Départ de saint Jean Colobos

 

1. Décès de saint Jean Colobos

Nous commémorons aujourd’hui le décès du grand saint, abba Jean Colobos, c’est-à-dire Jean le nain. Ce grand saint était originaire de Betsa en haute Egypte. Jean et son frère étaient issus d’une bonne famille craignant Dieu et s’enrichissant de la Foi et des bonnes œuvres.Lorsque Jean atteignit l’âge de dix-huit ans, il se détourna des convoitises de ce monde et de ses vaines gloires et fut attiré par la vie monastique. Il se rendit au désert de Scété où il retrouva un ancien nommé Abba Bimouwa. Ce dernier était originaire de Bahnassa et était très expérimenté. Jean lui demanda s’il pouvait demeurer auprès de lui. Mais l’ancien, voulant l’éprouver, lui dit : «Mon fils, tu ne peux pas rester avec nous dans ce désert aride. Ceux qui y demeurent vivent du travail de leurs mains sans compter les jeûnes et les prières intenses. Ils dorment à même le sol en supportant de grandes privations. Retourne donc dans le monde et vie avec piété. » Le jeune homme lui répondit : « Ne me renvoie pas, mon père, par amour pour Dieu. Je suis venu pour vivre sous ta tutelle en étant sous la protection de ta prière. Si tu m’acceptes, je suis confiant que Dieu va t’amadouer envers moi. »

Abba Bimouwa, qui ne faisait rien à la légère et dans la précipitation, demanda à Dieu de l’éclairer au sujet de ce jeune homme. L’ange du Seigneur lui apparut et lui dit : « Acceptele car il deviendra un vase élu. » Alors, abba Bimouwa le fit entrer, lui coupa les cheveux puis le revêtit de l’habit monastique après avoir prié dessus durant trois jours et trois nuits. Pendant qu’il lui mettait l’habit, il vit un ange qui faisait dessus le signe de la croix.Saint Jean entama alors une vie de privations en faisant de bonnes œuvres. Un jour abba Bimouwa voulut l’éprouver et le mit à la porte de sa cellule. Chaque jour, lorsqu’abba Bimouwa sortait, il le frappait avec une branche de palmier, alors, Jean s’agenouillait en disant : « J’ai péché. » Le septième jour, l’ancien sortit pour se rendre à l’église, il vit alors sept anges déposant chacun une couronne sur la tête du jeune homme. A partir de cet instant il eut pour lui une grande estime.

Un jour, abba Bimouwa trouva une branche desséchée. Il la donna à abba Jean en lui disant de la planter et de l’arroser tous les jours. Il lui obéit et l’arrosa deux fois par jour malgré la grande distance qu’il devait parcourir pour chercher l’eau. Au bout de trois ans, cette branche devint un arbre et donna du fruit. Abba Bimouwa en cueillit et en offrit à tous les anciens en leur disant : «Mangez du fruit de l’obéissance. » Cet arbre existe toujours dans son monastère.

Plus tard, abba Bimouwa tomba malade durant douze ans pendant lesquels le père Jean était à son service et jamais il n’entendit son maitre lui faire de reproche car celui-ci avait de l’expérience et qu’il avait subit de nombreuse épreuves. La maladie l’avait dépéri et il devint comme une branche desséchée. Juste avant son décès, il réunit les anciens, prit jean par la main et le leur recommanda en disant : « Veillez sur lui car c’est un ange et non un homme. » Puis il recommanda à abba jean de s’installer à l’endroit où il avait planté l’arbre.

Par la suite le frère d’abba Jean le rejoignit au monastère et devint un bon moine. Lorsqu’abba Jean fut promut higoumène de l’église, au moment où le patriarche lui imposait les mains, une voix vint du ciel et répéta trois fois : « Il est digne. » Lorsque saint Jean Colobos donnait la communion aux saints sacrements, il reconnaissait celui qui n’en était pas digne. Le patriarche, abba Théophile avait construit à Alexandrie une église en l’honneur des trois jeunes gens de l’ancien testament. Il voulut y déposer les reliques de ces saints et demanda à Jean de les ramener de Babylone. Abba Jean hésita longtemps puis finit par accepter. En sortant de chez le patriarche, un nuage l’emporta jusqu’à Babylone. Il entra dans la ville et admira ses monuments, ses fleuves et ses palais puis trouva les reliques des trois jeunes gens. Toutefois, dès qu’il tenta de les déplacer, une voix en sortit pour l’informer que c’est la volonté de Dieu qu’ils ne quittent jamais cet endroit puis elle poursuivit : « Néanmoins, par affection pour le patriarche Théophile et à cause de ta peine, tu devras demander au patriarche de réunir le peuple dans l’église, de remplir les lampes à huile sans les allumer. Nous seront là et ferons apparaitre un grand prodige que vous constaterez. »

A son retour à Alexandrie, il fit connaitre au patriarche ce que les jeunes gens lui avaient dit. Dès que le patriarche et toute l’assemblée furent réunis dans l’église, les lampes s’allumèrent brutalement, alors, ils glorifièrent Dieu. Un jour, un moine entra dans la cellule d’abba Jean, il le trouva endormi tandis que des anges l’aéraient.

Plus tard, les barbares envahirent la vallée de Scété, alors, abba Jean la quitta. Lorsqu’on lui demanda pourquoi il avait fait cela, il répondit que ce n’était pas par peur de la mort mais de crainte qu’un barbare ne le tue et que ce dernier ne se trouve en enfer alors que lui serait au paradis. Abba Jean précisa que même si ce barbare ne partageait pas la même religion que lui, il n’en était pas moins son frère dans l’apparence. Puis il se rendit dans la montagne de saint Antoine près d’al-Qulzum et s’installa près d’un village. Dieu lui adjoignit un fidèle qui le servait.

Quand le moment de son décès arriva, le Seigneur lui envoya ses deux saints, les justes, Macaire et Antoine. Ceux-ci le consolèrent et lui annoncèrent qu’il quittera bientôt ce monde. Il tomba légèrement malade et envoya son serviteur chercher quelque chose du village. Alors les anges et un groupe de saints vinrent, reçurent l’âme du saint et l’emportèrent au ciel. A son retour, le serviteur vit l’âme de saint Jean Colobos entourée par l’assemblée des saints alors que les anges les précédaient en chantant. Ils étaient devancés par quelqu’un resplendissant comme le soleil et qui chantait. Ce spectacle merveilleux surprit le serviteur, alors un ange s’approcha de lui et lui dit les noms de tous les saints présents : Abba Pacôme, saint Macaire, etc. … Le serviteur demanda qui était celui qui resplendissait comme le soleil. L’ange lui répondit qu’il s’agissait de saint Antoine, le père de tous les moines.

Quand le serviteur entra dans la grotte, il trouva le saint qui s’était prosterné à terre car celui-ci avait rendu l’âme dans cette position. Le serviteur pleura amèrement et s’empressa d’en informer les villageois. Ceux-ci vinrent et emportèrent le corps avec un grand respect. Lorsqu’ils entrèrent dans le village, Dieu fit de nombreux miracles par l’intermédiaire du corps de saint Jean Colobos.

GLOIRE A NOTRE SEIGNEUR ETERNELLEMENT. AMEN.