Discours pour la fête de la croix attribué à Saint Cyrille d'Alexandrie

 

 

AU NOM DE DIEU MAJESTUEUX DANS LA SOUVERAINETÉ
L'UNIQUE DANS SON UNICITÉ
UN DISCOURS QUE L'HONORABLE PÈRE CYRILLE
PATRIARCHE DE LA VILLE D'ALEXANDRIE A COMPOSÉ
POUR QU'IL SOIT LU A LA FÊTE DE LA CROIX GLORIFIÉE
LE 17 DE MOIS DE TOUT, POUR CONDUIRE A LA PURE PÉNITENCE.
QUE LA BÉNÉDICTION QUI EST EN LUI, SOIT AVEC NOUS AMEN.

 

Il a démontré comment Dieu supporte le pécheur et prend tous les moyens, jusqu'à ce que celui-ci revienne à la pénitence!, par les maladies et les accidents. Car, Dieu, soit loué, ne veut la perte de personne, car il est l'oeuvre de ses mains. Mais aussi, Il l'éveille à la pénitence par les maladies, les accidents, les tristesses, la pauvreté et la mort des enfants, afin qu'il pense à ses péchés et tout ce qu'il a fait comme méchancetés; il se retourne rapidement vers Dieu, qu'il soit loué, qui accepte sa pénitence, et Il lui compense, dans ce bas monde, maintes fois ce qu'il a perdu, et dans l'au-delà de la vie éternelle.

Quant à celui que Dieu abandonne dans ses péchés, Il ne le cherche ni par une maladie, ni par la souffrance, ni par une catastrophe, ni par la pauvreté; celui-là, il doit savoir qu'il n'a pas de part auprès de Dieu, puisqu'il l'a abandonné vivant somptueusement dans le monde selon la chair. Il a aussi parlé dans ce discours d'une femme manichéenne qui se trouvait dans la ville d'Alexandrie aux jours de mon enfance, et comment, Dieu l'ayant guidée, jusqu'à ce qu'elle ait embrassé la religion chrétienne. Il a également parlé de Philoxène, chef des Juifs, qui après avoir reçu le baptême, devint chrétien avec toute sa maison, à cause du prodige qui arriva par la croix glorieuse; et comment la fille de ce dernier recouvrit la vue, après que ses yeux eussent été frottés du sang qui coula de la croix du Christ au milieu de la synagogue; et comment une foule de Juifs crurent à Notre-Seigneur Jésus-Christ à qui la gloire pour les siècles des siècles, dans la paix de Dieu. Amen.

Il dit: bon et honorable est le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous a rapproché de son Église, et qui nous a appris les paroles du saint Évangile, comme Il a dit dans l'évangile de Mathieu concernant «un homme possédant cent brebis qui, si une d'elles s'égare, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur la montagne, pour chercher celle qui s'est perdue? Et s'il la trouve, il la prend sur ses épaules, il se réjouit avec elle. Il invite ses amis et ses voisins en leur disant: réjouissez-vous avec moi aujourd'hui; car j'ai trouvé ma brebis, qui était perdue. De même, est une grande joie dans le ciel, devant Dieu, qu'il est Grand, et ses anges, pour un seul pécheur qui fait pénitence» .

Il a aussi dit en nous appellantt à la pénitence: «Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes accablés de fardeaux et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous et apptetzezde m()ique je suis doux et humble de coeur; vous trouverez le lieu du rêpos pour vos âmes, car doux est mon joug, et léger est mon fardeau » ; «Vous qui êtes accablés des souillures de vos péchés qui se sont répandus et multipliés en eux en abondance, venez à moi et je vous pardonnerai; car je ne veux pas la mort du pécheur, dit le Seigneur, mais qu'il se détourne de sa voie mauvaise, qu'il fasse pénitence et qu'il vive dans la vie éternelle».

