PREMIÈRE QUESTION. — Personne ne tonnait le Fils, si ce n'est le Père. —

 

L'Evangile dit : « Personne ne tonnait le Fils; si ce n'est le Père; » il n'ajoute pas : et celui à qui le Père aura voulu le révéler. Cependant, après ces paroles : « Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, » Jésus avait ajouté : « Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. » Le sens de ce passage n'est pas que le Fils ne puisse être connu que par le Père seul, tandis que le Père serait connu et par le Fils et par ceux à qui le Fils l'aurait manifesté. L'Ecriture veut nous faire entendre plutôt que par le Fils nous vient la connaissance du Père et du Fils, car le Fils est lui-même la lumière de notre âme. Ainsi cette parole qui vient ensuite: « Et celui à qui le Fils aura voulu le révéler, » ne s'entend point seulement du Père niais encore du Fils : elle se rapporte à tout ce qui précède. Le Père est manifesté par sa parole, et toute parole se manifeste elle-même autant que ce qu'elle exprime.

II. — Epis rompus. —

 

Les disciples du Seigneur se mirent à arracher des épis et à les manger. » Ils les froissèrent d'abord, autrement ils n’auraient pu les manger. De là cette recommandation : « Mortifiez vos membres qui sont terrestres, » c'est-à-dire : nul n'est incorporé au Christ qu'après avoir dépouillé le vêtement de la chair. De là cette parole : « Dépouillez le vieil homme; » et celle-ci : « Soyez circoncis, non de la circoncision qui se pratique extérieurement sur la chair. »

III. — Mèche encore fumante. —

 

A propos de la mèche qui fume, contentons-nous de remarquer, qu'en perdant sa lumière, elle répand l'infection.

IV. — De l'aveugle-muet. —

 

On lui présenta un homme possédé du démon, aveugle et muet, » c'est-à-dire, un homme qui ne croit point, et qui est au pouvoir de satan ; qui ne connaît ni ne confesse la foi de laquelle il est écrit : « Qu'on la confesse de bouche pour être sauvé, » ou qui ne rend point gloire à Dieu.

V. — Jésus accusé d'être le suppôt de Béelzébuth. —

Jésus dit : « Mais si » de votre propre aveu, « je chasse les démons par Béelzébuth, « donc le royaume de Dieu est venu parmi vous, » car le royaume de satan ne peut subsister, étant, comme vous le reconnaissez, divisé contre lui-même. Jésus appelle royaume de Dieu en ce monde, la puissance qui condamne les impies et les sépare des fidèles livrés en ce monde aux exercices de la pénitence. Il donne à Béelzébuth le nom de fort armé, parce que les hommes ne pouvaient secouer son joug par leurs propres forces, mais seulement par la grâce de Dieu. « Ce qu'il possède, » autrement, les infidèles. « S'il ne l'enchaîne auparavant, » c'est-à-dire, s'il ne lui enlève le pouvoir d'empêcher la volonté des fidèles de s'attacher au Christ et d'obtenir le royaume de Dieu.

VI. — Race de vipères. —

 

Jésus appelle les juifs : Race de vipères, comme il dit d'eux qu'ils sont fils du diable. On est d'autant plus fils du diable qu'on pèche davantage à l'exemple du diable.

VII. — Signe de Jonas. —

 

Comme Jonas fut dans le ventre de la baleine, trois jours et trois nuits ; ainsi le Fils de l'homme sera, trois jours et trois nuits, dans le sein de la terre. » Comptez pour une nuit et un jour, c'est-à-dire, pour un jour entier, le soir du vendredi où le Christ fut mis au tombeau avec la nuit précédente; ajoutez la nuit et le jour du sabbat ; puis la nuit du dimanche et le commencement de ce même jour, et vous trouverez, en prenant la partie pour le tout, trois jours et trois nuits. Ainsi dans le langage commun, la durée de la grossesse est de dix mois, c'est-à-dire, de neuf mois pleins; le commencement du dixième est compté pour un mois. Ainsi encore, la Transfiguration du Seigneur eut lieu sur le Thabor «après six jours, » selon saint Matthieu; « après huit jours, » selon saint Luc. Saint Luc compte la dernière partie du premier jour où Notre-Seigneur promit cette merveille, et la première partie du dernier jour où le mystère s'accomplit, comme deux jours entiers ; par conséquent, saint Matthieu n'aurait compté que les six jours intermédiaires qui seuls étaient complets. Dans la Genèse, le jour commence avec la lumière et finit avec les ténèbres, pour figurer la chute de l'homme. Maintenant le jour va des ténèbres à la lumière, selon cette parole : « Dieu a fait sortir la lumière des ténèbres, » parce que l'homme délivré des ténèbres du péché est arrivé à la lumière de la justice.

