieu, étant d'autant plus capable de souffrir avec cette dureté, qu'elle a plus de cupidité. Mais pour la véritable patience, la volonté de l'homme ne suffit pas, si la grâce ne l'aide et ne l'enflamme; parce que le Saint-Esprit est son feu, et qu'à moins d'en être embrasée jusqu'à aimer le bien souverain et impassible, elle ne saurait tenir bon dans les maux qui lui arrivent.

CHAPITRE XVIII. LA PATIENCE VIENT DE DIEU.

15. Car, comme nous l'apprenons des saintes Ecritures, « Dieu est charité, et celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu, et Dieu en lui (5)». Ainsi, soutenir qu'on peut avoir l'amour de Dieu sans le secours de Dieu, c'est proprement soutenir qu'on peut avoir Dieu sans Dieu. Or, je ne dis pas quel chrétien, mais quel insensé oserait avancer une telle extravagance ?

Voici donc, selon l'Apôtre, ce que la véritable , la sainte et fidèle patience dit par la bouche des saints dans les transports de sa joie: « Qui me séparera de l'amour de Jésus-Christ? sera-ce l'affliction? les angoisses? la persécution ? la faim ou la nudité ? les périls, ou le fer et la violence ? car, selon qu'il est écrit, nous sommes tous les jours égorgés pour l'amour de vous; on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. Mais dans tous ces maux nous demeurons victorieux par Celui qui nous a aimés (1) ». Ce n'est donc pas par nous-mêmes, mais « par Celui qui nous a aimés ». Et ensuite: « Je suis assuré », ajoute ce grand Apôtre, « que ni la mort ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les futures, ni tout ce qu'il y a au plus haut des cieux ou au plus profond des enfers, ni enfin aucune créature ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu en Jésus-Christ Notre-Seigneur (2) ». Voilà quel est cet amour de Dieu qui est « répandu dans nos coeurs », non par nous-mêmes, mais « par le Saint-Esprit qui nous est donné (3) » ; au lieu que la cupidité qui produit la fausse patience dans les méchants vient « du monde, et non pas du Père (4) », comme dit l'apôtre saint Jean.

CHAPITRE XIX. AUTRE OBJECTION : RÉPONSE.

16. Mais, dira quelqu'un, si c'est du monde que vient cette cupidité des méchants, qui leur fait souffrir avec fermeté tous les maux qui se rencontrent dans la poursuite de ce qu'ils aiment; comment peut-on dire qu'elle vient de leur volonté ? C'est qu'ils sont eux-mêmes du monde et qu'ils appartiennent au monde, parce qu'ils aiment le monde, jusqu'à abandonner Celui qui a fait le monde ; car « ils s'asservissent à la créature, au lieu de servir le Créateur qui est « béni dans tous les siècles (5) ». Ainsi il est clair que la volonté des méchants vient toujours « du monde », soit que l'apôtre saint Jean ait voulu marquer par ce mot-là, les amateurs du monde, ou ce qui est renfermé dans l'enceinte du ciel et de la terre, c'est-à-dire toutes les créatures; parce que toute volonté de la créature qui ne vient point du Créateur, vient du monde.

C'est pour cela que Jésus-Christ disait à des amateurs du monde: « Vous êtes d'ici-bas, et moi je suis d'en-haut ; vous êtes de ce monde, et moi je ne suis pas de ce monde (1) » ; tandis qu'il disait à ses Apôtres: « Si vous étiez du monde, le monde vous aimerait, parce que vous seriez à lui (2) ». De peur cependant qu'ils ne s'attribuassent plus qu'il ne leur appartenait, et qu'ils ne se crussent redevables à la nature et non à la grâce de ce qu'ils n'étaient pas du monde, Jésus-Christ ajoute aussitôt : « Parce que vous n'êtes pas du monde,et que je vous ai choisis, séparés du monde, c'est pour cela que le monde vous hait (3) ». Ils n'étaient donc pas du monde, il est vrai ; mais c'est qu'ils avaient été choisis et séparés du monde, pour n'en être pas

CHAPITRE XX. LA GRACE PRÉVENANTE.