Il dit encore: «Il y aura de la joie chez les.anges de Dieu pour un seul pécheur qui fait pénitence». Si la joie! est grande pour un pécheur s'il fait pénitence devant Dieu et seS anges, qu'elle ne sera pas lajoie immense des habitants du ciel et de la terre, des anges, des archanges et des vertus célestes, si une multitude de pécheurs fait pénitence.

Maintenant donc, Ô frères bien-aimés, ne nous négligeons pas nous-mêmes en disant que nos péchés sont nombreux; la miséricorde de Dieu est plus abondante que nos péchés « personne n'est sans péché, à l'exception de Dieu seul ». Sachez que le démon nous fait tomber dans les péchés par ses ruses, il nous rend agréables les passions et les plaisirs. Précipitons-nous vers la pénitence et sollicitons Dieu, l'ami des hommes, avec une grande humilité, afin qu'Il nous remette nos péchés, il y a la sollicitude en Lui pour nous.

Le signe de l'humilité, c'est que l'homme ne répond pas à ce que son ennemi lui a fait, ni le punit par le mal; mais il voit que tous les pécheurs, même ceux qui sont des sanguinaires et des adultères, sont mieux que lui, mais il ne juge plus jamais personne; ni ne blâme personne, ni ne les flétrit point et ne lui fait aucun reproche; mais il lui parle à part. Il ne doit mentir à personne, ni chasser quelqu'un, ni l'empêcher de puiser dans ses biens, ni dans sa maison. Il donne à celui qui en fait la demande, il prête à celui qui lui sollicite quelque chose, même si celui-ci est son ennemi; ni de tromper personne, ni détester quelqu'un, ni se moquer de quelqu'un. Celui-ci est un vrai chrétien, qui est soucieux de ses péchés et fait pénitence; il ne fait aucun mal à personne par une mauvaise parole .Parce que, à celui qui dit du mal des autres, Dieu lui fait supporter les péchés de ceux-là; car, il leur a menti et calomnié.

Mais le chrétien humble, c'est celui qui est préoccupé par le salut de son âme, et qui ne laisse personne souffrant à cause de lui; il ne communie pas des mystères jusqu'à ce qu'il se reconcile avec son ennemi, comme le Seigneur Christ l'a commandé dans son saint Évangile. Il se peut que quelqu'un se désintéresse en disant que nos péchés sont très abondants et comment Dieu nous les pardonne ? Regarde, bien-aimé, ne dis une pareille chose. Car il n'y a de péchés que Dieu accepte de remettre; Il est, soit loué, rédempteur et miséricordieux, Il nous pardonne. Situes un grand pécheur, souviens-toi du peuple de Ninive, comment leur blasphème a été pardonné par la pénitence ? Si tu es un adultère, souviens-toi de la femme adultère qui a transformé ses.yeux en une fontaine d'eau abondante et qui lava les pieds de Notre-Seigneur Jésus-Christ par ses larmes, puis les essuya avec sa chevelure. Si tu es un voleur, souviens-toi du larron qui fit son aveu au Seigneur Christ sur la croix et reçut en même temps le pardon de tous ses péchés.

Si tu es un oppresseur ou publicain, souviens-toi du publicain dont le Seigneur a fait son disciple évangéliste. Si tu es un sorcier magicien, fais pénitence et souviens-toi des mages qui vinrent au Seigneur Christ lui offrir des présents; et ils reçurent de lui le pardon de leur péché en même temps.Si tu as fait tous les péchés, ne néglige pas la pénitence maintenant donc mes bien-aimés et ne désespère pas de la miséricorde de Dieu à cause du péché. Car, Dieu, son invocation soit louée, Il est plein de compassion en effet, Il est miséricordieux, ne veut pas qu'une seule de ses créatures périsse; mais qu'elle revienne de sa voie mauvaise et qu'elle vive; Il ne fera perdre à personne sa récompense, et Il veut que les hommes soient sauvés par la pénitence.