VIII. — L'Esprit impur sorti d'une âme. —

 

Cette parole : « Lorsque l'Esprit impur est sorti d'un homme, » désigne ceux qui croiront, mais qui ne sachant point porter le joug de la continence, retourneront au siècle. « Il prend sept autres esprits plus méchants. » Cela signifie que l'homme déchu de la justice deviendra hypocrite. En effet, quand la convoitise de la chair, dont l'âme s'était dépouillée parla pénitence, en renonçant aux habitudes et aux oeuvres du péché, ne trouve plus la satisfaction de ses désirs, elle revient avec une ardeur plus vive l'âme est alors subjugée de nouveau, si après avoir expulsé l'ennemi, elle s'est abandonnée à l'oisiveté, et a négligé de faire entrer dans sa demeure purifiée le Verbe de Dieu, cet hôte divin que la saine doctrine y aurait introduit. Comme cet homme souillé par les sept vices opposés au sept vertus de l'âme, affecte en outre hypocritement d'être en possession de ces mêmes vertus, la convoitise est vraiment cet esprit mauvais qui en le rendant sept fois hypocrite, revient avec sept autres esprits plus méchants : ainsi son dernier état est pire que le précédent.

IX. — Rapporter au centuple. —

 

Ces paroles : « L'un rapporte cent, un autre soixante, un autre trente, » désignent : le centuple, l'état des martyrs : les martyrs, en effet, sont rassasiés de la vie, et méprisent ta mort; les soixante, l'état des vierges qui possèdent le repos de l'âme, n'ayant point à lutter contre le poids de la chair ; on sait, en effet, que les soldats et les autres fonctionnaires publics, ont droit au repos quand ils sont sexagénaires; les trente, l'état des gens mariés leur âge indique le temps du combat : les luttes les plus difficiles pour résister aux efforts des passions, voilà leur partage. .

X. — L'ivraie séparée du bon grain . —

 

On donne le nom d'ivraie à toute herbe étrangère qui gâte les moissons. Il est dit : que l'on sépare d'abord l'ivraie . Les impies dans l'épreuve qui précédera le jugement, seront donc séparés des justes. Les bons Anges feront cette division ; car les bons peuvent très-bien, dans une bonne intention, exercer le ministère de la vengeance ainsi un roi, ainsi un juge ; mais les offices de la miséricorde ne peuvent être remplis par les méchants.

XI. — Le grain de sénevé. —

 

Le grain de sénevé, soit comme figure de la ferveur de la foi, soit à caisse de la propriété qu'il a, dit-on, d'expulser les poisons, s'élève en réalité au-dessus de tous les légumes, c'est-à-dire de tous les systèmes. J'appelle systèmes les opinions, les fantaisies de toutes les sortes.

XII. — Levain mystérieux. —

 

Dans ce passage : « Le levain qu'une femme a pris et caché dans trois mesures de farine, » la femme désigne la sagesse; le levain exprime la charité qui échauffe et l'ait fermenter. Quant aux trois mesures de farine, elles désignent, ou bien ces trois choses: le coeur, l'âme et l'esprit de l'homme, d'après cette parole : « De tout ton tueur, de toute ton âme de tout ton esprit ; » ou bien les trois fruits de la parole : « le centuple, les soixante, les trente » ou bien encore les trois espèces d'hommes figurés par Noé, Daniel et Job.

XIII. — Trésor caché dans un champ.—

 

Le trésor caché dans un champ représente les deux Testaments de la Loi renfermés dans l'Eglise. L'homme dont l'intelligence a touché à ce trésor, sent qu'il y a là une grande fortune enfouie, et il s'en va, vend tout ce qu'il possède, et achète le champ, » c'est-à-dire, sacrifie les choses ses temporelles pour s'enrichir, dans la retraite, de la connaissance de Dieu.