17. Or nous apprenons de l'Apôtre que ce choix n'est fondé sur aucun mérite de bonnes oeuvres faites auparavant , mais que c'est un choix et une élection de grâce. Ce saint Apôtre a dit formellement que « le petit nombre que Dieu s'est réservé, est sauvé par une élection de grâce: que si c'est par grâce », ajoute-t-il, « ce n'est donc pas par les oeuvres, autrement la grâce ne serait plus grâce (4) ».

C'est cette élection de grâce, c'est-à-dire ce choix que Dieu fait des hommes par pure grâce, qui prévient dans l'homme tout ce qui lui peut tenir lieu de quelque mérite; car si les hommes étaient choisis en considération de quelque mérite, cette élection serait le paiement d'une dette, et non pas un présent gratuit ; et par conséquent elle ne mériterait pas le nom de grâce ; « la récompense », comme dit le même Apôtre, « n'étant pas regardée comme une grâce, mais comme une dette (5) ». Si au contraire elle est véritablement grâce, c'est-à-dire parfaitement gratuite, on ne peut pas dire qu'elle trouve rien en l'homme en considération de quoi elle lui soit donnée. C'est ce que l'Ecriture nous déclare nettement, quand elle dit: « Vous les sauverez pour rien (1)». C'est donc la grâce qui donne tout mérite, bien loin d'être donnée au mérite; c'est elle qui prévient toutes choses en nous, jusqu'à la foi même qui est le principe et le commencement de toute bonne oeuvre, puisque, comme il est écrit, « le juste vit de la foi (2) ».

Non-seulement donc la grâce aide et soutient le juste, mais c'est elle qui l'a fait juste, d'impie qu'il était. Ainsi, lors même qu'elle l'aide, et qu'il semble qu'elle soit la récompense de son mérite, elle ne cesse pas pour cela d'être grâce, car ce qu'elle aide en lui n'y est que par elle.

Cette grâce qui prévient tout mérite dans les hommes, est l'effet et. le prix de la mort que Jésus-Christ a bien voulu souffrir non-seulement par la main des impies, mais même « pour des impies (3) ». Or, quand Jésus-Christ a choisi ses Apôtres, c'a été pour les rendre justes, et non pas pour les avoir trouvés justes ; car, après leur avoir dit qu'ils n'étaient pas du monde, il ajouta incontinent, de peur qu'ils ne s'imaginassent qu'ils n'en avaient jamais été, que « c'est, lui qui les a choisis et séparés du monde (4) ». C'est donc ce choix qui a fait qu'ils n'ont pas été du monde.

D'ailleurs, si ce choix n'avait pas été fait par pure grâce, mais en considération de quelque justice qui eût été en eux, il ne serait pas vrai de dire qu'ils ont été « choisis et séparés du monde » ; car dès avant ce choix même ils n'eussent pas été du monde, puisqu'ils eussent été justes. De plus, s'ils ont été choisis parce qu'ils étaient justes, ils avaient donc déjà choisi Dieu les premiers, car on n'est juste qu'en choisissant la justice ; or, l'Ecriture nous apprend que (5) « Jésus-Christ est la fin de la loi pour être la justice de tous ceux qui croient; car il nous a été donné de Dieu pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption; afin que, comme il est écrit, quiconque se glorifie, ne se glorifie que dans le Seigneur (6) » ; c'est donc lui qui est notre justice.

CHAPITRE XXI. LA GRÂCE A FAIT LES ANCIENS JUSTES.