Car la pénitence relève les perdus, et consolide ceux qui sont debouts; elle lave l'homme des péchés comme tu laves un habit et persbnnenesait bù est partie la saleté. Dieu, qu'Il soit loué, a dit par la bouche des prophètes:« Venez à moi, si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; s'ils sont rouges comme l'écarlate, ils seront comme la laine, et je vousles remettrai», si vous ne dites pas du mal des autres en leur absence; si vous ne calomniez point, ni ne mentez à quiconque, je lui pardonnerai ses péchés et je les remettrai à celui qui s'est enorgueilli et a menti sur son compagnon ou son proche et le trompant.

Écoutez maintenant les faits qui prouvent la vérité de ces paroles selon lesquelles Dieu, soit loué, ne veut pas la mort du pécheur; bien plus, Il l'éveille à la pénitence et au salut:
Le patriarche Théophile régnait sur la ville d'Alexandrie, aux jours. de mon enfance, étant jeune je m'instruisais à l'école. Il y avait une femme manichéenne habitant dans la rue de mon maître, et elle avait une fillette âgée de neuf ou dix ans environ. La mère de cette fillette la revêtit et l'envoya à l'église sainte dès,le moment de la lecture de la première lettre de Saint Paul selon la coutume, en lui disant ceci: prends garde ma fille de ne pas sortir de l'église jusqu'à ce qu'on ait donné la paix et qu'on ait renvoyé l'assemblée : et ce que le prêtre te donnera, ne le mange pas jusqu'à ce que tu reviennes ici. On avait tout d'abord donné aux gens le saint sacrement dans leur mains jusqu'à l'époque de mon père le patriarche Théophile; mais depuis cet événement, on a cessé de donner le saint sacrement dans la main; et dès lors, les prêtres donnent le saint sacrement aux gens dans la bouche, et on a établi cette coutume dans l'église jusqu'à ce jour-ci. Alors, la fillette de cette femme s'en alla en se mêlant avec les femmes des chrétiens dès le début de la liturgie jusqu'à la communion du saint sacrement.

À ce moment, elle entra avec les femmes, tendant sa main au patriarche et elle lui prit frauduleusement le saint corps, celui de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sans que personne ne s'aperçoive qu'elle n'était pas chrétienne. Après avoir attendu qu'on eût donné la paix, elle sortit secrètement. Car, les évêques et les patriarches en ce temps-là, communiaient les femmes par leur mains, ils étaient vêtus d'étoffe de lin. D'ailleurs, les évêques n'ont embrassé la vie monastique et quitté leur épouse que depuis l'époque du père patriarche Démétrius.

La mère de cette fillette avait coutume que chaque fois que sa fille lui apportait le saint corps, elle vérifiait au moyen de celui-ci si la fillette avait entendu ou non les Livres; aussitôt elle enfonça un stylet ou une épine dans le saint sacrement. S'il rendait du sang, elle l'enveloppait dans un linge de fin lin et l'emportait pour le mettre dans une cassette d'or, le conservant chez elle. Une fois, cette femme envoya sa fille à l'église, comme d'ordinaire, pour recevoir le saint sacrement, qui est la vie éternelle, et c'est par lui que sont pardonnés les péchés et les fautes; et c'est pourquoi il est appelé le saint corps.

Quant la fillette sortit pour aller à l'église, elle rencontra des fillettes qui étaient de sa ville. Elle s'amusa avec elles, de sorte qu'elle arriva juste à l'église au moment où on offre le sacrifice. Quant elle rentra dans l'église, elle prit part au saint sacrement avec l'assemblée; elle partit secrètement comme d'habitude chez sa mère. Alors, sa mère voulut savoir si elle avait entendu ou non les Livres: elle prit donc une épine, l'enfonça dans le saint sacrement, selon son habitude, mais celui-ci ne rendit point de sang. Car la fillette n'avait pas entendu les Livres.

Parce que celui qui ne les entends pas, et qui ne les contemple pas bien, il ne lui est pas permis de communier; car il est de fleuves d'eau vivante. À ce moment, la mère la saisit et la frappa de coups, au point qu'elle arriva aux bords de la mort à cause de sa colère. Quant mon maître entendit la raclée de la fillette, il s'étonna de cela. Car, sa maison était en face de la maison de la femme, comme nous l'avons dit au début.