XIV. — Le fils du charpentier. —

 

Dans ces paroles des Juifs : «D'où viennent à celui-ci cette sagesse et ces vertus, » la sagesse a trait aux discours, les vertus aux merveilles opérées par le Sauveur. C'est en ce sens que l'Apôtre appelle le Christ, la Vertu de Dieu, et la Sagesse de Dieu ;» par la vertu, il rappelle aux Juifs les miracles, par la sagesse il signale aux Grecs, c'est-à-dire aux Gentils, la doctrine de Jésus-Christ.

XV. — Jésus marchant sur les eaux. —

 

Les disciples dirent que c'était un fantôme ; ce fait a la même signification que cette parole : « Penses-tu qu'il trouvera de la foi sur la terre ? » Ceux, en effet, qui auront accepté l'empire du démon, douteront de l'avènement de Jésus-Christ. Saint Pierre implorant le secours du Seigneur pour n'être point submergé, marque que l'Eglise doit être encore purifiée par quelques épreuves, après la dernière persécution. C'est aussi ce que saint Paul annonce quand il dit: « Le salut sera obtenu, mais après qu'on aura passé par le feu. » Ce qui est dit ensuite que tous ceux qui étaient dans la nacelle l'adorèrent en disant «Vous êtes vraiment le Fils de Dieu, » nous présage la future manifestation de la gloire du Seigneur, quand aux ombres de la foi qui nous guident maintenant auront succédé les clartés de la vision bienheureuse.

XVI. — Respect dû aux parents. —

 

Toute offrande de ma part vous sera profitable. » Voici le sens de ce passage : Tout présent que vous offrez pour moi vous appartiendra désormais. Par ces paroles, les enfants déclarent n'avoir plus besoin que leurs parents fassent pour eux des.offrandes, et qu'ils sont en âge d'en faire eux-mêmes. Les Pharisiens niaient que ce langage fût coupable dans les enfants parvenus à l'âge où ils pouvaient parler ainsi à leurs parents, et ils les autorisaient à refuser à leurs parents le respect qui leur est dû.

XVIl. — Plante que Dieu n'a point plantée. —

 

Tout plant que mon Père céleste n'a point planté, sera arraché. » Il s'agit ici de la convoitise charnelle qui portait les Pharisiens à se scandaliser, si l'on n'observait pas les présages, ou si l'on négligeait leurs traditions, tandis qu'ils n'accordaient aucune attention aux préceptes de la vie qui purifient l'âme de la convoitise.

XVIII. — Le serviteur du centurion et la fille de la Chananéenne. —

 

Jésus guérit le serviteur du centenier et la fille de la Chananéenne, sans aller à leur demeure- Il montre ainsi d'avance la conversion des Gentils qu'il ne visitera point, et que sa parole sauvera. C'est aux supplications des parents que cette guérison est accordée touchante image de l'Eglise, dans laquelle nous voyons tout à la fois une mère et ses enfants. L'Eglise en corps est une mère : l'Eglise dans les membres qui la composent, voilà les enfants.

XIX. — Malades spirituels. —

 

La foule présente au Seigneur des « muets: » ce sont ceux qui ne louent pas Dieu, ou qui ne confessent point la foi; « des aveugles : » des hommes soumis mais sans intelligence ; « des sourds : » ceux qui. comprennent mais n'obéissent pas; « des boiteux : » ceux qui n'accomplissent pas les préceptes.

XX. — Les signes du temps. —

 

Le soir venu vous dites : Le temps sera serein, car le ciel est rouge. » Voilà le premier avènement du Christ, dans lequel le sang versé à la Passion donne la rémission des péchés . « Et le matin : Aujourd'hui tempête, car le ciel est rouge et triste. »Voilà le second avènement que le feu précédera. «Vous savez juger de l'aspect du ciel, et vous ne pouvez connaître les signes du temps ? » Par les signes du temps Jésus-Christ; entend son avènement et sa Passion, dont la rougeur du ciel sur le soir est l'emblème, et aussi la tribulation qui précédera le second avènement, figuré par la rougeur triste du ciel au matin.

