Martyre de saint Victor, le fils de Romanos.

Martyre de saint Victor, le fils de Romanos.

En ce jour de l’an 22 des martyrs (306 après Jésus Christ) eut lieu le martyre de saint Victor, le fils de Romanos (القديس بقطر بن رومانوس). Son père était ministre de Dioclétien (دقلديانوس). Sa mère Marthe (مرثا) l'éduquât selon les principes chrétiens. Il évolua dans la hiérarchie romaine et devint le troisième personnage dans l'ordre protocolaire alors qu'il était encore jeune. II priait et jeûnait sans cesse, et dédaignait les vanités de ce monde et toutes ses gloires.

Victor se lia d’amitié avec le prince Claude (الأمير إقلاديوس) son cousin maternel (ابن خالته). Lorsque Dioclétien renia la Foi, ces deux princes refusèrent de se prosterner devant les idoles. Toutefois, les habitants du palais, qui les aimaient, dissimulèrent cela à l’empereur. Ils rendaient visite aux prisonniers et se préoccupaient des pauvres et des nécessiteux. De plus ils enterraient les corps des martyrs. Lorsque sainte Théodora (ثاؤذورا) la mère des deux martyrs Côme (قزمان) et Damien (دميان) fut décapitée, personne n'osa l'enterrer à cause de la peur qu'ils avaient de l'empereur. Alors saint Côme apostropha la foule en disant : « n'y a-t-il personne dans cette ville ayant un cœur assez généreux pour protéger le corps de cette vielle veuve et l'enterrer ? » Victor avança immédiatement au milieu de la foule, il prit le corps de la sainte et il la mit en terre en ne tenant pas compte des ordres de l’empereur.

Lorsque Romanos, le père de Victor, eut vent de ce qu’il avait fait, il le convoqua et le questionna à ce sujet. Il se mit alors à reprocher à son père d’adorer les idoles en se détournant du Dieu vivant. Son père se mit en colère et le conduisit auprès de l’empereur. Celui-ci tenta de l’amadouer mais le saint lui reprochait avec bonté d’avoir renié la Foi et lui demandait de revenir à son Sauveur. Ceci augmenta la colère de l’empereur qui ordonna qu’on l’envoie à Alexandrie afin qu’il y soit torturé et tué loin d’Antioche. En chemin il croisa sa mère qui pleurait et lui dit : « Mère ne pleure pas pour moi mais plutôt pour ton mari, Romanos, afin que Dieu le ramène dans le droit chemin. »

A son arrive à Alexandrie, il fut torturé cruellement par Armanios (أرمانيوس) le gouverneur de cette ville qui finit par le jeter en prison. Par ailleurs, la fille d’un prince qui regardait par la fenêtre de son palais pour voir les chrétiens emprisonnés. Elle chuta par la fenêtre et mourut. Le saint demanda qu’on lui amène la dépouille, il pria sur elle et elle se leva vivante. Elle crût ainsi que toute sa famille. Cette jeune fille se maria et engendra un fils qu’elle nomma Victor. Toutefois, le gouverneur poursuivit les persécutions mais le Seigneur lui envoya son ange Michel pour le secourir. Lorsqu’Armanios revint chez lui, sa femme lui reprocha les tourments qu’il faisait subir à saint Victor. Il la menaça car il croyait que les miracles que faisait le saint n’étaient que de la sorcellerie. Finalement, n’obtenant pas le résultat escompté, il l’envoya à Antinoë. En effet il n’osa pas le tuer de crainte que son père, Romanos, ne veuille se venger. En chemin, le navire fit escale à Taha (طحا)[1] où Victor rencontra un ami, qui était soldat, nommé Phœbammon (abba Fam – بيفام)[2]. Celui-ci était chrétien mais cachait sa Foi. Victor l’encouragea à la proclamer publiquement.

Arrivé à Antinoë, il fut présenté au gouverneur Arien (إريانوس) en lui suggérant de l’installer dans un palais abandonné plutôt que de le tuer de crainte que son père ne veuille se venger. Toutefois il le fit torturer encore plus cruellement en utilisant la mutilation puis l’envoya dans ce palais pour qu’il y meure. Comme le saint maitrisait la menuiserie, il se mit à fabriquer des chaises qu’il vendait. Il distribuait la moitié des revenus de cette vente aux pauvres et achetait sa nourriture avec le restant. Sa mère envoya son fidèle compagnon, le soldat Harion[3] (هاريون), qui était venu avec lui d’Antioche, pour avoir de ses nouvelles. A son arrivé au palais il rencontra saint Victor qui lui dit de la rassurer sur son sort.

Quelque temps plus tard, un nouveau gouverneur fut nommé sur Antinoë. Celui-ci reprit la torture du saint de différentes manières en lui crevant les yeux et en lui coupant la langue. A chaque fois le Seigneur lui donnait la force de supporter cela et le consolait. Un grand nombre crut pendant la torture du saint et ils obtinrent la couronne du martyre. Parmi ceux-là il y avait quelques soldats. Le gouverneur fit venir un sorcier pour lui préparer un poison mais le saint crut en Jésus Christ et il accepta le martyre avec joie. Finalement le gouverneur ordonna qu’on décapite le saint. Une jeune fille de quinze ans vit une couronne se poser sur la tête du martyr. Elle confessa sa Foi. En conséquence, elle fut torturée puis décapitée et elle obtint la couronne du martyre.

Lorsque sa mère apprit ce qui lui était arrivé, elle prit la dépouille de son fils, Victor, et l’emmena à Antioche après que les habitants de haute Egypte lui aient fait leurs adieux avec beaucoup de respect et qu’ils aient reçus ses bénédictions.

Que la bénédiction de ses prières soit avec nous et gloire soit à notre Seigneur, éternellement. Amen !


 

[1] Actuellement Taha-el-aamédah (طحا الأعمدة) du district de Samallout (مركز سمالوط) du gouvernorat de Minieh.

[2] Voir le Synaxaire du 1er Paoni.

[3] Orthographe reprise phonétiquement de l’arabe.