Alors, mon maître alla la trouver au coucher du soleil, et sa mère n'était pas présente. Mon maître lui dit: «Qu'est-ce que tu as fait, pour que ta mère t'ait frappé ainsi à si grands coups»? Quant à elle, elle révéla lachose à mon maître en disant: «Ma mère m'envoie à l'église des chrétiens pour recevoir le saint sacrement en je le lui apporte chez elle». Et il lui dit: «Qu'en fait-elle»? «Elle le renferme dans une casetted'or», répondit-elle, «et elle le garde chez elle, pour le vendre très cher aux chrétiens dans notre pays».

Aussitôt, mon maître ne négligea pas cette affaire, mais il se leva et alla à l'église chez le père patriarche Théophile, lui rapportant cette affaire. Sur-le-champ, il envoya des prêtres et des soldats chez la femme, puisqu'elles ne savaient pas pourquoi, on les conduisit à l'église. Le patriarche s'adressa à la femme, lui dit: «Je t'adjure par Dieu tout-puissant, ô femme, en qui tu espères, fais-moi savoir comment est arrivée cette chose? N'as-tu pas la crainte de Dieu puisque tu dérobes les membres du Christ Notre-Seigneur et en les vendant pour de l'argent »? La femme avoua aussitôt, avant qu'elle soit tourmentée, et dit: «Je ne les ai pas vendus, mais je les conserve dans ma maison ». Immédiatement, le patriarche envoya des prêtres, des diacres et une foule de fidèles à la maison de la femme.

Arrivés à l'endroit où se trouvait la cassette, ils virent une grande lueur de feu et, après avoir dit une grande prière, ils s'émerveillèrent de cela. Ils prirent la petite
cassette d'or et ils la portèrent chez le père patriarche. Lorsqu'il l'ouvrit, il y trouva le saint corps qui exhalait un suave parfum. Alors, la crainte du Seigneur s'empara de la femme. Elle se prosterna devant lui le patriarche en disant: «Monseigneur le père patriarche, est-il possible que votre sainteté ait pitié de moi, la pécheresse, accorde-moiton pardon, ainsi qu'à ma fille, parce que nous ferons pénitence entre vos mains». Le patriarche les proposa une règle de jeûne de quarante jours; et il les avait instruit, il les a oint avec l'huile des catéchumènes, ensuite il les baptisa au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu; et il les communia des saints mystères corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ et son sang honoré.

La femme donna au patriarche tout ce qu'elle possédait, pour qu'il
distribue aux pauvres; elle transforma sa maison en église. Après cela, elles rasèrent leur tête; elles embrassèrent la vie monastique dans le couvent du verrier, (zaggâg) à la périphérie de la ville d'Alexandrie, elles demeurèrent en lui jusqu'au jour de leur mort, et elles achevèrent leur vie droitement dans la paix du Seigneur, Amen.

Aussi, un grand prodige s'est manifesté qu'il ne faut pas ignorer. Cela sa passait dans la ville d'Alexandrie, aux jours de mon enfance, comme je vous ai fait part précédemment, bien-aimés, moi l'humble Cyrille. n'est dit que Dieu le Bon ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'Il va toujours chercher la brebis égarée, pour la ramener à son troupeau doué de parole. Maintenant donc, ô bien-aimé, tu ne négliges pas ton salut à cause du péché en disant que j'ai commis de très grands péchés que Dieu ne me pardonnerait pas; ne crois absolument pas en cela, et ne donne pas de force au péché, si le démon t'a trompé et t'a fait tomber dans un grand péché, hâte-toi et retourne vers Dieu l'ami des humains; demande-Le avec des larmes en disant: ô Dieu, pardonne-moi rapidement, moi le pécheur,et sa miséricorde te sera vite accordée.