XXI. — Avènement d'Elie. —

 

« Élie sans doute doit venir et il rétablira toutes choses, » soit en relevant ceux que la persécution de l’Antechrist aura ébranlés, soit en payant lui-même à la mort le tribut qu'il doit.

XXII. — Possédé épileptique. —

 

Dans ce passage : « Souvent il tombe dans le feu, quelque fois dans l'eau, » le feu représente la colère, parce qu'il s'élève en haut; l'eau, la volupté de la chair. Ainsi, les disciples demandent : « Pourquoi n'avons nous pu chasser ce démon? » Et de peur que le don des miracles ne les porte à s'élever par orgueil, ils sont avertis de guérir avec l'humilité de la foi, comme par un grain de sénevé, la superbe terrestre figurée par la montagne, qu'il faut transporter.

XXIII. — Liberté des enfants de Dieu. —

 

«Donc, les enfants sont libres. » Explication : Dans tout royaume, les enfants sont libres, c'est-à-dire, exempts du, Tribut : à plus forte raison, faut-il exempter du tribut, dans tout royaume terrestre, les enfants du céleste royaume auquel sont soumis tous les royaumes de la terre.

XXIV. — Du scandale. —

 

Or, celui qui aura scandalisé un de ces petits, dit Notre-Seigneur, mieux vaudrait qu'un lui attachât une meule de moulin au cou et qu'on le précipitât dans la mer. » Les petits sont les humbles; tels Jésus voulut que fussent ses disciples, on les scandalise en n'obéissant point à l'Evangile, ou bien en le combattant, ainsi que faisait Alexandre, l'ouvrier en cuivre dont parle saint Paul. La meule de moulin, c'est la cupidité temporelle à laquelle sont attachés tant d'hommes aveugles et insensés, et dont le poids entraîne le scandaleux à sa perte.

XXV. — Pardon des injures. —

 

« On amena un débiteur qui devait à son maître dix mille talents. Le maître ordonna qu'il fût vendu, avec sa femme, ses fils, et tout ce qu'il possédait, et que sa dette fût payée. » Ce débiteur est celui qui est redevable aux dix préceptes de la Loi. La concupiscence et les oeuvres qu'elle enfante, désignées par la femme et les fils, attirent sur le coupable le châtiment qui est comme le prix de la vente. Ce prix marque, en effet, le supplice du damné. Les paroles qui suivent : « Et il ne voulut pas avoir pitié de son compagnon et il alla le faire mettre en prison, etc, » signifient que ce méchant serviteur conserva le dessein d'infliger le supplice à son compagnon. Les autres serviteurs qui racontèrent au maître ce qui se passait, peuvent désigner l'Eglise qui délie et qui lie tour à tour le débiteur coupable.

XXVI. — Riche exclu du royaume de Dieu. —

 

Le Seigneur dit que le riche n'entrera point dans le royaume de Dieu, et les disciples demandent : « Qui donc pourra être sauvé ? » Le nombre des riches, cependant, est petit, comparé à la multitude des pauvres. Mais les disciples avaient bien compris que tous ceux qui convoitent lesbiens terrestres doivent être mis au nombre des riches dont il est question.

XXVII. — Passion prédite . —

 

Notre-Seigneur prend à part deux disciples et leur découvre sa passion future: il prépare ainsi pour sa parole un témoignage qui plus tard la confirmera, suivant ce qui est écrit : « Toute parole sera crue sur la déposition de deux ou trois témoins. » Il fallait que cette prédiction ne fût point divulguée ; il fallait qu'elle fût garantie par un témoignage humain irrécusable; il fallait donc ail moins deux témoins. Ceci peut encore signifier le mystère de la charité. La charité suppose rigoureusement deux personnes qu'elle unit. Or, la Passion est le mystère de la charité; le Christ ne devait point souffrir par nécessité, pour expier des fautes personnelles, mais par amour, afin de nous délivrer de nos péchés.