18. Aussi les saints qui ont vécu avant l'incarnation du Verbe n'ont-ils été justifiés comme nous, que par la foi en Jésus-Christ et par cette véritable justice que ce même Jésus-Christ est à tous les justes. Ils ont cru les choses avant leur accomplissement, comme nous les croyons , présentement qu'elles sont accomplies ; et ils sont sauvés « par grâce, par le « moyen de la foi, non par eux-mêmes, mais » par un don de Dieu qui « ne venait point de leurs bonnes oeuvres, afin qu'ils n'eussent pas sujet de se glorifier (1) » comme si leurs bonnes oeuvres avaient prévenu la miséricorde de Dieu au lieu qu'elles en étaient des suites et des effets aussi bien que les nôtres.

Car non-seulement ils avaient appris, mais ce sont eux-mêmes qui nous ont laissé par écrit, longtemps avant que Jésus-Christ vînt au monde, que « Dieu aura pitié de qui il lui plaira d'avoir pitié, et qu'il fera miséricorde à qui il lui plaira de la faire (2) » ; d'où saint Paul a conclu longtemps après que «tout dépend donc, non de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde (3) ». Ce sont eux encore qui ont dit, longtemps avant la venue de Jésus-Christ : « Mon Dieu, votre miséricorde me préviendra (4)».

Or, comment n'auraient-ils pas été participants de la foi de Jésus-Christ, eux qui nous ont prophétisé Jésus-Christ, dans la foi duquel personne n'est, ni ne sera, ni n'a jamais été juste? Si donc les Apôtres étaient déjà justes quand Jésus-Christ les a choisis , il faudrait qu'ils l'eussent choisi les premiers, afin qu'étant justes par ce choix, sans lequel il n'y a point de justice, ils puissent mériter d'être choisis par lui. Mais il n'en a pas été ainsi, puisqu'il leur a dit lui-même : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis (5) » ; et c'est ce qui a fait dire à l'apôtre saint Jean : « Ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu les premiers, mais c'est lui qui le premier nous a aimés (6) ».

CHAPITRE XXII. SANS LA GRACE POINT DE JUSTE.

19. Cela étant ainsi, un homme qui a l'usage de sa raison et de sa volonté, qu'est-il autre chose avant que d'aimer Dieu, et de l'avoir pris pour son partage, qu'un pécheur et un impie ? Que deviendra cette misérable créature qui a quitté son Créateur, si ce Dieu de bonté n'en a pitié, si gratuitement il ne la choisit et ne l'aime gratuitement ? Car à moins que Dieu ne guérisse et ne redresse l'homme, en le prévenant par un choix et une bienveillance gratuite, l'homme n'est pas capable de se porter à choisir ni à aimer Dieu ; son aveuglement lui ôtant la vue de ce qu'il faut choisir, et sa langueur, le goût de ce qu'il faut aimer. Mais, dira-t-on, comment se peut-il faire que Dieu choisisse, et aime le premier des méchants et des impies pour les rendre justes, puisqu'il est écrit: « Vous haïssez, Seigneur, tous ceux qui commettent l'iniquité (1) ? » Il y a là sans doute quelque chose d'inexplicable et d'incompréhensible. Ne concevons-nous pas néanmoins qu'un médecin tendre et charitable hait et aime son malade tout à la fois ? Il hait en lui ce qui le fait malade, et il l'aime pour le guérir.

CHAPITRE XXIII. PATIENCE VRAIE; PATIENCE FAUSSE.

20. Voilà ce que j'ai cru devoir dire sur le sujet de la charité, sans laquelle il ne saurait y avoir en nous de véritable patience ; car c'est la charité qui supporte les maux dans les bons, comme c'est la cupidité qui les supporte dans les méchants. Or « cette charité n'est dans nous que par le Saint-Esprit qui nous est donné (2) » ; ainsi nous tenons la patience de Celui-là même de qui nous tenons la charité.

Pour la cupidité, lorsqu'elle supporte avec fermeté le poids des misères dont elle se trouve accablée; elle se glorifie des forces de sa volonté propre, c'est-à-dire de l'ardeur de la maladie quelle prend pour la vigueur de sa santé. Il y a de la folie à se glorifier de cette sorte ; et ce n'est pas être patient, mais insensé. Cependant cette volonté semble porter les maux avec d'autant plus de patience, qu'étant dépourvue des biens du ciel, elle a plus d'avidité pour ceux de la terre.