Car, que Son Nom soit loué, Il a dit: «Quand tu parleras encore et me demanderas, Je dirai: me voici Vivant, dit le Sabaoth, Je le pardonnerai au moment de sa pénitence, et Je ne lui réclame plus son ancien péché, s'il ne retourne encore· une fois au péché et meurt sans qu'il fasse pénitence, et l'aumône ne le rachetera de l'enfer ». Écoutez maintenant pour que je vous informe de ce prodige par lequel nous avons commencé,pour que vous appreniez la bonté de Dieu que ne veut pas que nulle oeuvre de ses mains périsse. n y avait dans la ville d'Alexandrie, aux jours de mon père le père patriarche Théophile, alors que j'étais diacre auprès de lui dans la cellule, afin d'apprendre le. grand amour de Dieu pour les humains, et qu'Il ne veut qu'aucune de ses créature n'aille à la perdition, mais qu'elle retourne et qu'elle vive. Il y avait un homme Juif dans la ville d'Alexandrie, nommé Philoxène, qui était un grand de la synagogue. Il était fort riche en or, en argent, en serviteurs et en troupeaux.

C'était un homme qui avait la crainte de Dieu, pratiquant la Loi de Moïse; il remplissait de rtombreux ministères dans la synagogue des Juifs, et offrant beaucoup d'aumônes, selon ce qui est écrit dans la Loi de Moïse, il était célèbre dans toutes les synagogues pour ses revenus comme pour ses aumônes. Il était remercié de sa conduite pour ses affections pour les pauvres; et chacun lui a rendu louange. Mais, son invocation soit louée, le Bon, à cause de son amour pour les humains, n'a pas voulu laisser cet homme Juif ainsi dans les ténèbres, mais Il a voulu le purifier de ses péchés comme il est écrit dans les Actes: «Ceux qui craignent Dieu et qui font sa volonté, Lui sont agréables». Ily avait aussi deux ouvriers chrétiens habitants dans la ville d'Alexandrie, faisant partie des habitants d'Égypte «Misr», qui logèrent dans les rues des Juifs.

Or, ces ouvriers chrétiens qui voyaient les Juifs riches en or et en argent, se sont parlés un jour disant: nous nous étonnons de ces Juifs, qui sont des hommes pécheurs qui ont crucifié le Christ Fils de Dieu Vivant Notre-Seigneur, que nous les voyons plus riches que tous les chrétiens. Or, l'un des deux, qui avait la crainte de Dieu, répondit à son compagnon en disant: En vérité, il est vrai, mon frère, qu'il n'y a pas, sur terre, une foi glorieuse comme celle des chrétiens, pour qui le Seigneur adonné la béatitude dans l'Évangile disant: «Bienheureux les pauvres de l'esprit, parce que le royaume des cieux est particulièrement à eux»; et Il a promis aux Juifs riches le malheur en disant: «Malheur à ceux qui sont rassasiés maintenant, parce qu'ils .auront faim; malheur à eux parce qu'ils ont eu leur repos sur terre».Ainsi pour ceux dont le coeur est dur, et ceux qui sont angoissés et impatients des chrétiens, mais ils nient le Christ à cause de l'argent du monde et de leur mauvaise passion. Il a fait l'éloge des chrétiens patients en disant: «Bienheureux ceux qui ont faim, car ils seront rassasiés; bienheureux ceux qui ont soif de lajustice, car Is auront la joie; bienheureux ceux qui sont tristes, car ils seront consolés; bienheureux ceux qui ont été chassés à cause de la justice, car ils hériteront la terre de la vie». Il a également attristé les Juifs eUes infidèles en disant: «Malheur à ceux qui rient et vivent dans le luxe, parce qu'ilspleureront et ils se lamenteront».