XXVIII. — Aveugles de Jéricho. —

 

Jésus sort de Jéricho : c'est ici le mystère anticipé de son éloignement de la terre par sa résurrection. Des multitudes sans nombre le suivent, les peuples et les nations croient en lui. Voici deux aveugles assis sur la route : c'est l'image des quelques fidèles du Judaïsme et de la Gentilité qui s'attachent à lui d'abord par la foi aux mystères de son humanité : l'humanité du Christ est la voie qui mène au salut; ils désirent l'illumination d'en haut; quelques rayons d'intelligence sur l'éternité du Verbe. C'est au passage de Jésus, c'est-à-dire, c'est par le mérite de la foi à l'Incarnation et à la Passion du Fils de Dieu, qu'ils s'efforcent d'obtenir l'objet de leurs voeux. Jésus, en effet, passe, pour ainsi dire, dans le mystère de sa vie mortelle; l'oeuvre qu'il accomplit est son passage dans le temps. Il faut élever la voix avec force, et dominer la résistance causée par le bruit et le tumulte de la foule; il faut prier, frapper avec insistance et persévérance; les inclinations de la chair comme une foule désordonnée assiègent l'âme qui désire contempler la lumière de l'éternelle vérité, et s'opposent à ses efforts; la société tumultueuse des hommes charnels vient empêcher les méditations de l'esprit; il faut par une très-grande vigueur morale surmonter tous ces obstacles. C'est pourquoi, Jésus entendant ceux qui viennent à lui, et qui par l'ardeur même du désir arrivent à l'objet désiré, Jésus qui a dit: « On donnera à celui qui demande; celui qui cherche trouvera; et l'on ouvrira à celui qui frappe » s'arrête, il touche ces aveugles, il les éclaire. Mystère admirable ! L'apparition dans l'infirmité de la chair est temporelle ; c'est Jésus qui passe : mais l’éternité du Verbe est stable, elle renouvelle toutes choses, immuable en elle même; c'est Jésus qui s'arrête. Ainsi, comme la, foi au mystère de l'Incarnation dans le temps, prépare nos âmes à l’intelligence des secrets de l'éternité, quand Jésus passe, les aveugles sont avertis de se disposer à recevoir la lumière; quand Jésus s'arrête, le miracle de l'illumination s'opère : ce qui est temporel passe en effet, mais ce qui est éternel demeure.

XXIX. — Puissance de la foi. —

 

Cette parole du Seigneur à ses, disciples : « Vous direz à cette montagne : Lève-toi, et va te précipiter dans la mer, » désigne l'orgueil des gens du siècle. Le serviteur de Dieu doit s'appliquer cette parole, de repousser loin de son âme, l'orgueil qui est si contraire à sa profession. On peut entendre encore que par la foi des Apôtres, et la prédication de l'Evangile, Notre-Seigneur lui-même , qui est représenté dans Isaïe comme une montagne, a été enlevé du milieu des Juifs et transporté parmi le peuple de la Gentilité, comme au milieu d'une grande mer.

XXX. — La pierre qui écrase. —

 

Le Seigneur dit : « Et celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur lequel cette pierre tombera sera broyé. » Le Christ est cette pierre : ceux qui tombent sur elle sont ceux qui le méprisent maintenant, ou qui l'injurient ; ils ne périssent pas encore sans rémission, mais ils sont brisés, et ne peuvent plus marcher droit. La pierre tombe sur ceux que le Christ, au jugement, frappe d'un châtiment sans remède : de là cette parole : « Cette pierre les broiera, et les impies seront comme la poussière que le vent dissipe de la face de la terre. »

XXXI. — Les noces royales. —

 

Le royaume des cieux est semblable à un roi qui lit les noces de son fils. » Ces noces sont l'Incarnation du Verbe; par cette adoption de la nature de l'homme, l'Eglise fut unie à Dieu comme une épouse. « Mes taureaux et mes volailles sont tués. » Les taureaux signifient les chefs des peuples; les volailles, tout ce qui est engraissé. « Allez aux détours des chemins, et tous ceux que vous trouverez, appelez-les au festin des noces. » Il faut entendre par ces paroles les voies des gentils et leurs égarements; ils ont quitté leurs erreurs, pour venir au banquet nuptial, c'est-à-dire, qu'ils ont cru en Jésus-Christ.

XXXII. — Les sept maris. —

 

Les Sadducéens disent au Seigneur: « Il y avait parmi nous sept frères, le premier se maria et mourut, le second épousa sa veuve et mourut et tous les autres ensuite. » Ces sept frères représentent les hommes impies qui n'auront produit aucun fruit de justice pendant la suite des sept âges du monde, c'est-à-dire pendant la durée de cette terre. La terre enfin passe à sort tour, après que semblables aux sept maris, et comme eux stériles, ils ont passé sur elle.

