Décès de saint Matthieu al-Fakhouri au mont Asfoun dans la région d’Esna - Martyre de saint Bâninâ et saint Nàou - Consécration de l’église de saint abba Éschyrône de Qualline - Décès de saint Jean, évêque d’Armânt - Martyre de l’éminent architecte copte Saïd ibn Kâteb al-Farghani.

 

1.    Décès de saint Matthieu al-Fakhouri au mont Asfoun dans la région d’Esna.

Nous commémorons en ce jour le décès du grand saint, abba Matthieu al-Fakhouri, l’abbé du monastère du mont Asfoun (جبل أصفون) qui se trouve à proximité de la ville d’Esna (إسنا)[1]. Ce saint était tellement humble qu’il se surnomma lui-même Matthieu le pauvre (متى المسكين)[2]. Ces parents étaient chrétiens et son père était potier de son métier. Il reçut de ses parents une bonne éducation chrétienne et visitait souvent les monastères dès son plus jeune âge. Les moines l’initièrent à la vie spirituelle et il voulut devenir moine. 

Matthieu se rendit dans un monastère institués par saint Pacôme (القديس باخوميوس) à proximité d’Esna. Il demanda à l’abbé du monastère, le père Marc (أنبا مرقس), de le prendre comme disciple. Celui-ci le reçut et, quelques temps plus tard, il le revêtit du schème des moines (إسكيم الرهبنة). Ensuite il entama sa vie dans le monastère par beaucoup d’ascétisme, de prières et d’isolement puis il s’installa dans une grotte proche de ce lieu pour y prier loin des autres moines.

Après le décès de l’abbé du monastère, les moines choisirent Matthieu pour lui succéder et qu’il soit leur père spirituel. Dans ce poste de responsabilité, il agit de la meilleure des façons et il aménagea une grande partie de ce monastère qui fut, par la suite, appelé par son nom. L’historien al-Maqrizi (المقريزي)[3] écrivit à propos de ce monastère : « Il existe à Asfoun un grand monastère dont les moines sont connus pour leur science et leur habilité. Ce monastère qui fut très prospère est, maintenant, en voie d’extinction. » 

De plus, Dieu octroya à ce père de nombreux dons tel que la guérison des malades, l’exorcisme, la résurrection ainsi que la prédication et il fut très réputé dans la région qui se trouvait aux alentours de son monastère. Même les animaux sauvages lui étaient soumis en raison de sa sainteté et ils mangeaient dans sa main.

Et après qu’il eut achevé son bon combat, il décéda en paix. Sa dépouille se trouve toujours dans un beau sanctuaire se trouvant à côté de la forteresse de l’ancien monastère.

Que la bénédiction de ses prières soit avec nous. Amen !



[1] Cité égyptienne d'Esna, connue depuis l'Antiquité. Elle est située à environ 55 km au sud de Louxor et porta le nom grec de Latopolis.

[2] La biographie de saint Matthieu n’indique pas l’époque durant laquelle il vécut ni l’année de son décès. Toutefois certaines sources indiquent qu’il vécut au cours du huitième siècle et qu’il était contemporain du pape Alexandre II (), le 43ème patriarche (704 – 729 après Jésus Christ).

[3] Al-Maqrizi est un historien égyptien né en 1364 au Caire et mort en 1442 au Caire.

  

2.    Martyre de saint Bâninâ et saint Nàou. 

Nous commémorons aussi aujourd’hui le martyre de saint Bâninâ (بانينا) et saint Nàou (باناوا)[1] à l’époque de l’empereur Dioclétien. Ces deux saints naquirent et furent élevés dans un village proche de Mallawi (ملوي) en haute Egypte. Tous deux étaient associés pour jeûner, prier et lire les livres saints. Ils évoluèrent ainsi dans les connaissances. Lorsque Dieu constata leur bon combat et la pureté de leurs cœurs, Il leur indiqua le chemin pour se rendre auprès d’un saint ermite qui se trouvait dans la région du Fayoum (الفيوم). Ils furent ses disciples pendant trois ans puis prirent la route vers le midi (جنوبا) pour s’installer sur la montagne proche de Psoï2 (جبل إبصاي) des dépendances de Chmim2 (Akhmîm – أخميم) où se trouvaient un grand nombre d’ascètes.

Les ascètes édifièrent une église et voulurent qu’elle soit consacrée. Saint Bâninâ parti en ville pour rechercher saint Psoté (القديس بسادة)[2], son évêque. Ce dernier l’accompagna dans la montagne, procéda à la consécration de l’église et ordonna saint Bâninâ comme prêtre et il conféra le diaconat à saint Nàou.

Le païens, de leurs côté, avaient édifié une grande idole sur la montagne d’Atripé (جبل أدريبه)2 et lui offraient des sacrifices humains. Ceci chagrina les deux saints qui prièrent Dieu afin qu’il mette fin à l’idolâtrie dans le monde. Satan ameuta les païens qui voulurent les tuer mais Dieu les préserva. Lorsque l’empereur Maximien (مكسيميانوس) vint en Egypte pour superviser personnellement la persécution des chrétiens, les prêtres des idoles se plaignirent de ces deux saints. Alors il ordonna qu’on les arrête tandis que l’ange du Seigneur leur apparaissait pour les informer que les couronnes ont été apprêtées pour eux. Ils témoignèrent de leur Foi devant l’empereur et il les fit décapiter. Ainsi ils obtinrent la couronne du martyre. 