CHAPITRE XXIV. VOLONTÉ MAUVAISE SANS L'INSTIGATION DU DÉMON.

21. Mais quoique le malin esprit redouble souvent cette avidité par ses sollicitations impures et parles images trompeuses qu'il forme dans l'esprit, et que, conspirant avec la corruption de l'homme, il porte sa volonté à un point d'erreur, de folie ou d'ardeur, par les plaisirs d'ici-bas, qui lui fasse supporter avec une fermeté surprenante les maux les plus insupportables; ce n'est pas à dire pour cela qu'il rie puisse y avoir de volonté mauvaise sans l'instigation du démon, comme il n'y en peut avoir de bonne sans le secours du Saint-Esprit. Car il n'y a point de meilleur exemple que le démon même, pour faire voir que la volonté peut être mauvaise sans qu'on soit séduit, ou sollicité par un esprit étranger; puisque ce n'est pas par l'instigation d'un autre démon, mais par sa volonté propre qu'il est devenu démon.

Ainsi la volonté mauvaise qui étant ou entraînée par le désir, ou retenue par la crainte, ou dilatée par la joie, ou resserrée par la tristesse, méprise et supporte volontiers ce qu'il y aurait de plus dur pour un autre et pour elle, si elle n'était point agitée de ces mouvements, suffit pour se séduire elle-même, sans qu'aucun esprit étranger la pousse. Et à proportion qu'étant vide des choses d'en-haut, et plongée dans celles d'ici-bas, l'objet qu'elle désire posséder, ou qu'elle craint de perdre, ou dont la possession lui donne de la joie, ou dont elle regrette la perte, lui paraîtra doux; elle portera avec d'autant plus de fermeté tous les maux dont la souffrance ne sera pas capable de balancer le plaisir de la jouissance de ce qu'elle aime. Or, ce qu'elle aime, quoi que ce puisse être, est du genre et de la nature des choses créées. Car on sait que le plaisir des créatures ne consiste qu'à suivre la pente que le commerce perpétuel qu'elles ont entre elles leur donne les unes pour les autres, et qui fait que la créature aimante s'attache à la créature aimée pour en goûter la douceur.

CHAPITRE XXV. DIEU SEUL REND LA VOLONTÉ DONNE.

22. Mais ce plaisir du Créateur, dont il est écrit : « Vous les abreuverez au torrent de vos délices (1) », est bien d'un autre genre; car ce n'est point une chose créée comme nous. Si ce plaisir céleste ne produit donc en nous l'amour de Dieu, il n'y a rien qui nous le puisse donner; et ainsi la bonne volonté, celle par laquelle on aime Dieu, ne saurait être que dans ceux « en qui Dieu opère le vouloir même (2)». Il est donc clair que cette bonne volonté, c'est-à-dire celle qui est soumise à Dieu avec fidélité, celle qui brûle de la sainte ardeur qui vient d'en haut, celle qui aime Dieu et le prochain pour l'amour de Dieu, sous quelque forme que ce soit qu'elle souffre les maux de cette vie, que ce soit sous la forme de cet amour exprimé dans cette parole de saint Pierre à Jésus-Christ : « Vous savez, Seigneur, que je vous aime (1) » ; ou de cette crainte dont parle saint Paul, quand il dit : « Opérez votre salut avec crainte et tremblement (2) »; on de cette joie dont il parle ailleurs, quand il dit : « Réjouissez-vous par l'espérance, et soyez patients dans les afflictions (3) » ; ou d'une « tristesse» comme celle « dont il avait le coeur si pressé «sur le sujet de ses frères (4) » ; il est clair, dis-je, que c'est toujours cette même charité, dont il est dit qu'elle « souffre tout (5)», et qui n' « est » jamais « répandue dans nos coeurs » que « par le Saint-Esprit qui nous est donnée (6) ».

CHAPITRE XXVI. QUE PENSER DE LA PATIENCE DES SCHISMATIQUES?