XXXIII. — Le double précepte. —

 

Cette parole de Notre-Seigneur : « Dans ces deux préceptes consistent la Loi entière et les Prophètes, A signifie que ces deux commandements sont le terme et la fin de la Loi et des Prophètes.

XXXIV. — L'autel qui sanctifie. —

 

Qu'y a-t-il de plus grand, l'or, ou le, temple qui sanctifie l'or? » Et encore: « Qu'y a-t-il de plus grand, le don, ou l'autel qui sanctifie le don? », Le Temple et l'Autel c'est le Christ lui-même; l'or, le don, sont les sacrifices de louanges et les prières que nous offrons sur l'autel du Christ par la main même du Christ. Ce ne sont point ces offrandes qui le sanctifient, c'est lui-même qui sanctifie les offrandes.

XXXV. — Le moucheron et le chameau. —

 

Ces paroles du divin Maître : « Ils rejettent, le moucheron, » sont une allusion aux minuties des Pharisiens; et celles-ci: « Ils avalent le chameau, » rappellent ce reproche qui leur a été fait : « Vous négligez ce qu'il y a de plus grave dans la Loi, la miséricorde, la justice, la fidélité. » Le sens est donc celui-ci : Vous observez les plus petites choses, vous méprisez les plus grandes. On peut dire dans un sens allégorique qu'en vertu de cette criminelle disposition ils mirent Barrabbas en liberté, et livrèrent le Seigneur à la mort. Barrabbas était à leurs yeux fidèle observateur du sabbat dont ils entendaient la sanctification dans un sens grossier et tout matériel ; mais le Seigneur insistait sur la sanctification spirituelle par la pratique de la miséricorde, de la justice, de la fidélité, vertus qu'ils foulaient aux pieds. Il n'est pas déraisonnable de trouver dans la comparaison du moucheron un emblème du séditieux, coupable de meurtre; le moucheron tourmente par son bourdonnement, et il est avide de sang. Le chameau qui abaisse docilement sa taille élevée pour se charger des

XXXVI. — Dévouement maternel. —

 

Jésus s'adressant à Jérusalem s'écrie: « Combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes et tu n'a pas voulu. » Rien de plus extraordinaire que la tendresse de la poule envers ses poussins elle éprouve toutes leurs souffrances, elle en est comme accablée elle-même, et chose plus rare dans les autres animaux, lorsque l'oiseau de proie menace ses petits, elle les couvre de ses ailes et combat le ravisseur. C'est ainsi que la Sagesse de Dieu, notre mère, s'est rendue infirme pour ainsi dire en prenant notre chair, couvrant de sa protection notre infirmité: «Ce qui est infirme pour Dieu, dit l'Apôtre, est plus fort que les hommes. » Elle résiste au démon, et ne permet pas qui; nous soyons victimes de sa rapacité. Comme l'amour rend la poule courageuse pour la défense des siens contre le terrible oiseau de proie: ainsi la sagesse divine triomphe par sa puissance des efforts du démon.

XXXVII. — Ne pas fuir en hiver ni le jour du sabbat. —

 

Priez, dit Notre-Seigneur, que votre fuite n'ait point lieu en hiver, où le jour du sabbat, » c'est-à-dire que vous ne soyez point retenus par quelque obstacle. Pendant l'hiver, on est retenu par les pluies ou le froid : le jour du sabbat, il était défendu d'entreprendre aucun voyage. Autre interprétation: Priez que ce dernier des jours ne vous surprenne ni dans la tristesse ni dans la joie des choses temporelles.