Que la bénédiction de leurs prières soit avec nous. Amen ! 



[1] Orthographe de la traduction de René Basset.

[2] Sa bibliographie est relatée dans le Synaxaire du 27 Koyak.

  

3.    Consécration de l’église de saint abba Éschyrône de Qualline. 

Nous commémorons aussi aujourd’hui la consécration de l’église de saint abba Éschyrône, plus connu sous le nom de "Abbaskhayrône"[1] (apa ÉC,uron أباسخيرون), qui subit le martyre le 7 Paoni. Cette église se trouve à l’intérieur de l’église saint Pichoï (كنيسة الأنبا بيشوي) du monastère qui porte le même nom à Scété (دير القديس الأنبا بيشوي بوادي النطرون).

Cette église aurait été édifiée à l’époque du pape Benjamin II (البابا بنيامين الثاني)[2] le 82ème patriarche lorsque les reliques de ce saint furent transférées dans le monastère. En effet, ce pape avait réhabilité ce monastère. A noter que l’autel d’abba Éschyrône est toujours utilisé pour les prières. 

Que la bénédiction de ses prières soit avec nous. Amen !



[1] Ajouté à la traduction – Naguy WASFY

[2] Pape de 1327 à 1339 après Jésus Christ.

  

4.    Décès de saint Jean, évêque d’Armânt.

Nous commémorons aussi en ce jour le décès de saint Jean (القديس يوحنا) l’évêque d’Armânt (أرمنت). Ses parents étaient païens et son père avait le métier de charpentier.

Son frère ainé, Pisentios[1] (بسنتاؤس), partit pour le château de Tod (قصر الطود) où il fut convaincu par la religion chrétienne puis il transmit sa conviction à son frère Jean. Tous deux partirent dans la montagne proche de leur village pour s’isoler et adorer Dieu avec beaucoup de ferveur. Comme leur vertu et leur sainteté étaient connues dans toute la contrée, des notables d’Armânt emmenèrent Jean contre son gré à Alexandrie pour que le pape le consacre évêque pour leur ville. De retour dans la ville, il baptisa un grand nombre de païens et édifia un grand nombre d’églises. Il proclamait la parole de vérité avec courage et droiture. Les gouverneurs païens firent subir à ce père beaucoup de tourments mais il les supporta avec beaucoup de patience. En conséquence les gens le craignirent et le respectèrent ainsi que tout le clergé avec lui. Il prit soin du troupeau du Seigneur avec droiture et de manière vertueuse. Et, lorsqu’il accomplit son bon combat il décéda en paix.

 Que la bénédiction de ses prières soit avec nous. Amen ! 



[1] Orthographe de la traduction de René Basset.

  

5.    Martyre de l’éminent architecte copte Saïd ibn Kâteb al-Farghani.

Nous commémorons aussi aujourd’hui le martyre de l’architecte copte Saïd ibn Kâteb al-Farghâni (سعيد بن كاتب الفرغاني). Il était natif du village de Farghâne (فرغان)[1].

Cet architecte avait construit le nilomètre (مقياس النيل) de l'île de Rodah (الروضة) en 864 après Jésus Christ, à l’époque du calife abbasside al-Mutawakkil (المُتَوكِّل)[2]. Lorsqu’Ahmad Ibn Touloun (أحمد بن طولون) devint gouverneur d’Egypte, il lui confia ses œuvres les plus importantes. Ainsi il édifia pour lui l'aqueduc d'Ibn Touloun (قناطر ابن طولون), un puits dans la zone de Birket-el-Habach (بركة الحبش)[3] pour alimenter en eau sa capitale d’al-qaṭā’i` (القطائـع). Ceci eut lieu en 872 & 873 après Jésus Christ.

Par la suite, ibn Touloun voulut édifier la plus grande mosquée d’Egypte en utilisant trois cent piliers en marbre. Il lui fut suggéré de prendre ceux de certaines églises après les avoir détruites. Lorsque cet architecte copte apprit cela, il craignit la destruction des églises et écrivit au gouverneur qu’il pouvait lui construire sa mosquée en utilisant uniquement deux colonnes pour la quibla (القبلة). Alors, le gouverneur lui confia la construction pour laquelle il utilisa des techniques innovantes inconnues à son époque. Cette mosquée se trouve toujours dans le quartier d’Ibn-Touloun et témoigne de l’ingéniosité de cet architecte copte.

Saïd ibn Kâteb al-Farghâni refusa de se convertir à l’islam comme le lui suggérait ibn Touloun. En conséquence ce dernier le fit décapiter et il obtint la couronne du martyre.

Que la bénédiction de ses prières soit avec nous et gloire soit à notre Seigneur éternellement. Amen ! 



[1] Farghâne ou Faragône (فراجون) et un village qui a disparu aujourd’hui. Aujourd’hui à son emplacement se trouve la ville de Sidi-Salem () du gouvernorat de Kafr-el-Cheikh.

[2] Calife de 847 à 861 après Jésus Christ.

[3] A l’emplacement où se trouve actuellement l’église de la sainte Vierge située à Babyllone-el-darag (بابلون الدرج) aux confins du vieux Caire (مصر القديمة).