Mais, son compagnon, ce malheureux, lui dit : je n'écoute rien de ta part, mais je me lèverai et j'irai me faire juif, et je demeurerai ouvrier chez Philoxène le Juif et j'embrasserai sa religion. Il répondit: non, mon frère, crois et fais confiance dans la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu Vivant qui bénit le peu que nous avons bien davantage, car il est mieux que les richesses de cet homme Juif. Car Dieu, soit loué, dit par la bouche du prophète David: «Le peu du juste est bon et meilleur que le trésor du pécheur»; et «la gloire du pécheur ne l'accompagnera pas au tombeau; et ainsi sa richesse ne lui servira à rien le jour de sa peine», mais Dieu le condamnera pour ce qu'il a accumulé en privant les pauvres de sa propre richesse, et il n'a pas donné d'elle d'aumône, mais il l'a caché dans la terre, lui faisant confiance plus que la promesse de son Créateur.

Et Paul, la langue odoriférante, dit dans sa lettre à Timothée: «Mais ceux qui veulent s'enrichir tomberont dans les misères et dans des affaires difficiles et il nous fait nous contenter de la nourriture et des habits »; il dit aussi, après avoir exposé toutes ses choses: «Toi, homme de Dieu, fuis tout cela et recommandes aux riches de ce monde, les coeurs durs, de ne pas s'enorgueillir dans leur soucis, et de ne pas s'appuyer sur leurs richesses si incertaines, mais de la mettre en Dieu Vivant». Il est dit aussi dans les lettres catholiques: «Malheur à vous les riches incrédules, parce que vous avez eu vos consolations sur terre, et votre or changera et votre argent rouillera, vos vêtements luxueux seront rongés par les vers». Et Notre-Seigneur a dit: «Ceux qui s'appuyeront sur la richesse ne pourriont pas entrer dans le royaume des cieux»; «Et je vous le dis: il est plus facile qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille qu'un riche entre dans le royaume de Dieu»; et Il dit aussi: «Vous ne pouvez pas adorer Dieu et l'argent». Tous les Livres donnent la béatitude aux croyants pauvres en les consolant et ils réveillent les consciences des riches incrédules, afin qu'ils reviennent à Dieu et qu'ils ne s'appuient plus sur leurs richesses.

Car, leur esprits les quittent allant à l'enfer ; et toutes les passions de ce monde ne les sauveront après qu'ils se retrouvent en enfer une seule heure ô frère bienaimé, que nous serons heureux si nous patienterions à l'encontre de la pauvreté et de l'humilité, pour le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c'est alors que nous obtenions ce que Lazare l'humble a obtenu, ce que l'Évangile a évoqué; et que ce riche héritera du même sort que ce riche qui était dans les passions, vivant .dans le luxe, se vêtant de pourpre et de fin lin. La fin de celui-là était d'hériter de la souffrance éternelle dans l'enfer. Mais, ce malheureux chrétien ne voulut pas écouter les paroles de son compagnon, celui qui a la crainte de Dieu, qui se fatigua en lui répétant ces mêmes paroles; non seulement il n'était pas d'accord avec lui, mais encore il se leva en le laissant, et il s'en alla chez Philoxène le chef de la synagogue juive, et il s'entretint avec lui, disant: monseigneur, je vous demande de m'accepter chez vous en tant que ouvrier.

Il le dit, ce Juif; De quelle région es-tu? De quelle race ? De quelle religion? Cet homme lui répondit disant: Je suis chrétien. Philoxène lui dit: Il nous est impossible d'avoir de contact avec des chrétiens, mais seulement avec nos frères israélites. Si tu as mon fils, besoin de quelque aumône, je te donnerai ce dont tu as besoin; mais tu ne changes pas, ni ta religion, ni ta foi. Mais, ce malheureux chrétien dit à Philoxène: Je t'adjure, par Dieu tout-puissant, et la Loi de Moïse, ne me repousses pas de toi, mais accepte-moi. Philoxène lui répondit, disant: Nous ne pouvons pas, mon fils, contacter quelconque s'il ne renie pas sa foi et son culte, et il accepte nos lois et nos cultes. Cet homme lui répondit, disant: Si tu m'acceptes chez toi j'accomplirai ton culte en toute chose et je ne te quitterai jusqu'au jour de ma mort. Philoxène lui dit : Va-t-en jusqu'à ce que j'aie parlé de toi avec mes compagnons les Juifs. Et le malheureux chrétien s'en alla à sa maison.