XXXVIII. — La foudre et l'Église. —

 

Comme la foudre part de l'Orient et parait à l'Occident; « ainsi l'avènement du Fils de l'homme. » L'Orient et l'Occident désignent ici l'univers entier où l'Église devait un jour se répandre, commençant par Jérusalem la prédication de l'Évangile. C'est dans le même sens que Jésus dit : « Vous verrez dorénavant le Fils de l'homme venir sur les nuées. » L'Église , même dans son état présent, est comparée très justement à la foudre qui brille et qui éclate principalement du sein des nues. Son autorité étant donc clairement et manifestement établie sur le monde entier, Jésus avertit les disciples, tous les fidèles, quiconque voudra croire en lui, de s'éloigner des assemblées hérétiques et schismatiques. Tous les schismes et les hérésies demeurent isolés et circonscrits dans certaines contrées, ou bien ils forment dans les ténèbres des associations clandestines, séduisant les hommes par l'appât de la curiosité. C'est pourquoi Jésus ajoutant. «Si quelqu'un, vous dit: Le Christ et ici, ou il est là, » marque ainsi le caractère de l'erreur bornée à certains lieux, et dans ces paroles : « il est dans le lieu le plus retiré de la maison, ou dans le désert, » il signale les réunions secrètes et ténébreuses des hérétiques. Ainsi l'oracle dans lequel son avènement est annoncé comme devant se faire sentir de l'Orient à l'Occident, est la condamnation de toutes les sectes qui, bornées à certaines régions, prétendent que le Christ demeure au milieu d'elles. Cette parole : « Comme la foudre, »condamne également ceux qui s'assemblent en secret, comme dans l'ombre, et réunissent quelques rares adeptes comme dans un désert: la foudre exprime l'éclatante manifestation de l'Eglise ; elle signifie de plus la nuit du siècle présent ou ses tempêtes ; car c'est alors que la foudre brille avec plus d'éclat.

XXXIX. — Le figuier et le genre humain.-

 

Dans ces paroles de Notre-Seigneur: « Apprenez une comparaison tirée du figuier, »le figuier est le symbole du genre humain, à cause de l'aiguillon de la chair. Ces mots : «Lorsque ses branches sont encore tendres, » désignent les enfants des hommes qui vont produire des fruits spirituels par la toi en Jésus-Christ et dans lesquels on voit briller avec éclat l'honneur de l'adoption divine.

XL. — Il eût été bon pour Judas de ne point naître. —

 

Quel est le sens de cette parole du Seigneur sur Judas: « Il eût été bon pour lui qu'il ne fût point né? » Le Seigneur parle-t-il, selon le langage ordinaire, de la vie naturelle? Car une chose ne peut-être bonne que pour celui qui jouit de l'existence . Si l'on soutient qu'il y a une vie antérieure à la vie présente, ce ne sera pas seulement pour Judas mais pour tout homme qu'il sera vrai de dire qu'il était bon de ne point naître. Ou bien Jésus dit-il qu'il eût été bon pour Judas de ne pas naître au diable pour pécher? Ou bien enfin, de ne point naître à la vie du Christ par la grâce de la vocation, afin de ne point devenir apostat ?

XLI. — Les trente pièces d'argent. —

 

Le Seigneur est vendu trente pièces d'argent : Judas est ici le type de l'iniquité des Juifs. L'amour grossier des biens terrestres leur fit rejeter le Messie. Ces biens qui sont du domaine des cinq sens, sont figurés par le nombre cinq. Le crime fut accompli au sixième âge du monde. Trente pièces d'argent, six fois cinq deniers, prix de la vente du Seigneur, voilà donc dans la main des Juifs la marque expressive de leur forfait. C'est pourquoi le . Prophète se plaint en ces termes de la grande iniquité de cet âge: « Jusques à quand; ô enfants des hommes, vos coeurs sont-ils appesantis? Pourquoi préférez-vous la vanité, et recherchez-vous le mensonge ? » Le péché fût-il digne d'excuse dans les cinq premiers âges, au moins le sixième âge venu, le Christ annonçant la vérité, la rendant visible, ne fallait-il pas la comprendre? C'est au sixième jour de la création que l'homme fut fait à l'image de Dieu. Mais non, ils ne voulurent point comprendre ; c'est pourquoi ils sont marqués du sceau du prince du siècle, inscrit sur la monnaie des trente deniers, et ils sont privés de la possession du Christ par qui la lumière de votre visage, ô mon Dieu, a été imprimée en nous. » De plus, comme la Loi du Seigneur est appelée un argent, et que cette Loi, par eux conservée, ils l'ont comprise d'une manière charnelle, en perdant le Christ, ils ont retenu l'image de la principauté terrestre, que l'argent de la monnaie représente.

