C’est la quatrième demande du Notre Père. Notons que les trois premières demandes sont des demandes spirituelles concernant Dieu:

« Que ton nom soit sanctifié; que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » (Matthieu 6:9-10). De même, la demande qui suit « donne-nous aujourd’hui notre pain du lendemain » est aussi une demande spirituelle: « pardonne-nous nos offenses ... ne nous induis pas à la tentation mais délivre-nous du malin ... ».

Le Notre Père est donc composé de demandes spirituelles. Aussi, il n’est pas logique de demander du pain corporel au milieu de ces demandes spirituelles. Le Christ a bien dit: « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle » (Jean 6:27). A propos des demandes corporelles ou matérielles Il a dit aussi: « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. (Matthieu 6:33).

Notre église copte a, dès le début, compris le sens de ce passage du Notre Père comme étant « le pain à venir » ou « notre pain du lendemain » ou le pain de la vie éternelle qui est, en premier lieu, le Corps du Seigneur et Son Sang dans le sacrement de la Sainte Offrande, ou plus généralement, la nourriture de l’esprit c’est à dire: la pratique de la grâce, les dons du Saint-Esprit et la plénitude de la parole de Dieu.

Le sens du mot « épi osion »

Le mot « épi osion », en grec epiouVion qui vient en adjectif du mot pain « arton », en grec arton , n’apparaît que deux fois dans le Nouveau Testament (Matthieu 6:11 et Luc 11:3). Cet adjectif peut prendre les significations suivantes:

1. essentiel ou nécessaire à l’existence et la vie

2. qui est pour le lendemain, le suivant, le successeur, à venir

3. suffisant pour le jour présent, ou suffisant d’un jour à l’autre

Notons que:

  • certaines églises ou communautés chrétiennes prient en disant: « notre pain essentiel » et d’autres: « notre pain à venir ou du lendemain » et d’autres encore: « notre pain suffisant »
  • il existe un point commun à toutes ces formulations: c’est qu’il s’agit du pain nécessaire à la vie et essentiel à l’existence. Ce sens est mentionné dans les dictionnaires grecs, tels que le dictionnaire Ephstératiadou appelé Dictionnaire du Nouveau Testament édité à Alexandrie en 1910
  • le comité théologique dépendant de la division « Foi et Unité » du conseil des églises du Moyen-Orient, après une étude approfondie qui a duré plusieurs années, s’est accordé pour choisir une seule phrase unifiant toutes les significations précédemment citées: « Notre pain essentiel à la vie ». Cette formulation est destinée à unifier la traduction arabe du Notre Père pendant les réunions oecuméniques au Moyen-Orient.

 

Le lien entre le pain et la vie

Le Christ a dit: « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. » (Jean 6:51) « car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. (Jean 6:33).

Il a dit aussi: « Celui qui me mange vivra par moi. » (Jean 6:57).

« Le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. » (Jean 6:51).

Nous savons que le Christ est la Vie, Lui qui a dit: « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14:6) et encore « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11:25). Ainsi, nous voyons que le Christ s’est identifié au « Pain » (Jean 6:33), au « Pain vivant » (Jean 6:51) et à la « Vie » (Jean 14:6, 11:25).

Dans la langue courante en Egypte, on appelle le pain « la vie ». Le pain est assimilé par tout le monde à la vie, mais le Christ nous rappelle ce qui a été mentionné dans la Torah de Moïse: « L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Matthieu 4:4).

Ainsi, le Christ nous montre que, de même que le corps a besoin de pain matériel pour vivre, l’esprit aussi a besoin de pain spirituel pour vivre, croître et s’affermir. L’homme ne doit donc pas négliger la nourriture spirituelle dans sa quête pour la nourriture corporelle. C’est pour cela qu’Il a dit « L'homme ne vivra pas de pain seulement », confirmant ainsi qu’il existe deux types de nourriture.

Il est certain que la nourriture spirituelle est le Christ, comme le dit notre maître Paul l’apôtre: « Car Christ est ma vie » (Philippiens 1:21).

C’est par le Christ que « nous avons la vie, le mouvement, et l'être » (Actes 17:28). Sans Lui, point de vie, point de victoire sur les facteurs du péché et de la mort, point de libération de la perdition éternelle, point de sainteté et point de grâce. Il est notre vie à tous, notre espérance à tous et notre résurrection à tous.

Il est la résurrection et le vie. C’est pour cela qu’Il dit: « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. (Jean 6:54), et encore « Celui qui me mange vivra par moi. » (Jean 6:57).

Ô Seigneur, ouvre nos coeurs et éclaire notre compréhension, afin que nous assimilions la force de la vie éternelle que Tu nous a réservée ô Dieu Saint.