Philoxène parla alors de lui aux Juifs et ceux-ci lui dirent: S'il renie sa foi et pratique nos lois et entre dans notre synagogue, nous l'accepterons. Philoxène le Juif appela l'homme ouvrier, il lui dit: Voici, j'ai parlé de toi avec mes compagnons les Juifs, ils m'ont dit: S'il accepte nos lois et pratique nos cultes, nous l'accepterons. Alors, le malheureux chrétien répondit: J'accepte tout ce que vous me demanderez. Philoxène lui répondit disant: Va à ta maison et viens le jour du samedi à la synagogue, nous t'accueillerons, afin que nous t'apprenions nos lois et les coutumes de nos pères. Le malheureux chrétien alla à sa maison. Et quand arriva le jour du samedi, ce malheureux chrétien, se leva de bonne heure, devançant tous les Juifs en venant à leur synagogue.

Quand Philoxène le vit, il l'introduisit à l'intérieur de la synagogue; et après que les Juifs l'eurent interrogé, il répondit: «J'accomplirai votre culte en tout ce que vous me direz »; puis il confessa devant tous les Juifs qu'il restera Juif. Ils lui dirent: Nous avons pour coutume que celui qui veut devenir Juif doit renier son culte et abjurer sa confession, et ensuite nous le laverons avec l'eau pour le dépouiller de son baptême; et après cela, nous lui ferons une croix de bois d'olivier d'une hauteur de quatre bras environ; et l'homme, qui veut devenir Juif, s'affermit et prend une éponge remplie de vinaigre, pour l'élever avec un roseau et la diriger en haut vers la tête de la croix, comme cela a été fait à Jésus.

Et après cela, il prend une lance aiguisée pour frapper la croix dans son côté. A cette heure là, nous lui mettrons une couronne en bois de saule sur la tête, nous lui lirons la loi, et ainsi il deviendra Juif. Veux-tu faire cela? Il dit: Oui. Ils le lavèrent immédiatement avec de l'eau, et ils lui firent une croix de bois d'olivier; et il se raffermit, ce pauvre incrédule, et il prit dans sa main une éponge remplie de vinaigre et l'ayant attaché au roseau, il la dirigea contre la croix; ensuite il prit une lance aiguisée puissante par laquelle il frappa la croix. Et immédiatement, un sang abondant sortit d'elle remplissant la terre et l'endroit tout entier, à tel point qu'une foule de Juifs, émerveillés du fait, s'écrièrent ensemble en disant: Un est le Dieu des chrétiens, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été crucifié!

En vérité, nos pères ont mérité le feu de l'enfer, parce qu'ils ont commis un grand péché irrémissible! Quant au Philoxène, qui avait une fille âgée d'une douzaine d'années, et qui était née aveugle, lorsqu'il vit le sang couler de la croix, il se dit avec une grande foi: Par la dignité de la force de la croix, celui de Jésus-Christ que je laverai le visage de ma fille par ce sang, afin qu'elle recouvre la vue, et si elle recouvre la vue, je renoncerai à la foi des Juifs, à leur culte et à leur synagogue, et je deviendrai chrétien jusqu'au jour de ma mort. Quand il dit cela, il frotta les yeux de sa fille avec le sang de la croix en disant: Au nom de Jésus-Christ le Fils de Dieu Vivant, que ma ,fille recouvre la vue; et à l'instant la fillette recouvra la vue. Tous ceux qui étaient dans la synagogue des Juifs, se réjouirent et ils s'écrièrent: Un est le Dieu des chrétiens, Jésus-Christ, Fils de Dieu Vivant.