XLII. — Les aigles autour du corps. —

 

Le Seigneur dit . « Où sera le corps, là s'assembleront les aigles. » C'est au ciel que le Seigneur a élevé de cette terre dans sa personne le corps qu'il avait dans son incarnation. Si l'expression désigne un corps mort, c'est que le Seigneur était sur le point de mourir quand il parlait ainsi : « Là s'assembleront les aigles. » Les aigles sont les hommes spirituels qui se nourrissent de son corps pour ainsi dire, en imitant les souffrances et les abaissements du Maître. Quand il a pris un corps, c'est nous en effet qu'il avait en vue dans ses abaissements et ses souffrances.

XLIII. — Le fruit de la vigne transformé. —

 

Le Seigneur dit à ses disciples, au temps de sa passion : « Je ne boirai point désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour dans lequel je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Entendons que le premier fruit symbolise ce qui est ancien, puisque le second est appelé un fruit nouveau. Le Seigneur avait pris d'Adam, qui est appelé le vieil homme, un corps qu'il devait livrer à la mort dans sa passion ; de là le mystère du vin, symbole de son sang. Quant au fruit nouveau de la vigne, que faut-il entendre par là, sinon l'immortalité des corps renouvelés par la résurrection ? Jésus dit : « Je boirai avec vous; » la résurrection qui doit revêtir les corps d'immortalité est promise aux disciples eux-mêmes: non qu'elle doive s'opérer, dans le même temps que celle du Seigneur; tel n'est point le sens de ces mots: « avec vous; » mais parce qu'elle est un renouvellement semblable. C'est ainsi que l'Apôtre dit que nous sommes ressuscités avec Jésus-Christ, rendant présentes déjà par l'espérance les joies futures de l'éternité.

Le fruit de la vigne dont le Seigneur dit qu'il n'en boira plus, est le même dont il dit ensuite qu'il le boira nouveau. Cela signifie que la résurrection renouvellera dans la gloire les mêmes corps soumis maintenant, dans l'état du vieil homme terrestre, à la nécessité de mourir. Si l'on entend par ce fruit ancien de la vigne dont le Seigneur a bu le calice dans sa passion, les Juifs eux-mêmes ; il faudra reconnaître également dans le fruit nouveau la vie nouvelle de ce même peuple et son incorporation au Christ, quand la plénitude des Gentils étant entrée, tout Israël obtiendra le salut.

XLIV. — Crachats et soufflets. —

 

Cette parole : Ils lui crachèrent au visage, » s'applique à ceux qui repoussent la présence de la grâce de Jésus. Ce divin Maître est souffleté pour ceux qui lui préfèrent les honneurs : les mains sacrilèges qui le frappent au visage sont les aveugles infidèles qui nient sa venue; ils repoussent sa présence, ils le bannissent.

XLV. — Reniement de saint Pierre. —

 

Pierre n'étant point affermi dans la foi, renia son Dieu trois fois. Ce triple reniement parait désigner les erreurs perverses des hérétiques. Les erreurs des hérétiques touchant la personne du Christ se partagent en effet en trois catégories : elles attaquent ou sa divinité, ou son humanité, ou f union des deux natures en lui.

XLVI. — Pierre ou l'Eglise suivant de loin le Sauveur. —

« Pierre suivait de loin » le Seigneur allant à sa passion. C'est l'image de l'Eglise qui doit suivre son Maître, c'est-à-dire imiter sa passion; mais il y a cette grande différence: l'Eglise souffre pour elle-même, Jésus souffre pour l'Eglise.

XLVII. — Triple tentation et triple prières.

 

De même qu'il y a une triple tentation de concupiscence, il y a une triple tentation de crainte. A la concupiscence qui consiste dans la curiosité, correspond la crainte dé la mort : celle-là est une avidité de connaître ; celle-ci est une appréhension de perdre la connaissance. A la concupiscence des honneurs et des louanges est opposée la crainte du déshonneur et des opprobres. A la concupiscence du plaisir, est opposée la crainte de la douleur. Il n'est donc point déraisonnable de penser, qu'en vue de la triple épreuve de la passion le Seigneur a prié trois fois que le calice fût éloigné, » de manière toutefois que la volonté du Père fût accomplie de preference.

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