Ainsi la piété ne nous permet pas de douter, que la patience qui fait qu'on souffre chrétiennement, ne soit un don de Dieu, aussi bien que la charité qui fait qu'on aime saintement. Car l'Ecriture ne se trompe ni ne nous trompe, quand elle dit, et dans l'ancien Testament, que « Dieu est notre patience (7) », que « notre patience vient de Dieu (8) », que « l'Esprit de force nous est donné d'en haut (9) » ; et dans le nouveau, qu' « il a été donné à quelques-uns, non-seulement de croire en Jésus-Christ , mais même de souffrir pour lui (11) ».

Que ce que nous savons avoir reçu, ne nous soit donc pas un sujet de nous élever, comme si nous l'avions de nous-mêmes.

23. Parmi ceux qui sont dans le schisme, et par conséquent dépourvus de la charité, dont l'unité d'esprit et le lien de la paix qui unissent tous les membres de l'Eglise catholique sont des suites nécessaires, si l'on voit quelqu'un souffrir, par la crainte du feu de l'enfer, les afflictions, les angoisses, la nudité, la persécution, les périls, la prison, les chaînes, les tortures, le fer, le feu, les ongles et les dents des bêtes sauvages, et la croix même, plutôt que de renoncer à Jésus-Christ, bien loin qu'on l'en puisse blâmer, il y a quelque chose de louable, même dans cette sorte de patience.

Car nous ne pouvons pas dire que cet homme-là eût mieux fait de renoncer à Jésus-Christ pour se garantir des maux qu'il a soufferts en confessant son nom. Mais ce que nous en devons penser, c'est que cela servira peut-être à faire qu'il soit puni d'un moindre supplice, que s'il avait renoncé à Jésus-Christ pour se délivrer de tous ces maux.

Ainsi, lorsque l'Apôtre a dit : « Quand on livrerait mon corps pour être brûlé, si je n'ai la charité, cela ne me sert de rien (1) » ; il faut entendre que cela ne sert de rien pour gagner le royaume du ciel, mais non pas pour diminuer quelque chose de la rigueur des supplices éternels.

CHAPITRE XXVII. EST-ELLE UN DON DE DIEU ?

24. Mais on pourrait demander si c'est un don de Dieu ou une chose qu'il faille attribuer à la force de la volonté humaine, que la patience par laquelle un homme séparé de l'Eglise et craignant les peines éternelles, souffre des maux temporels; non pour l'erreur qui a fait sa séparation, mais pour les vérités et les mystères qui se conservent encore dans sa secte. Car si nous disons que cette sorte de patience soit un don de Dieu, nous faisons participants de son royaume ceux en qui elle se trouve; si au contraire nous disons que ce n'en est pas un, nous avouerons par là que sans le secours de Dieu, il peut y avoir quelque bien dans la volonté de l'homme; puisqu'on ne saurait nier que ce ne soit un bien que de croire qu'on sera puni éternellement si on renonce à Jésus-Christ, et de souffrir, plutôt que d'en venir là, tout ce que les hommes sont capables de faire souffrir. Ne nions donc pas que cela même ne soit un don de Dieu; mais comprenons en même temps que les dons qu'il fait aux citoyens de la Jérusalem céleste, de la femme libre dont nous sommes les enfants, sont bien autres que ceux-là.

CHAPITRE XXVIII. DONS ET DONS.