Alors, Philoxène; chef de la synagogue, écrivit ainsi une lettre à notre père Théophile,patriarche d'Alexandrie: Je suis l'humble Philoxêne le Juif indigne d'écrire au médecin véritable de Jésus-Christ Notre Sauveur, annonçant. à sa sainteté ce qui est arrivé aujourd'hui dans notre synagogue des grands prodiges survenus par l'emblême de la croix de Jésus-Christ et son signe saint, sur laquelle fut suspendu le seigneur de la gloire. Du sang ayant coulé d'une croix en bois, sang que je mis sur les yeux de ma fille aveugle et aussitôt elle a recouvert la vue . Maintenant, nous connaissons véridiquement qu'il n'est pas d'autre Dieu dans le ciel et sur la terre que Jésus-Christ. le Dieu des chrétiens et, en vérité, nos pêres ont mérité le feu de l'enfer. Nous avons observé les traditions de nos pères en disant qu'elles sont la vérité jusqu'à ce que nous ayons vu les prodiges. Et je te demande. Monseigneur, le père, de te réjouir avec ces brebis qui reviennent au bercail du Christ. Parce que nous avons espéré sa miséricorde, moi et toute ma maison, ainsi que chaque Juif présent aujourd'hui dans notre synagogue.

Lorsqu'il lut la lettre, je veux dire notre père le saint Théophile le patriarche, il eut une grande joie. Il se leva rapidement, il alla à la synagogue avec une foule de. prêtres et d'autres hommes de mérite. Il marche à pied. Quand Philoxène vit mon père le patriarche, il se prosterna sous ses pieds en disant: Serviteur de Jésus-Christ, aie pitié de moi, donne-moi le pardon de mes péchés. Ils entrèrent devant lui à la synagogue, et ils lui montrèrent la croix. Le patriarche vit la croix frappée et le sang qui a coulé d'elle, et il se prosterna devant la croix majestueuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ; on lui montra la fillette de Philoxène qui avait recouvert la vue. Quant à cet homme incrédule, qui avait donné le coup de lance à la croix, il fut saisi d'une grande terreur et, devenu rigide comme une pierre, il tomba mort, et il rendit l'esprit; il eut une mauvaise mort, et il reçut sa part avec Judas, qui a vendu son Seigneur pour de l'argent.

Alors mon père le patriarche demanda à porter la croix à l'église, et tous les prêtres chantèrent devant elle, s'émerveillèrent de ces choses qui étaient arrivées; ils rendirent gloire à Dieu le Bon pour le signe du salut qu'ils venaient de voir à cause de la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, gloire à Lui pour les siècles des siècles.

Quant à Philoxène, son fils, sa fille, sa femme et tous les Juifs qui sont dans la ville, trois milles âmes environ, on les admit dans l'église. Le patriarche Théophile les instruisit des Livres Saints qui sont les souffles de Dieu, et après cela, on prépara le baptistère et il les baptisa au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Un seul Dieu, il les communia aux saints mystères le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et leur donna la paix et les renvoya. Philoxène, de son côté, donna au patriarche la moitié de tout ce qui lui appartenait pour qu'on l'employât comme aumône pour les pauvres. Au temps où il fut baptisé, son visage devint resplendissant comme le soleil et, l'année écoulée, le patriarche le consacra diacre, puis prêtre, et son fils Alexandre diacre, et ils progressèrent dans la pitié encore plus.

Sa femme, qui était très croyante, donna toutes ses ressources aux pauvres, au point qu'elle les enrichit. Et c'est ainsi que leur conduite fut bonne. Et après cela, ils s'endormirent, obtenant le royaume des cieux dans la vie éternelle. Ainsi, nous avons porté à la connaissance de votre charité ceci pour vous faire connaître la miséricorde de Dieu, l'ami des humains, qui ne veut la perdition de personne, mais qui lui accorde le temps de faire pénitence; et Dieu, son invocation soit louée, nous pardonne et vous aussi, et Il nous offre une chance et une part dans son royaume éternelle par sa grâce, sa bonté et l'amour des humains qui est de Notre-Seigneur Jésus-Christ, celui par qui est toute gloire, tout honneur, toute louange et toute adoration est au Père, avec Lui et avec L'Esprit-Saint, Un seul Dieu, maintenant et toujours, pour les siècles des siècles. Amen.