25. Ce sont ces dons qui composent l'héritage céleste, où nous sommes « héritiers de Dieu et cohéritiers de Jésus-Christ (2) » ; pour les autres, ils peuvent être le partage « des enfants même des concubines », c'est-à-dire des juifs charnels, des hérétiques et des schismatiques. Car si d'un côté nous voyons que Dieu dit à Abraham : « Chasse l'esclave avec son fils, parce que le fils de l'esclave ne sera point héritier avec mon fils Isaac (1) » ; et, ailleurs: « Ce sera Isaac qui sera appelé ton fils (2) », c'est-à-dire : « que ceux qui sont sortis d'Abraham selon la chair, ne sont pas pour cela enfants de Dieu, mais que les enfants de la promesse sont réputés être la race d'Abraham (3) », comme l'Apôtre l'explique pour nous faire entendre que « ce sont les enfants issus d'Abraham en la ressemblance d'Isaac qui sont enfants de Dieu par Jésus-Christ (4)», et qui sont ses membres et composent son corps, c'est-à-dire l'Eglise catholique, laquelle est seule la véritable Eglise en qui se trouve la foi qui fait les saints, et qui agit non par la crainte, ni par l'orgueil, mais par l'amour; si, dis-je, nous voyons par là les enfants des concubines exclus de l'héritage, nous voyons aussi que lorsqu'Abraham les sépara d'avec son fils Isaac, « il leur fit quelques gratifications (5)», non qu'il les reconnût pour ses héritiers, mais afin de ne les pas laisser absolument dépourvus de tout. « Abraham », dit l'Ecriture, « donna tous ses biens à son fils Isaac, et séparant de lui les enfants des concubines, il leur fit aussi quelques gratifications (6)».

Si donc nous sommes enfants de la femme libre, de Jérusalem, comprenons qu'autres sont les biens des héritiers, autres les gratifications faites à ceux qui n'ont point de part à l'héritage. Or, les héritiers sont ceux à qui il est dit : « L'esprit que vous avez reçu n'est point un esprit de servitude pour vous faire vivre encore dans la crainte; mais vous avez reçu l'Esprit d'adoption des enfants, qui nous fait crier : mon Père, mon Père (7) ».

CHAPITRE XXIX. ÉTERNELLE RÉCOMPENSE DE LA PATIENCE VÉRITABLE.

26. Que l'esprit de charité nous fasse donc crier de la sorte; et dans l'attente où nous sommes de l'héritage éternel, soyons animés d'un amour libre, et non d'une crainte servile; « crions », mais dans un esprit de patience, pendant que nous sommes pauvres ici-bas, jusques à ce que nous soyons enrichis dés biens de cet héritage céleste. Nous en avons déjà des gages et des assurances bien grandes, puisque «Jésus-Christ s'est fait pauvre pour nous enrichir (1) », et qu'après son exaltation dans le ciel, le Saint-Esprit nous a été envoyé pour former de saints désirs dans nos coeurs.

C'est de ces pauvres qui n'ont encore que la foi, et non pas la claire vue, qui espèrent mais qui ne jouissent pas, qui soupirent et qui désirent, bien loin d'être déjà régnants dans la souveraine félicité, qui ont faim et soif de la justice, mais qui n'en sont pas encore pleinement rassasiés; c'est de ceux-là qu'il est dit : « Leur patience ne périra point (2) » ; non qu'ils aient encore besoin de patience lorsqu'il n'y aura plus rien à souffrir, mais parce que leur patience n'aura pas été infructueuse, et que pour dire « qu'elle ne périra point 3 », il suffit que la récompensé en soit éternelle. Car, quand on a travaillé en vain, et qu'on se trouve frustré dans son attente, on dit qu'on a perdu sa peine; et au contraire, lorsqu'on est arrivé à ce qu'on prétendait, on dit qu'on ne l'a pas perdue; ce qui ne signifie pas qu'elle demeure toujours, mais qu'elle n'a pas été inutile.

C'est ainsi que « la patience des pauvres (4) » de Jésus-Christ, qui doivent un jour être enrichis de l'héritage du même Jésus-Christ, « ne périra point (5) » ; non que nous ayons rien à souffrir dans la béatitude éternelle; mais parce que nous y jouirons à jamais de la récompense dé ce que nous aurons souffert ici-bas avec patience. Car celui qui donne à la volonté, la patience dont nous avons besoin dans le temps, ne mettra point de fin à la félicité que nous posséderons dans l'éternité; couronnant par l'un et l'autre de ces dons, celui qu'il nous a fait de la charité.

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